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est-il raisonnable de lutter contre le temps ?

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« Analyse du sujet : Ø Est « raisonnable », ce qu'on peut ramener ou rapporter à la raison.

Toutefois, ce qui n'est pas raisonnable n'est pas strictement irrationnel, terme qui désigne ce qui échappe à la raison en s'y opposant. Ø Il s'agira donc d'étudier une conduite qui n'est pas a priori rationnelle, au sens de produit par la raison ou saisissable par elle, mais qui n'est pas pour autant absolument irrationnelle : l'enjeu du sujet engage un examen du bon sens. Ø « Lutter contre le temps » = expression qui présuppose que le temps est dangereux ou qu'il s'inscrit d'emblée dans un rapport conflictuel avec l'homme.

Une question à se poser : quel est le caractère propre au temps faisant qu'il faudrait lutter contre lui, le tenir pour un adversaire ? Quelle menace fait-il planer sur nous ? Ø De plus, à supposer que le temps doive être combattu, il faudra aussi et surtout se demander de quels moyens nous disposons, (de quelles armes pour ainsi dire), afin de lutter contre lui ? Ø Enfin, l'examen de ces armes devra permettre de trancher la question : sont-elles suffisamment puissante pour que la lutte contre le temps ait un sens, c'est-à-dire ait suffisamment de chance d'aboutir pour ne pas faire de ce combat une cause perdue d'avance (auquel cas, lutter n'est pas raisonnable, mais c'est folie, vanité, ou au moins absence de bon sens). Problématique : De fait, l'existence humaine a pu se développer en mettant en œuvre un certains nombre de moyens pour lutter contre l'effet destructeur du temps (médecine pour ralentir le vieillissement et l'usure de l'organisme, connaissance scientifique et techniques permettant de prévoir des phénomènes et d'agir sur eux …). Cependant ces efforts sont sous tendus par un idéal qui semble impossible : la quête de l'immortalité ou du parfait ; ainsi, il est loisible de se demander s'il est raisonnable de lutter contre le temps.

Mais, tenir pour déraisonnable toute tentative pour préserver la vie et la maintenir à l'abri des destructions dues au temps, n'est-ce pas là tout autant une attitude déraisonnable pour autant que le fatalisme engendre l'inaction et la résignation ? Le temps est-il quelque chose hors de nous ou bien n'est-il pas subjectif de sorte que lutter contre le temps reviendrait davantage à lutter contre nous-mêmes et la pensée que nous avons du temps ? Enfin, le temps est-il essentiellement destructeur ou est-il aussi porteur de nouveautés de sorte qu'il n'y aurait pas nécessairement à lutter contre lui, mais au contraire, tout lieu de nous réjouir de notre finitude ? 1- LUTTER CONTRE LE TEMPS : UNE CAUSE PERDUE D'AVANCE a) la corruption est un phénomène naturel Dans La Physique, Aristote définit le temps comme passage d'un état déterminé à un autre état selon un mouvement déterminé : il s'agit de l'actualisation par une forme d'une matière.

Aussi l'effet du temps est l'engendrement des êtres naturels tout autant que celui de leur destruction, ou corruption, c'est-à-dire perte de la forme.

Quel sens y a-t-il à s'opposer à ce double mouvement de la nature et le peut-on seulement ? b) la fuite du temps est inéluctable S'il est tentant de s'opposer au temps, c'est bien évidemment afin d'éviter ou de retarder ses effets destructeurs.

L'idée d'une lutte contre le temps est donc solidaire de l'idée que le temps est cause de dégradation et de corruption.

Pourtant, ce qui est passé ne reviendra pas : il n'est pas en notre pouvoir de faire revivre les instants qui ne sont plus.

Inversement, ce qui est à venir n'est pas encore : on ne saurait précipiter les évènements.

Du coup, il semble vain de chercher à lutter contre le temps qui nous impose sa loi. c) assumer le devenir Pour Nietzsche, l'idée qu'il faille luter contre le temps est symptomatique d'une vie pauvre en volonté.

En effet, lutter contre le temps n'a de sens que parce que l'on déplore notre finitude et que l'on est incapable d'assumer que rien ne dure.

Alors nous dit Nietzsche, on invente le royaume des idées ou celui d'un paradis où la vie est éternelle parce que l'on ne dispose pas de suffisamment de ressources pour faire face au monde fuyant qui caractérise le réel et le présent. En effet, le monde se caractérise par le devenir, qui est mouvement, changement, glissement incessant d'instants se succédant, de sorte que toute pensée d'un monde autre est nécessairement une illusion visant à consoler les natures faibles du monde tel qu'il est ; on peut dire ainsi que c'est un désir d'impossible qui motive toute lutte contre le temps.

Il n'est donc pas raisonnable de lutter contre le temps : cela reviendrait à annuler ce qui caractérise la vie, à vouloir le rien. [Transition] Mais on voit alors que le temps est aussi indissociable d'une certaine manière qu'a la subjectivité d'appréhender la réalité davantage que quelque chose existant hors de nous et se dérobant à notre volonté.

Si comme le pensent les stoïciens, nos représentations sont les seules choses absolument en notre pouvoir, ne peuton alors lutter contre le temps, non pas en construisant l'illusion d'un monde idéal échappant à toute corruption, mais en travaillant à modifier le sentiment que nous avons à son égard ?. »

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