Est-il sensé de vouloir échapper à l'emprise du temps ?
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Est-il sensé de vouloir échapper à l'emprise du temps ?
Analyse première du sujet :
• cela a-t-il un sens : est-ce un projet digne de valeur pour un homme ? est-il "fou" ? nous fait-il perdre la raison ? le
bonheur ? est-ce possible ?
• échapper : ne plus vivre dans le temps ; cf.
éternité mais aussi immortalité
• le temps : le temps est-il indépendant de mon humanité ? à la fois au sens où : "le temps fait-il de moi l'individu mais
aussi l'être humain que je suis ?"; mais aussi : le temps est-il subjectif ou objectif ?
Les hommes ont toujours été et sont encore plus que jamais en quête d'immortalité (cf.
le clonage) : a-t-on à y perdre ou
à y gagner ? A la fois en terme d'individualité mais aussi d'humanité.
Humanité : ne plus être un homme digne de ce nom.
Mais également individualité : perdre mon inscription personnelle dans le monde, mais aussi finalement ne pas trouver le
bonheur !
Ainsi vouloir échapper au temps ce serait peut-être vouloir échapper à soi et échapper à notre humanité ?
Alors que Platon et St Augustin, chacun à leur manière, ont cherché à échapper au temps, qui a à voir avec notre condition
sensible, avec notre mortalité, avec le changement, etc.
(Platon = échapper au temps c'est atteindre le monde des Idées
et St Augustin = c'est vivre dans la Cité de Dieu), Nietzsche fustigerait ici une illusion toute humaine, née en même temps
que la philosophie occidentale : celle qui consiste à vouloir se réfugier dans des arrière-mondes, des idéaux, cela, parce
qu'on ne supporte pas le changement, la vie, le sensible....
ce qui aurait alors finalement plus de sens c'est de savoir dire
oui au temps ! Dire oui à la mortalité, au changement, plus créateur que le non changement et le désir d'immortalité ! Vive
le temps ! Qui fait ce que je suis, à la fois au sens d'individu et d'être humain !
Voici une approche possible du sujet :
I- La négativité du temps : le temps, marque de ma faiblesse, de ma mortalité, etc.
: temps et « finitude » humaine
• Le temps me résiste :
o cf.
irréversibilité du temps : le temps va du passé vers l'avenir vers le présent : ce qui a été n'est plus, ce qui sera n'est
pas encore : je ne choisis pas le temps,
? je ne peux revenir en arrière pour vivre encore des moments heureux, modifier des erreurs, etc.; cf.
nostalgie, regret,
remords
? je ne peux accélérer le temps pour faire venir plus vite ce que j'attends avec impatience
o le temps c'est aussi le temps social, celui de la montre, des horaires, qu'en général je ne choisis pas non plus mais que
je subis !
• Surtout je ne peux tout simplement pas l'empêcher de s'écouler, et alors il signifie changement ; o je change sans cesse
;
o je vais inéluctablement vers la mort ; je souffre du caractère temporel de la réalité qui m'empêche de pouvoir réaliser
tous mes projets : un jour, je ne serai plus ! –mais surtout, un jour, demain, peut-être, mes proches ne seront plus...
o le passé me détermine (cf.
inconscient), me modèle, sans que je puisse rien y faire
• Approfondissements philosophiques :
o conception du temps chez St Augustin : le temps, écoulement incessant de l'âme, qui ne peut que vouloir échapper au
temps cf.
Cité de Dieu ;
o cf.
également monde sensible chez Platon : les Idées qui n'existent pas dans le temps ont plus d'être que ce qui nous
entoure, et l'idéal du philosophe donc de l'homme heureux est d'échapper au temps...
II- Le temps n'est-il pas ce qui au contraire me permet d'accéder à l'humanité ? D'acquérir ce qui fait de moi un
homme ?
• Cf.
distinction puissance et acte : on ne naît pas homme, on le devient ! cf.
langage, conscience, liberté, esprit en général
: il faut du temps, de l'effort, du travail, etc., pour les acquérir !
• Cf.
Hegel et sa conception de l'histoire comme progrès de l'humanité, comme prise de conscience de l'esprit par lui-même,
avènement de l'esprit, etc.
: il faut, insistons sur ce point, du temps pour être « un esprit » !
• D'un point de vue plus « individuel », cf.
conscience, la conscience comme pouvoir de synthèse, et la notion d'identité
personnelle : on n'a pas d'accès immédiat à la réalité et si le temps a à voir avec la mémoire, avec l'inscription du passé en
moi, cela n'est pas négatif, bien au contraire ! cela fait que je peux donner du sens au monde, mais aussi à moi-même
(vivre dans l'immédiat, sans mémoire, c'est être en non rapport avec le monde) ; cf.
l'amnésie etc.
III- L'homme, un être qui existe, qui n'est pas (cf.
l'existentialisme) : si l'homme n'est pas mais a à se faire lui-même,
le temps est alors une dimension essentielle de notre liberté ! Dire le contraire est alors une conduite d'excuse, de
mauvaise foi !
• Sartre contre Freud : l'homme n'est pas déterminé par son passé ! je suis ce que j'ai choisi d'être et je peux sans cesse
modifier mon être, être autre que ce que j'ai été ! je peux défaire, faire, etc.
: le temps ne me résiste pas tant que ça
• Cf.
lien avec les stoïciens : accepter notre condition de mortels, notre finitude, plutôt que se lamenter ...
• On peut conclure en disant que même le fait d'être mortel est ce qui contribue à notre bonheur, ce qui en limitant mes
projets me permet de mieux réfléchir à ce qui vaut vraiment la peine d'être fait, etc.
(sinon, notre vie ne serait-elle pas trop
« éparpillée » ? cf.
Calliclès qui vit dans l'instant ! dans l'immédiat du désir, de la passion, du plaisir et non dans l'ordre de
la raison !).
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