Être libre comme l’air, que pensez vous de cette expression ?
Extrait du document
«
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Nous avons à étudier une expression métaphysique.
La métaphore est un « procédé d'expression considéré comme un transfert d'une notion abstraite dans l'ordre du
concret par une sorte de comparaison abrégée ».
Marouzeau : Lexique de terminologie linguistique.
II s'agit d'étudier dans les représentations ou propriétés de l'air ce qui peut évoquer la liberté et en faire le
correspondant concret de la liberté.
Nous aurons à nous demander quelle représentation de la liberté est ici en jeu
et quelle est la valeur de cette analogie.
• L'air est un fluide qui n'a donc pas de forme définie — comme la liberté qui serait la possibilité de remettre en
question toute définition de tel ou tel homme.
Évocation du mouvement de la circulation incessante.
— Fluide qui se donne sous les aspects du vent : impalpable, qui échappe, qui ne peut être contraint et ne peut
être assigné à un lieu {«jouer la fille de l'air » : prendre la fuite) La liberté se définit souvent par opposition à la
contrainte.
— Étudier de ce point de vue les expressions comme « projet en l'air », « mettre tout en l'air »...
— L'air peut aussi se raréfier — comme la liberté politique.
• Ce sont ces propriétés de fluidité.
La fraîcheur et la légèreté qui ont permis l'assimilation de l'air à ce que certains
philosophes ont pensé être en nous le siège et le moteur de la liberté.
Cf.
de ce point de vue le mythe de l'âme comme attelage ailé dans Le Phèdre de Platon.
Méditez ces deux textes de stoïciens : « Dieu est un souffle igné, doué d'intelligence, sans forme, se trans-formant
en ce qu'il veut et se rendant semblable à tout.
»; « L'âme est un souffle igné, continûment répandu à travers tout
le corps tant que la respiration normale de la vie reste à la disposition de ce corps.
»
• Vous devez vous demander quelle représentation de la liberté nous donne cette métaphore et en étudier les
limites (la liberté étant une puissance réelle et positive de se déterminer et d'agir conformément à des raisons
éprouvées).
Méditez ce texte de Descartes : « Pour les animaux sans raison, il est évident qu'ils ne sont pas libres, à^ cause
qu'ils n'ont pas cette puissance positive de se déterminer; mais c'est en eux une pure négation, de n'être pas forcés
ni contraints.
»
Lettre au P.
Mesland, 2 mai 1644.
Discussion :
La liberté est une notion si enivrante, elle porte en elle-même un caractère si absolu, qu'on la compare souvent
avec l'air avec l'absence de résistance.
En ce sens, elle frise même d'une certaine manière, l'irresponsabilité.
Comme
si la liberté comparée à l'air était d'une telle légèreté qu'elle se déterminait elle-même, qu'elle n'avait qu'elle-même
comme principe moteur.
Or, à y regarder de plus près la liberté ne peut pas se confondre avec l'effusion pure, car il
lui faut un cadre, il lui faut quelque chose d'autre pour que précisément, elle devienne liberté.
Suggestion de plan :
I.
Première partie : La contrainte comme épreuve de la liberté
Dire que la liberté est l'effusion cela reviendrait à dire qu'être libre c'est s'affirmer sans règle, sans devoir ni
obligation, bref, avancer sans contrainte.
Une telle liberté non seulement n'existe pas, mais poussée jusqu'au bout
apparaît comme le contraire de la liberté, car elle s'autodétruit.
La liberté comme tout autre concept doit se heurter
à ses propres limites afin d'exister elle-même.
C'est un peu ce que disait Kant dans l'introduction à La Critique de la
Raison Pure, quand il parlait du vol de la colombe qui face à la résistance de l'air s'imaginerait qu'elle volerait encore
mieux s'il n'y avait que le vide.
Cela ne veut pas dire pourtant que la liberté a besoin de l'absence de liberté, son
négatif pur, mais cela signifie simplement qu'on ne peut apprécier d'asseoir son mouvement sur sa propre volonté à
condition justement, qu'il existe un point sur lequel puisse s'appuyer la volonté elle-même.
Car si la volonté ne
rencontre aucun obstacle alors elle ne peut plus s'éprouver ; au contraire il semble que la difficulté soit une
nécessité dans l'application de la volonté et dans le sentiment de la liberté.
Car l'on ne pourrait réellement pas se.
»
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