Est-on d’autant plus libre que l’on est conscient ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
PREMIERE CORRECTION
Entrelacée à la notion de responsabilité dans le choix, la question de la liberté se pose dès les origines de la
philosophie (“ Le mythe d'Er ” de Platon).
Dans son sens moral, la conscience est ainsi enracinée dans l'interrogation
du sens de la liberté.
Mais ce n'est qu'avec Descartes, et plus précisément les empiristes anglo-saxons, que se
constitue le concept de conscience dans sa dimension épistémique.
Au niveau étymologique, conscience signale un redoublement de soi sur soi, une ré-flexion.
Ici réside le nœud de la
problématique : la conscience qui est retournement de soi sur soi de l'esprit aboutit à une certaine connaissance
(morale ou connaissance au sens propre) ; or, la connaissance se caractérise par sa détermination régulière et
causale : comment donc penser l'articulation de la détermination avec ce qui par définition négative semble être à la
causalité, la liberté ?
La formulation de l'énoncé repose sur un présupposé d'importance : la dimension continue, et donc la possible
progression de la liberté et de la conscience (“ d'autant plus (…) qu'on est plus ”).
Continuité et rupture doivent
donc être interrogées dans la relation de la liberté à la conscience.
I.
Continuité et déterminisme (Spinoza)
Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,
mais privée de raison, est une volonté perdue.
Plus nous connaissons, plus
notre liberté est grandie et fortifiée.
Si nous développons notre connaissance
au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes et
des effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chose
arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que tel
autre ne viendra jamais à l'existence.
Pour Spinoza, une chose est libre quand
elle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose est
contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.
Au
sens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissance
absolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre
nécessité.
Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas
dans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir en
fonction de notre propre nature.
L'homme n'est pas un empire de liberté dans
un empire de nécessité.
Il fait partie du monde, il dispose d'un corps,
d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce et
s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.
Bien
souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par
l'existence de causes extérieures :
la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notre
culture.
Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairement
déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.
"Telle est cette liberté humaine que tous
les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et
ignorants des causes qui les déterminent."
Spinoza, dénonçant l'absurdité du dualisme cartésien (corps / esprit), pose la question du rapport entre
détermination et la liberté à partir d'une conception unitaire de l'homme.
La conscience se définit comme une
propriété physique de l'idée qui toujours se réfléchit : la conscience est donc dérivée de l'idée.
Elle n'a ainsi aucun
pouvoir propre mais dépend de l'adéquation de l'idée dont elle est dérivée.
Son principe régulateur est de tendre à
l'adéquation en réduisant l'inconscience et d'assurer par là même l'efficacité de la volonté par la connaissance des
causes de l'affect..
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