Est-il juste d'affirmer que pour bien comprendre autrui il faut tenter de se mettre à sa place ?
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VOCABULAIRE:
COMPRENDRE / EXPLIQUER : Comprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en
déchiffrant sa singularité.
Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes
(leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers.
JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes.
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
"L'homme est, par nature, un être social", déclarait Aristote.
Il vit donc dans un groupe donné au sein duquel il
doit accomplir une tâche.
Mais cette collectivité ne représente pas une entité mystérieuse, indépendante des
membres qui la composent : elle rassemble des êtres humains qui doivent se comprendre mutuellement afin que la
vie communautaire ne soit pas un obstacle au dynamisme de l'individu.
La seule manière de bien comprendre autrui
réside-t-elle dans le fait de se mettre à sa place? C'est là une question que le sens commun ne se pose pas, tant
elle lui paraît évidente.
En effet, dans la conversation de tous les jours, combien de fois entendons-nous cette
locution : mais mettez-vous à ma place et vous comprendrez, lorsqu'un désaccord subsiste entre deux personnes? Il
semblerait que ce fût le seul mode de compréhension d'autrui.
Après nous être demandé s'il n'en existe pas d'autres, nous essayerons de montrer, par la considération de leur
valeur, comment nous sommes amenés à cette affirmation du sens commun : puis nous nous poserons la question
de savoir si elle est véritablement justifiée.
Il semble qu'il y ait deux modes principaux de compréhension d'autrui : une première approche directe, de façon
intuitive; une seconde indirecte, de manière discursive, c'est-à-dire par l'intermédiaire d'un raisonnement.
La deuxième solution est celle de la tradition intellectualiste qui veut que nous ayons une compréhension du
psychisme d'autrui par l'intermédiaire d'un raisonnement à la suite de ses réactions observables...
Sachant par
expérience personnelle que le rire est le signe de la joie, je conclus en voyant mon voisin rire qu'il est joyeux.
Cela
s'appuie sur une conceptualisation donnée inconsciemment, fondée sur le principe de causalité qui veut que les
mêmes causes produisent les mêmes effets, et c'est par une induction que j'arrive à cette conclusion que mon
voisin est joyeux :j'ai établi là une caractéristique de la nature humaine.
Du point de vue logique le raisonnement est tout a fait correct.
On peut cependant se demander si les prémisses
sont vraies, ce qui revient à faire la critique de l'induction préalable.
Connaissons-nous nos propres réactions? Y at-il un principe universel qui veut que le rire soit signe de la joie? Tels sont les points sur lesquels se porteront les
critiques des adversaires de cette doctrine.
Nous ne connaissons pas nos expressions extérieures, notre mimique nous est donnée par l'intervention d'autrui,
sans lequel on n'aurait pas conscience de notre attitude.
De plus, pour un état de conscience (ici la joie), il existe
différents états de comportement : par exemple le rire, mais aussi les pleurs qui témoignent paradoxalement d'une
joie infiniment plus grande chez certaines personnes.
En outre, le raisonnement analogique ne permet de comprendre
que les actes d'autrui qui à l'occasion sont aussi les nôtres...
Or comprendre autrui revient surtout à comprendre
ses propres réactions (ce en quoi lui et moi nous différons).
Enfin la principale objection réside dans le fait que
l'enfant par exemple comprend autrui bien avant de pouvoir raisonner.
Donc cette thèse ne peut pas nous satisfaire,
sur bien des points.
Nous serions plutôt tentés d'adopter la première solution qui consiste à comprendre autrui, de
manière intuitive, sur son comportement.
Cette idée a vu le jour avec les travaux de Husserl (la phénoménologie) qui
pensait que l'étude du comportement, de ses gestes (la Gestalttheorie) permettait d'avoir une compréhension
d'autrui assez juste, en ce sens que « l'autre » se trahissait par ses attitudes.
L'axiome fondamental de la
phénoménologie est toute conscience est conscience de quelque chose.
Cette formule, qu'il baptise intentionnalité,
montre le rapprochement entre deux individus, une sorte de convergence qui va aboutir à toute une étude complexe
du caractère, de la personnalité.
Sans entrer dans les détails de son étude, on peut faire des objections à cette théorie : il n'est pas toujours
évident qu'un comportement traduise un même état de conscience : là encore subsiste le phénomène de la
simulation volontaire, acte par lequel un individu tend à faire croire qu'il est tel qu'il se dit à un groupe d'individus.
De
plus en plus, on ne peut avoir une idée de l'autre qu'en projetant son Moi sur autrui, qu'à partir de son propre Moi,
de sa propre existence.
Prenons là encore l'exemple de l'enfant : bien souvent sa compréhension d'autrui est sujette
à des erreurs; par manque d'expérience, il n'a pas encore conscience de la simulation volontaire.
C'est pourquoi
certains pensent que les valeurs de ces deux modes de compréhension d'autrui sont finalement assez faibles, de par
leur côté superficiel, de par les erreurs de compréhension qu'elles peuvent entraîner.
On arrive donc à cette
conclusion que pour bien comprendre autrui il faut tenter de se mettre à sa place..
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