Est-il possible de vivre au présent ?
Extrait du document
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• Les questions soulevées par l'intitulé de sujet s'avèrent multiples.
Le présent, instant infinitésimal et, du même coup, néant ou bien durée empiétant sur l'avenir ? Est-il possible
d'expérimenter une forme temporelle qui ne semble pas avoir de réalité propre ? Et si cette durée était grosse du
passé et de l'avenir ? Dans ce dernier cas, ne serait-il pas non contradictoire de l'expérimenter ? Mais le présent ne
désigne-t-il pas aussi une permanence, participant de l'éternité ?
• Parmi ces questions multiples que soulève notre intitulé de sujet, il en est une, fondamentale, décisive,
constituant le problème.
N'oubliez pas, en effet, que la question elle-même ne s'identifie jamais au problème, mais
renvoie à une interrogation, beaucoup plus radicale, qui jaillit de l'examen de cette question.
Le présent peut-il
revêtir des caractères de durée (voire d'éternité)—auquel cas il serait possible de vivre au présent—ou bien ne
constitue-t-il qu'un instant infinitésimal et un pur néant ?
• L'enjeu de l'intitulé, son importance décisive, nous apparaissent évidents.
Selon la réponse, notre destin dans le
monde acquiert ou bien sens et Intelligibilité (le Présent, conçu comme comme Présence éternelle, nous installe, en
effet, dans la zone du Sens) ou bien nous entraîne dans le « non-sens ».
Pour démarrer
Exister actuellement et dans le moment donné est-il ou non contradictoire ? Avons-nous la possibilité de vivre au
sein du « maintenant » ? Le présent, simple instant sans consistance ou durée vraie que l'on peut expérimenter ?
Conseils pratiques
Attention ! Ne substituez pas un problème éthique à une problématique ontologique et métaphysique.
La possibilité
nous est-elle donnée d'expérimenter le présent ? Prenez garde au hors-sujet qui vous guette.
Au-delà même de la
durée, l'éternité fonde le présent et lui donne sens.
Bibliographie
Henri BERGSON, article « La perception du changement », in La pensée et le mouvant, PUF.
Louis LAVELLE, Du temps et de l'éternité, Aubier.
Jean-Paul SARTRE, L'Être et le Néant, Tel-Gallimard, pp.
162 sqq.
Introduction
• Est-il possible de vivre au présent ? Voici un sujet qui nous interroge non seulement sur le sens de notre êtredans-le-monde, mais sur le rapport de nos actes et de notre vie à la temporalité, sur la forme même de cette
temporalité qui structure notre existence.
Tout en privilégiant l'axe à la fois psychologique et ontologique du
problème, il est gros de sous-entendus et de présupposés éthiques et moraux.
À l'analyse, nous sommes interrogés d'abord sur un problème de possibilité : exister au présent - c'est-à-dire dans la
partie du temps séparant le passé de l'avenir - est-ce possible, à savoir non contradictoire, pensable, intelligible ? Si
l'intitulé présente cette signification globale, nous sommes, néanmoins, dans une zone d'incertitude car la notion de
présent se révèle ambiguë et équivoque.
Quoi qu'il en soit de cette équivocité, demeure la question de savoir, non
point s'il est légitime (valable en droit), mais d'abord non contradictoire d'exister au présent, dans l'immédiateté du
temps.
Ajoutons que le verbe vivre possède ici une dimension existentielle et non point biologique.
Vivre, c'est
exister, se faire, se projeter dans le monde et y imprimer sa marque donner un sens aux choses et au réel.
Est-il
pensable, et ce de manière non contradictoire, d'exister dans l'immédiateté temporelle ?
*Interrogation qui nous entraîne dans tout un questionnement : le présent, instant infinitésimal et sans réalité ou
bien durée empiétant sur l'avenir ? Mais comment serait-il possible d'expérimenter une forme temporelle totalement
irréelle ? Et si nous étions conduits à postuler l'existence d'une durée grosse du passé et de l'avenir ? D'ailleurs, le
présent ne désigne-t-il pas une permanence, une forme temporelle participant de l'éternité ?
Dès lors se dévoile le problème, sous-jacent à la question posée : le présent peut-il bel et bien revêtir des
caractères de durée, voire d'éternité, auquel cas il serait possible de vivre au présent, ou bien ne constitue-t-il
qu'un instant infinitésimal et un pur néant ? L'enjeu de la question et du problème apparaît décisif car, selon la
réponse apportée, notre « exister » acquiert sens ou s'en voit dépossédé.
Si le présent est pur néant, où sont le
sens et l'intelligibilité ?
A.
Il n'est pas possible de vivre au présent, conçu comme instant.
Vivre au présent, demeurer attaché à lui, se donne, bien souvent, comme un impératif avant même que se pose la
question de la possibilité d'un tel type d'exister.
Ainsi, l'Immoraliste (de Gide) nous dit-il « Je n'aime pas à regarder
en arrière et j'abandonne au loin mon passé comme l'oiseau pour s'envoler quitte son ombre.
» De même, dans les
Nourritures terrestres : « Nathanaël, ne cherche pas, dans l'avenir, à retrouver jamais le passé [...] Nathanaël, je te
parlerai des instants.
As-tu compris de quelle force est leur présence ? » Si Gide parle ici de l'instant et non point de
présent, néanmoins le lecteur remarquera qu'il est une première signification du présent, où il s'identifie à l'instant.
Si
nous définissons le présent comme cette portion du temps dont nous pouvons avoir une conscience immédiate, il se
rapproche à la fois de l'instant et du maintenant, ces points de la durée qui n'ont eux-mêmes aucune durée.
Certes,
dans le présent, on se représente souvent une succession courte, alors que l'instant refoule toute idée de.
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