Est-on libre d'aimer ?
Extrait du document
«
On nous interroge sur le rapport entre la liberté et une passion ou un sentiment.
Nous pouvons spontanément revendiquer notre liberté d'aimer en
pensant que sur ce point, personne ne peut nous contraindre et qu'un tel sentiment n'engage que notre personne.
On ne peut, par exemple, nous forcer
ou nous contraindre à aimer quelqu'un.
Toutefois, il s'agit de se demander si on peut parler de liberté ici.
En effet, l'amour comme sentiment peut
difficilement relever d'un choix.
Il s'agirait de nous demander si nous pouvons saisir et avoir une prise sur les raisons qui nous conduisent ou non à
aimer une personne.
Spinoza montre comment nous connaissons les causes de nos désirs, mais comment les causes de nos désirs nous échappent.
Il
faudrait donc s'interroger ici sur le sens de la notion de liberté.
Doit-on considérer que la liberté est simplement absence de contraintes apparentes ? A
partir de là, c'est à vous de formuler la problématique du sujet.
[Le sentiment amoureux ne dépend pas de nous.
Mais nous pouvons librement l'accepter ou le refuser.
On peut librement choisir d'aimer un être plutôt
qu'un autre.
Qui maîtrise ses passions et se connaît lui-même a le pouvoir de déjouer les pièges de l'amour.
L'amour qui contraint n'est plus de l'amour.]
Seules les âmes faibles se laissent enchaîner par le sentiment amoureux
Si l'on ne décide pas d'aimer, on demeure cependant entièrement libre de donner ou non une suite favorable aux sentiments que l'on éprouve.
A insi
que le pense Descartes, les passions, y compris la passion amoureuse, sont toutes bonnes dès lors que l'on sait s'en rendre maître.
Seul celui qui n'a
pas assez de volonté perd sa liberté devant l'amour.
Même au sujet de l'amour, connaissance et liberté vont de pair
Le poète Ovide, dans son Art d'aimer, apprend aux femmes et aux hommes comment tirer le meilleur parti des choses de l'amour sans avoir à en payer
un lourd et désagréable tribut.
A chacun la liberté de disséquer le sentiment amoureux afin de ne pas tomber dans les pièges d'une passion pouvant
conduire à la jalousie, c'est-à-dire l'opposé du véritable amour.
L'amour rend libre
A imer, c'est aimer l'autre pour ce qu'il est.
Cet amour-là donne la force d'être libre.
C omme l'écrit René C har dans un poème intitulé Mathilde: «Je
veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable.» On est libre d'aimer, et la
personne qui est aimée éprouve le puissant sentiment d'être libre d'exister.
[L'amour est une passion; l'une des plus violentes.
L'être le plus volontaire peut en devenir l'esclave.
La volonté, face à l'amour, est impuissante.
L'enfant est naturellement conduit à aimer ses parents,
même s'ils sont mauvais.
Les drames de l'amour prouvent la toute-puissance de ce sentiment.]
L'amour n'est que l'expression de la volonté de l'espèce
Schopenhauer ne voit dans l'amour qu'un travestissement du vouloir-vivre.
Les amants croient qu'ils se sont
choisis.
Il n'en est rien.
Une volonté plus puissante que la leur, la.
volonté de l'espèce, les a poussés à s'unir.
Leur
bonheur ou leur malheur ne compte pour rien.
C e qui importe, c'est qu'ils procréent.
Nous sommes contraints d'aimer
Le mal, pour Freud, est «originellement ce pourquoi on est menacé d'être privé d'amour; et c'est par peur d'encourir
cette privation qu'on doit éviter de le commettre» (Malaise dans la civilisation.
C'est bien cette crainte de la perte
d'amour qui conduit l'enfant à obéir à ses parents.
C ette crainte est si forte que même les enfants battus, victimes
d'inceste, ne se détachent pas facilement de leurs pervers géniteurs.
L'amour peut conduire à la mort
Qu'il s'agisse de l'amant qui tue son rival, de celui qui se suicide parce son aimée l'a quitté, ou bien encore de ces
amoureux se donnant la mort pour parachever leur union, dans tous ces cas, l'amour est bien une passion qui est
paradoxalement plus forte que la vie.
C'est elle qui pousse les êtres à commettre l'irréparable.
En aucun cas ils ne
l'on librement décidé.
Une chose est absolument certaine: on ne choisit pas d'aimer.
Le fait que j'aime ceci plutôt que cela s'impose à moi.
Q uelle est donc la part de liberté
qu'il me reste? La réponse est simple.
En tant qu'être de conscience, je peux librement et volontairement décider de continuer d'aimer ou de renoncer
à aimer, même s'il m'en coûte de le faire.
Le romantisme a fait de l'amour une fatalité dont l'issue est à la fois grandiose et tragique.
La philosophie,
sans doute moins romanesque, mais bien plus sage, voit dans l'amour un sentiment qui, soumis à la volonté, fait la grandeur de l'homme sans le priver
de son libre arbitre.
Sage sera celui qui sait renoncer à aimer pour une raison morale ou bien encore parce qu'il sait que ce qu'il aime, un jour ou
l'autre, en viendra à causer son malheur, et peut-être même sa perte.
Ainsi, être libre d'aimer, c'est être libre face à un sentiment qui ne dépend pas
de notre volonté..
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