Est-il légitime de faire prévaloir les exigences de la conscience sur celles de l'État ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LÉGITIME:
Caractère de ce qui est conforme à l'équité, aux principes supérieures du droit ou de la morale.
On oppose légitime
et légal.
Ainsi, ce que prescrivent des lois despotiques ou racistes peut être légal sans être pour autant légitime cad
conforme au droit naturel.
ÉTAT:
1) Avec une minuscule, manière d'être, disposition (un état d'esprit).
2) Avec une majuscule, un ensemble d'individus soumis à une même autorité politique, ou plus précisément cette
autorité politique elle-même.
L'État c'est le gouvernement et l'ensemble des structures par lesquelles il manifeste
son autorité.
3) État de droit: tout État qui s'applique à respecter la personne et à garantir les libertés individuelles.
4) Raison d'État: motif d'intérêt public invoqué par l'État pour justifier une action contraire à la loi ou à la morale.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Introduction
Rien n'est plus reposant pour l'esprit que d'opposer la bonne foi d'Antigone à la tyrannie de Créon.
L'opposition
présente en effet la limpidité des choses simples.
D'un côté les droits d'une conscience offensée par l'injustice, de
l'autre le visage fermé de l'arbitraire, ce que traduit philosophiquement l'opposition d'une légitimité humiliée et d'une
légalité douteuse.
Si la réalité se présentait ainsi, il n'y aurait aucun scrupule à s'opposer à la tyrannie, car tout
homme dispose sinon d'un droit, du moins du réflexe de défendre légitimement sa vie contre l'oppression.
Si ces cas
existent, il en est d'autres ou ce sont des gouvernements parfaitement légitimes qui peuvent heurter les sentiments
; et c'est précisément parce qu'ils sont légitimes qu'ils posent un cas de conscience ; car en effet au nom de quoi la
conscience pourrait elle se prévaloir d'une légitimité supérieure à celle qui lui a fait consentir au pouvoir ?
I - Le droit de résistance
a) Au Moyen Age, la théorie politique distinguait entre tyran d'usurpation et tyran d'exercice.
Au premier qui a pris le
pouvoir par la force, il est légitime de s'opposer puisque les ordres qu'il donne n'engagent qu'à raison de la crainte
qu'il inspire.
Comme le suggérera Rousseau dans le Contrat social, la force ne fait pas droit.
Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort
pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et
l'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force
est t-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la
nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le
maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.
De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point
morale.
Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.
Le
droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la
force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte
la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir
le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droit qui
disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.
Il s'ensuit
qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur
la force.
b) En revanche l'opposition à un pouvoir légitime qui trahit ses propres
principes pose problème ; s'il exige de commettre une injustice, est-on en
droit de désobéir ou de s'y opposer ?
c) Locke le pense effectivement (Traité du gouvernement civil, § 230 et s.),
mais ce n'est pas aux particuliers d'en prendre l'initiative ; seuls les magistrats
parce qu'ils représentent le droit sont habilités à s'opposer à des exigences qui en contredisent l'esprit.
Car
comment l'individu pourrait-il trouver en lui la légitimité nécessaire pour s'en faire l'interprète ?
Locke définit le gouvernement civil comme le droit de faire des lois et de les faire exécuter, au besoin en recourant à
la force et à la justice, mais uniquement pour servir au bien public.
C'est chez lui que l'on trouve les fondements
d'une idéologie de l'intérêt général.
Locke tente de penser l'articulation des pouvoirs politique et judiciaire en vue de
servir l'intérêt général, à savoir la paix et la sécurité des citoyens..
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