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Est-il possible d'expliquer l'oeuvre d'art ?

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Dans notre société actuelle de biens de consommation, tout objet se vendant cher dans une galerie est estimé comme une oeuvre d'art, c'est-à-dire comme expression plastique ou physique de la beauté même: en effet notre société de consommation a pour échelle de valeur celle de son porte-monnaie. Ce n'est plus l'idée de beau que l'on recherche à travers l'art mais en tant qu'incitation à la réflexion de l'esprit. L'art n'est plus esthétique mais philosophique ; il a une orientation cognitive, et la valeur de l'objet d'art réside bien plus dans le rôle qu'il a joué dans (et pour) l'histoire que dans le jugement esthétique que l'on pourrait en avoir. Il devient donc important de se poser la question : Peut-on expliquer une oeuvre d'art ? En a-t-on la capacité, dans quels domaines ? En a-t-on seulement le droit ? Ainsi nous verrons tout d'abord en quoi il est possible d'expliquer le pourquoi d'une oeuvre d'art : la dimension historique de l'oeuvre, le contexte dans lequel elle s'inscrit...mais est-ce le seul domaine où une part d'explication est possible ? Nous aborderons par la suite l'explication de la forme que prend l'oeuvre : le travail technique réalisé avant sa constitution, la symbolique, les règles des différents mouvements artistiques...mais qu'en est-il du fond de l'oeuvre, de son sens profond : peut-on l'expliquer ? En a-t-on seulement le droit ? Nous terminerons donc par la notion de mystère qui entoure une oeuvre d'art et nous verrons que l'expliquer, c'est en quelque sorte la démystifier : dès lors, même si l'explication est possible, ne vaut-il pas mieux laisser une place à l'interprétation personnelle plutôt que de figer le sens en le considérant pour vrai ? La notion de paradigme qui fait avancer la science s'applique-t-elle également à l'art ?               Expliquer, c'est faire connaître les raisons. Dès lors, expliquer une oeuvre d'art, c'est en transmettre la dimension historique : une oeuvre sortie de son contexte perd de son sens, l'oeuvre a pu subir des modifications au cours de l'Histoire... et ces notions sont, pour la plupart du temps, connues.

« Est-il possible d'expliquer l'oeuvre d'art? Dans notre société actuelle de biens de consommation, tout objet se vendant cher dans une galerie est estimé comme une oeuvre d'art, c'est-à-dire comme expression plastique ou physique de la beauté même: en effet notre société de consommation a pour échelle de valeur celle de son porte-monnaie.

Ce n'est plus l'idée de beau que l'on recherche à travers l'art mais en tant qu'incitation à la réflexion de l'esprit.

L'art n'est plus esthétique mais philosophique ; il a une orientation cognitive, et la valeur de l'objet d'art réside bien plus dans le rôle qu'il a joué dans (et pour) l'histoire que dans le jugement esthétique que l'on pourrait en avoir.

Il devient donc important de se poser la question : Peut-on expliquer une oeuvre d'art ? En a-t-on la capacité, dans quels domaines ? En a-t-on seulement le droit ? Ainsi nous verrons tout d'abord en quoi il est possible d'expliquer le pourquoi d'une oeuvre d'art : la dimension historique de l'oeuvre, le contexte dans lequel elle s'inscrit…mais est-ce le seul domaine où une part d'explication est possible ? Nous aborderons par la suite l'explication de la forme que prend l'oeuvre : le travail technique réalisé avant sa constitution, la symbolique, les règles des différents mouvements artistiques…mais qu'en est-il du fond de l'oeuvre, de son sens profond : peut-on l'expliquer ? En a-t-on seulement le droit ? Nous terminerons donc par la notion de mystère qui entoure une oeuvre d'art et nous verrons que l'expliquer, c'est en quelque sorte la démystifier : dès lors, même si l'explication est possible, ne vaut-il pas mieux laisser une place à l'interprétation personnelle plutôt que de figer le sens en le considérant pour vrai ? La notion de paradigme qui fait avancer la science s'applique-t-elle également à l'art ? Expliquer, c'est faire connaître les raisons.

Dès lors, expliquer une oeuvre d'art, c'est en transmettre la dimension historique : une oeuvre sortie de son contexte perd de son sens, l'oeuvre a pu subir des modifications au cours de l'Histoire… et ces notions sont, pour la plupart du temps, connues. Le contexte historique de la création d'une oeuvre est essentiel pour porter interprétation ou jugement sur celle-ci.

Prenons un exemple : l'art nazi.

En terme de peinture, il se restreignait à des scènes rupestres ou à des manifestations à la gloire du parti.

Quand on aborde Le Semeur de Martin Amorbach, tableau peint en Allemagne en 1937 représentant un semeur blond au travail dans un champ avec en arrière plan une charrue tirée par des boeufs, on se rend compte aisément du décalage entre cette peinture et l'ère moderne du régime.

Le fait de connaître le contexte d'endoctrinement par le parti de la population nous permet de déduire une des valeurs prônées par ce régime : travailler dur.

La doctrine d'un parti peut donc se retrouver jusque dans l'art lui-même.

Tiré de son contexte, cette oeuvre perd toute sa symbolique et paraît totalement décalée.

De la même façon, une oeuvre musicale ancienne telle qu'une oeuvre de Bach perd de sa profondeur si en l'écoutant, on oublie le caractère spirituel dans lequel elle a été écrite : il y a en effet une évolution de l'aura de l'oeuvre qui se perd.

Le rapport à l'oeuvre change avec les mentalités.

Il est donc essentiel de connaître le contexte historique de la création d'une oeuvre avant de l'aborder : de ce point de vue-là, l'explication est indispensable.

Le contexte historique se déduit facilement par la date d'exécution de l'oeuvre.

Mais qu'en est-il de l'histoire de l'oeuvre, de son vécu ? Une oeuvre d'art, qu'elle soit architecturale, qu'elle soit peinte ou sculptée, ou même qu'elle soit musicale, a subi des altérations au cours du temps ; ceci est d'autant plus vraie qu'elle fut exécutée il y a longtemps.

Ces altérations peuvent être plus ou moins visibles : de la destruction de la toiture de certains monuments lors de la seconde guerre mondiale, aux lacunes de la couche picturale d'un tableau, ces modifications ne sont pas toujours décelables par nos sens.

Prenons l'exemple de La Vierge à l'enfant peinte par une école flamande au XV siècle : à l'oeil nu des lacunes de la couche picturale sont décelables, mais la précision n'est pas très bonne.

Or il existe des techniques d'analyse physique de l'état de conservation d'un tableau.

En effet, en plaçant tangentiellement un rayon lumineux à la surface du tableau (analyse en lumière rasante), on a pu prendre plus aisément conscience de l'existence de lacunes aux extrémités de la toile.

Une explication de cette oeuvre ne peut pas se faire sans retracer les altérations qu'elle a subit au cours du temps.

Ceci est d'autant plus vrai qu'en l'analysant sous rayonnements ultraviolets, on a pu observer l'existence de zones de repeints au niveau du visage de l'enfant et du manteau de la Vierge : le tableau avait déjà subi une restauration ! Au delà de la restauration en elle-même, l'analyse physique d'un tableau par fluorescence d'ultraviolets a permis de dévoiler d'autres types de repeints.

La Dame à la Licorne de Raphaël fut en effet analysée par cette technique…et les découvertes furent à la hauteur des espérances ! Quand le tableau fut étudié, la dame au centre de la composition tenait dans ses bras…un chien.

L'analyse sous ultraviolets a permis de déceler la présence de repeints au niveau du front du chien.

Cette étude fut alors complétée par une analyse sous réflectographie infrarouge puis sous rayons X.

Ces analyses révélèrent la présence du tracé d'une corne : la peinture a donc été modifiée au cours de l'histoire.

Elle a alors pu être restaurée.

Mais là, il faut prendre garde à faire la distinction entre repeints et repentirs (repeints effectués par l'artiste) très présents dans les oeuvres de Picasso par exemple.

Si la peinture est suffisamment ancienne, on peut effectuer une datation au carbone 14 sur les repeints et la couche picturale originelle et voir si les dates correspondent.

En tentant au-delà d'expliquer, de retrouver le caractère originel d'une oeuvre, on prend alors le risque d'ôter les modifications apportées par l'artiste lui-même !. »

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