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Est-on libre lorsqu'on est indifférent ?

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« Introduction Au sens vernaculaire du terme, « être indifférent » signifie soit n'éprouver ni affection ni répulsion pour un objet, au sens où l'on peut être indifférent à quelqu'un, soit n'avoir aucune préférence pour une alternative ou une autre d'un choix possible.

On peut alors considérer comme étrange d'affirmer qu'être libre serait être indifférent, dans la mesure où l'on ne voit pas en quoi avoir des préférences, qu'elles soient rationnelles ou non, pour quelque chose contredirait la liberté. Mais ne peut-on soutenir que les passions empêchent l'âme d'exercer librement ses décrets, l'assujettissant ainsi au corps ? Dès lors, être indifférent ne permettrait-il pas d'atteindre à cette « liberté du sage » définie par certains courants de la philosophie antique, tels que le stoïcisme ou le scepticisme, comme ataraxie (absence de troubles) ? Ou faut-il soutenir au contraire que l'indifférence ne marque pas tant un triomphe de la volonté sur le corps et les passions qu'elle « fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance qu'une perfection dans la volonté », comme l'affirme Descartes dans la IVe Méditation métaphysique ? Première partie - Selon les sceptiques, l'epokhê (concept d'origine stoïcienne) désigne la suspension de l'assentiment qu'on atteint en opposant deux jugements contraires l'un à l'autre, permettant ainsi un équilibre de ces jugements opposés tel qu'on ne soit porté de préférence ni vers l'un, ni vers l'autre.

En ce sens, l'epokhê est pour les sceptiques un moyen privilégié d'atteindre l'ataraxie, état où l'on n'éprouve ni plaisir ni peine (Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhonniennes, livre I, 4 [8]).

L'indifférence du jugement permet donc, pour le scepticisme, d'atteindre un état de bonheur véritable et témoigne de la « liberté du sage » envers les événements mondains. - Mais l'indifférence peut aussi être considérée d'un point de vue négatif.

Ainsi, dans la IVe Méditation métaphysique, Descartes qualifie la « liberté d'indifférence » de « plus bas degré de la liberté ».

Selon lui, celle-ci témoigne de l'état d'indécision de la volonté dans laquelle elle se trouve plongée suite à la capacité finie de l'entendement, qui ne parvient pas à connaître le bien et le vrai.

Dès lors, cette « liberté d'indifférence » « fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance qu'une perfection dans la volonté ».

Etre indifférent, en ce sens, n'est pas être véritablement libre. « L'indifférence me semble signifier proprement l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou du bien ; et c'est en ce sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plus bas degré de la liberté est celui ou nous nous déterminons aux choses pour lesquelles nous sommes indifférents./ Mais peut-être d'autres entendent-ils par indifférence la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier. Cette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté.

Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve, non seulement dans ces actes où elle n'est poussée par aucune raison évidente d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous les autres /; à tel point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons.

Car il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre.

» DESCARTES, Lettre à Mesland du 9 février 1645. INTRODUCTION Le thème de ce texte est la liberté d'indifférence.

Cette expression fait difficulté dans la mesure où l'indifférence serait cet état où nous ne sommes déterminés par rien.

Cette absence de détermination serait la liberté d'indifférence.

Or loin d'être la condition suprême de notre autonomie elle est bien plutôt la source de notre indétermination.

Descartes ne contredit pas cette acception de la liberté d'indifférence, qui la rapproche de l'absence de détermination, mais il introduit un deuxième sens censé réhabiliter la liberté d'indifférence ; celle-ci se trouve alors élevée au rang de « faculté positive ».

L'indifférence dans ce deuxième sens n'exprime pas l'absence d'influence extérieure, de raisons, mais la possibilité pour l'homme de se déterminer par lui-même.

Le problème consiste alors à expliquer comment la liberté d'indifférence peut être à la fois comprise comme absence de détermination et comme faculté d'autodétermination. PLAN DETAILLE. »

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