Est-il vrai que la réflexion nuit à l'action ?

« Est-il vrai que la réflexion nuit à l'action ? A.

— La réflexion nuit-elle à l'action ? Rappeler des faits et des exemples — et ils sont nombreux — qui pourraient le faire croire : a) Sûreté et infaillibilité des actes instinctifs et habituels; la réflexion ne saurait que les entraver ou les rendre impossibles, b) Abus de la réflexion qui retarde l'action et aboutit souvent à l'indécision (Exemples d'abouliques dans les Maladies de la Volonté, de Ribot).

c) Au contraire, actes de dévouement et d'héroïsme, dont la réflexion aurait compromis l'accomplissement.

— Mais, conclure de ces faits que la réflexion nuit plus qu'elle ne sert à l'action serait être dupe des apparences. B.

— Il est incontestable que, d'une manière générale, la réflexion est utile à l'action. a) C'est elle qui la prépare et la dirige.

C'est la réflexion qui éclaire la volonté, qui lui indique le but à atteindre, les raisons d'agir de telle ou telle manière, les moyens à prendre, les obstacles à prévoir. b) En fait, n'est-ce pas la réflexion qui est la condition de toutes les grandes découvertes qui ont révolutionné le monde, de tout progrès scientifique, économique et social, comme aussi des grands dévouements dont s'honore l'humanité.

Quant à ces dévouements spontanés dont la réflexion semble être absente, ne sont-ils pas eux-mêmes le résultat de réflexions antérieures, devenues des convictions latentes, et en quelque manière des principes de conduite (sentiment du devoir) ? c) Rappeler enfin que c'est par la réflexion que l'homme est vraiment maître de lui-même, « père de ses actes », un être vraiment moral.. »