Etre artiste est-ce un métier ?
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«
Un métier est une activité sociale définie par son objet, ses techniques.
Il est aussi une profession caractérisée par
une spécificité exigeant un apprentissage, de l'expérience, et entrant dans un cadre légal.
L'art et les artistes
rentre-t-il dans cette définition ? On parle par exemple de métiers d'art, ceux qui se caractérisent par la recherche
esthétique, la maîtrise de techniques traditionnelles aux mains de professionnels qualifiés.
Tous les artistes rentrentils dans cette catégorie, doivent-ils tous maîtriser une technique ou sont-ils au contraire des intellectuels, des
inventeurs de concepts, des hommes possédant de l'inspiration ou du génie ?
1) L'artiste de l'artiste à l'intellectuel.
L'« artiste » médiéval (qui n'était pas ainsi nommé) est un ouvrier spécialisé.
Comme tel, il trouve sa place dans le
système des corporations et son activité relève des « arts mécaniques », par opposition aux « arts libéraux » qui
sont des savoirs.
À l'âge de la Renaissance et du classicisme, le peintre et le sculpteur demeurent des techniciens.
Certains d'entre eux accèdent cependant au rang d'intellectuels, pour autant que l'on reconnaît qu'ils coopèrent
activement (c'est-à-dire « en acte », par une production qui est matérielle et non purement spéculative) à
l'élaboration des concepts théologiques, moraux, politiques, scientifiques.
À l'aube du machinisme, la philosophie des
Lumières va de nouveau modifier ce jeu d'oppositions duelles et définir de la sorte les fondements de l'idéologie
artistique du capitalisme industriel naissant.
Elle procède à deux opérations liées, dont la première est
l'aboutissement des oppositions antérieurement ébauchées, mais dont la seconde est décisive : elle rejette toujours
davantage hors de son propre discours les considérations sur la technicité de l'art ; surtout, elle dissocie l'art et la
connaissance, c'est-à-dire deux aspects du travail intellectuel dont la culture de la Renaissance n'avait pas brisé
l'unité.
C'est cette dernière dissociation, parachevant la première par une plus grande abstraction et une plus
grande spécialisation des composantes de toute forme de travail, qui aura les plus graves conséquences sur le
statut social de la fonction artistique.
La conservation, par Diderot dans l'Encyclopédie, des catégories médiévales
qui répartissent les activités humaines en « arts libéraux » et « arts mécaniques » marque son intention de ne pas
exclure ces derniers du champ de la culture, au moment même où la publication des planches de l'Encyclopédie
concourt au développement des modes industriels de la mécanisation.
Sans doute est-ce du travail artisanal que
Diderot parle en termes d'« art » et d'« artiste » ; mais il entend aussi fonder sur la pratique manoeuvrière en
général cette « culture » technologique inventive qu'appelle l'industrialisation.
Au contraire, en faisant des ouvriers
de simples exécutants, plus particulièrement en morcelant leurs tâches, le capitalisme industriel du XIXe siècle
détruit toute possibilité d'un rapport concret de création entre l'homme et l'objet de son travail.
Comme Karl Marx l'a
analysé, l'abstraction, la libération formelle de la force de travail rendent celle-ci homologue de la marchandise ;
elles la font entrer dans le système généralisé de la valeur d'échange et elles tendent à empêcher, en conséquence,
qu'aucune relation concrète au monde et à autrui puisse s'établir à travers le travail industriel morcelé et à travers
ses produits de série.
L'art du XIXe siècle proteste contre cette dichotomie qui coupe le travail de ses finalités
humaines, qui le sépare absolument de la culture, qui fait en conséquence de cette dernière un privilège
discriminatoire, un instrument idéologique du pouvoir d'État et un signe d'appartenance à la classe sociale
dominante.
En effet, dans ces conditions, l'art lui-même se trouve nié en tant que mode de travail social, exclu des
instances de responsabilité tout comme l'est, d'une autre façon, le prolétaire : l'art n'est plus que l'ornement de la
richesse, un des signes de ses privilèges, en même temps qu'il devient un objet de spéculation marchande.
Dans leur
ensemble, ces théories prennent acte de la séparation de fait de l'art et du travail, de ce qu'on nomme alors le beau
et l'utile, soit que l'on tente de les concilier comme aspects ou parties composantes de la production en général ;
soit qu'on les oppose comme irréductibles l'un à l'autre ; soit qu'on cherche à les identifier par réduction du beau à
l'utile.
2) L'art est un métier technique.
L'art est une production technique comme les autres notamment en architecture où ce sont les ingénieurs qui sont
véritablement artistes.
Ainsi les constructions en fer, l'assemblage de poutrelles métallique peut permettre de
réaliser de véritable oeuvre d'art comme la Tour Eiffel.
Les innovations techniques elles-mêmes peuvent être l'origine
d'oeuvre d'art nouvelle.
Le passage de l'art roman à l'art gothique, comme l'introduction du fer dans la construction
a permis la naissance de nouveaux styles artistiques.
L'art gothique se caractérise par une étroite association du
verre et de la pierre, elle joue comme l'architecture de fer sur les vides et non sur les pleins.
L'ogive dans l'art
gothique est très déterminante car elle donne la possibilité de réduire l'épaisseur du mur et de percer de larges baies
qui diffusent une lumière vivifiée par le verre.
Les églises gothiques cherchent à rompre avec l'obscurité romane, de
la manière, les édifices de l'architecture de fer concentrent leurs efforts à la création d'espaces clairs et plus aérés
que les édifices de pierre.
La prédominance des verticales, la prédominance des vides sur les pleins, et la légèreté
de l'ossature apparente firent espérer que naîtrait un style en qui revivrait, l'essentiel du génie gothique, rajeuni par
un esprit et des matériaux neufs.
Par exemple, le fer a l'avantage d'augmenter les portées de piliers, des voûtes et
d'augmenter la taille des édifices, que ce soit du point de vue de la hauteur des tours ou des nefs.
Ainsi des
innovations techniques ont été à l'origine de nouveaux styles architecturaux.
3) On ne peut apprendre à être artiste, il faut avoir du génie.
On méconnaît parfois la nature du génie, et l'artiste est souvent confondu avec celui qui produit de manière quasi
miraculeuse une oeuvre sans effort et sans rectification.
Certes, le génie est celui qui invente des règles, mais pour
cela il a dû travailler à rectifier sans cesse ses premières intuitions, à retravailler des esquisses, à corriger ses
erreurs, à se rendre compréhensible.
Chaque génie est aussi un peu artiste, artisan, ouvrier.
Le génie résidant dans
l'intuition, une intuition nouvelle et sans commune mesure avec une quelconque règle existante.
C'est cette.
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