Etre cultivé, est-ce être différent ?
Extrait du document
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Le mot culture a ici un inévitable double sens : il renvoie d'une part à la notion de culture des ethnologues et sociologues,
d'autre part à la notion de culture hiérarchique et normative qui définit l'élite ou l'intelligentsia (goût esthétique, sens des
valeurs « authentiques » ou « supérieures »).
L'homme cultivé tend à considérer objectivement la culture de masse selon
la première acception, mais tend subjectivement à la juger du point de vue de sa culture à lui La culture est à la fois une
technique d'utilisation de l'énergie, une symbolisation rituelle de l'existence et un système de valeurs.
Aussi, la culture, est
ce par quoi arrive la différence entre les hommes, ce qui construit l'individualité.
De cette façon, la culture serait le meilleur
moyen de se différencier au sein d'une culture d'un peuple ou d'une époque qui tend à diffuser entre autre une culture de
masse.
1) La culture comme meilleur moyen de se différencier.
Une raison fondamentale de la contestation vient du fait que la société est bâtie sur des valeurs telles que le profit, la
concurrence, le développement matériel à outrance des individus et des peuples déjà nantis.
Il y a une distorsion évidente
entre la sagesse héritée du passé que l'on continue à professer et le monde que l'on construit.
Ce monde ne suscite et ne
favorise qu'une culture technicienne qui, si elle assure la compétence de l'expert, tend à frustrer les aspirations de
l'homme.
La culture se réduit ainsi à une information précise en vue d'un métier, assortie d'un pêle-mêle d'informations
disparates apportées par les mass media.
Impressionnante parfois par son volume, cette culture n'approfondit guère,
n'intériorise pas et donc, loin de libérer, tend à rendre passif.
Sans être despotique, elle manipule les esprits, leur
imposant plus ou moins le même modèle de pensée et d'action, la culture apparaît comme l'une des solutions pour
s'affirmer comme un être humain à part entière, loin de la masse.
C'est ainsi que s'est forgé l'idée de contre-culture visant
à offrir un autre modèle à la culture de masse
2)Avoir du goût, c'est être cultivé.
Le goût personnel est, en quelque sorte, un sixième sens, la faculté de déceler la beauté d'une forme, au-delà
d'adjonctions extérieures disparates et en faisant abstraction de l'opinion d'autrui.
Cette lucidité de l'œil, cette pénétration
visuelle immédiate peut s'exercer dans des domaines très différents selon le genre de vie, les curiosités, les activités de
chacun : le choix d'objets de collection ou celui d'un vêtement, l'arrangement d'un vase de fleurs ou la présentation d'une
exposition font appel, pour une part, à une même intuition de l'harmonie, à un même sens des couleurs et des rythmes.
L'art de susciter des accords satisfaisants, de mettre en valeur les éléments rares ou précieux d'un ensemble à première
vue sans accents particuliers, dépend en partie de la formation reçue, de l'orientation adoptée sous l'influence du milieu
familial ou social et en fonction des aptitudes intellectuelles de chacun.
Mais ces facteurs extérieurs interviennent à des
degrés divers selon la nature et l'orientation du goût.
D'une même éducation, d'un même milieu, des tempéraments divers
reçoivent des impulsions différentes.
Chaque personnalité établit spontanément une sélection dans le « matériel »
intellectuel ou visuel mis à sa portée.
La mémoire enregistre, élimine, crée des hiérarchies.
Et ce choix, déterminé par le
goût, modifie l'environnement individuel, influence les choix ultérieurs et développe les tendances majeures de la
personnalité.
Aussi, un individu qui a reçu une culture particulière sera susceptible de développer des aptitudes différentes
du commun des mortels.
Dans ce cadre, il est difficile d'imaginer une personne qui a du goût et qui ne serait pas cultivé.
3) Cultiver la différence.
Les artistes romantiques laissèrent peu à peu la place à un type nouveau d'individu qui est l'esthète.
L'esthète est un
artiste infiniment plus raffiné, qui donne à l'art une place essentielle dans sa vie et dans sa conception du monde.
C'est
bien plus qu'un praticien, au point qu'il peut se passer de toute pratique artistique, devenant lui-même pur « goûteur »
des « choses de l'art ».
Le XIX e siècle a engendré des individus qui ne vivent que pour l'art et qui se sont coupés de la
réalité.
Ils ont demandé dès lors à l'art d'être de plus en plus sophistiqué pour répondre à toutes leurs attentes qui sont
restées dans le domaine de la rêverie.
Ce raffinement décadent de l'esthétisme, qui a trouvé son expression littéraire
dans le personnage de Des Esseintes chez Huysmans (À rebours, 1884) n'a pas été sans influencer le mouvement même
des arts.
En protégeant et en encourageant les recherches destinées à satisfaire les goûts les plus délicats et les plus
blasés, l'esthétisme a favorisé l'éclosion des créations rares à la fin du siècle, notamment dans le domaine des arts du
décor (mobilier, céramique, tissu, vitrail, etc.) .
Les principaux artisans de l'Art nouveau, Gallé notamment, que Montesquiou
admirait, lui doivent beaucoup, de même que les plus ésotériques ou les plus précieux des peintres symbolistes.
Cette
recherche continue d'un art toujours plus élaboré et original, a débouché sur le kitsch fin de siècle de l'éclectisme
outrancier, sur un kitsch baroque et assez luxueux.
Le dandysme est une réponse à l'uniformité de la vie moderne en
montrant l'éclat de ce qu'il reste d'héroïsme dans la décadence.
Il soulignera par là l'importance du maquillage chez la
femme, de la toilette, et la volonté de rompre avec la monotonie au risque du mauvais goût.
Des dandys comme Oscar
Wilde n'hésitent pas à mettre des costumes violets assez kitsch pour se faire remarquer tout en ne s'étonnant de rien.
Le
refus de la médiocrité passera par la provocation et l'étrange.
Le dandysme sera une tentative désespérée de sauver les
restes d'un passé glorieux où les aristocrates avaient une vie essentiellement faite de loisirs, de flâneries et de dîners
mondains.
Aussi, dans ce cas extrême, la culture est bien plus un instrument pour se différencier qu'autre chose, mais il ne
faut pas encore voir de lien de cause à effet entre la possession de la culture et une quelconque excentricité.
Conclusion
Etre cultivé apporte forcément une différence, et de ce point de vue l'homme a tout intérêt à se différencier par ce biais-là.
Etre cultivé, ce n'est pas forcément être un érudit mais s'être forgé ses propres culturels contre tout type de contrainte, de
formatage, de philosophie d'entreprise, contre la culture familial.
La différence ne vient pas tant du quotient intellectuel
que l'on possède, mais la manière dont on rend prépondérant dans sa vie certains aspects de la culture.
Etre cultivé, s'est
être créer une culture qui corresponde à notre façon de voir le monde et la vie..
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