Est-ce un devoir de respecter la nature ?
Extrait du document
«
1.
Interrogez-vous d'abord sur le sens du concept « nature ».
Il s'agit ici de l'univers dans lequel nous vivons, de ce
qu'on appelle aussi l'environnement.
2.
Respecter : ordinairement, on utilise ce mot pour une personne et on l'associe à une valeur morale.
I.
PROBLÉMATIQUE
Doit-on ou même peut-on considérer la nature comme on considère une personne? Lui attribuer les mêmes qualités
et se conduire vis-à-vis de la nature comme vis-à-vis d'un être humain?
II.
DÉVELOPPEMENT
1.
Nous sommes une partie de ce « Grand Vivant » qu'est la nature
• Analogie macrocosme et microcosme Pour les Stoïciens, la nature c'est l'ordre, la perfection.
Le bonheur consiste
à « vivre conformément à la nature », synonyme de raison, de destin, providence.
L'homme s'y intègre sans
chercher à la changer, encore moins à la violer.
• La nature est alors divinisée
Le rôle de l'homme est de la contempler et de comprendre la nécessité des lois de la nature.
Ainsi, il atteindra la
sagesse.
La pensée antique respecte profondément la nature.
• La respecter c'est respecter la part divine de l'homme, partie de la nature.
2.
L'homme transcende la nature C'est avec le monothéisme que naît la conception de l'homme supérieur à la
nature.
Cette nature a été créée par Dieu pour l'homme qui peut en devenir le «maître et possesseur » (Descartes).
Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes met au jour un
projet dont nous sommes les héritiers.
Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de la
science, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs
de la nature ».
Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du
machinisme, de la domination technicienne du monde.
Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la
philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa
compréhension antérieure.
Dans le « Discours de la méthode », Descartes
polémique avec la philosophie de son temps et des siècles passés : la
scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation chrétienne de la
doctrine d'Aristote.
Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la
philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie
pratique ».
La philosophie spéculative désigne la scolastique, qui fait
prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur l'agir.
Aristote et la
tradition grecque faisaient de la science une activité libre et désintéressée,
n'ayant d'autre but que de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.
La
vie active est conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne non
seulement des hommes, mais des dieux.
Descartes subvertit la tradition.
D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science
cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.
Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de
maîtrise s'introduit au cœur même de l'activité de connaître.
La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une
« philosophie pratique ».
« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient
qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais
principalement aussi pour la conservation de la santé […] »
La nature ne se contemple plus, elle se domine.
Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à
l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».
Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle
de la technique.
Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut
s'appliquer dans une technique.
La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science
appliquée.
D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos
artisans ».
Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».
Il n'est pas
indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.
On connaît comme on agit ou on
transforme, et dans un même but.
La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme,
dans son propre intérêt.
Connaître et fabriquer vont de pair.
D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la
nature.
La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la.
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