Est-ce que l'homme est libre ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
VRAIMENT : avec certitude, complètement, sans une part d'ombre qui échappe.
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
Problématique
Le sujet libre est l'auteur d'un choix (d'action ou de pensée) que rien d'autre que sa volonté ne semble avoir
influencé.
Cette capacité de choix se nomme libre arbitre.
Mais l'homme possède-t-il ce libre arbitre ? Peut-il
démontrer l'existence du libre arbitre ? Il semble impossible de faire de la liberté la conclusion nécessaire d'un
raisonnement logique, car tout raisonnement pourrait d'emblée faire l'objet d'une légitime suspicion.
Je ne peux pas
dire : « J'avais le choix entre tel et tel objet, j'ai choisi le premier, donc je suis libre », car le choix peut toujours
avoir été déterminé par des causes qui m'échappent.
Si le raisonnement ne peut démontrer la liberté, n'est-ce pas
l'expérience qui pourra en fournir la preuve ? Le libre arbitre ne serait-il pas l'objet d'une expérience première ? N'aije d'ailleurs pas, au fond de moi, le sentiment immédiat de ma liberté ? Mais comment accorder ma confiance à une
expérience qui peut être déformée par ma subjectivité, c'est-à-dire par la conjugaison de mon désir de me croire
libre et de mon ignorance de ce qui m'influence ? L'expérience de la liberté n'est-elle pas une illusion ?
1° L'évidence première de la liberté
Pour Descartes, la liberté peut être expérimentée : elle « se connaît sans
preuve ».
Par l'usage de son libre arbitre, l'homme connaît immédiatement la
puissance de sa volonté.
Il saisit qu'il y a plusieurs possibilités, que seule sa
volonté choisit l'une d'elles et que son choix aurait pu être autre.
« Il est si
évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner son consentement
ou ne le pas donner quand bon lui semble, que cela peut- être compté pour
une de nos plus communes notions ».
La liberté est une « notion commune »
et une « notion première » : « commune », car elle est universelle ; «
première », car elle est saisissable en elle-même et non par autre chose, et
permet d'expliquer beaucoup d'autres choses (nos actions, nos pensées).
La
liberté est une faculté de commencer, dont on ne peut, par essence, rendre
compte par quelque chose qui la précéderait et dont elle procéderait.
C'est
une cause première.
L'homme peut concevoir en Dieu une intelligence ou une imagination infinies et
parfaites, et sentir ainsi, par contraste, sa propre faiblesse et finitude.
Mais
par sa volonté, le sujet se rapproche de Dieu car elle est, chez lui aussi, une
faculté infinie.
Comme Dieu, l'homme a une volonté infinie.
Si l'homme n'est que matière, si son être se résume à son corps, comment le
penser libre ? Le corps reste soumis aux contraintes qui s'exercent sur la
matière : il est déterminé.
Pour dire que l'homme est libre, il faut donc qu'il y
ait en lui quelque chose d'absolument indépendant du corps, quelque chose d'inconditionné.
Descartes nomme cette
chose : « l'âme », « l'esprit », « la pensée ».
Par ailleurs, l'être limité qu'est l'homme ne peut pas être à l'origine de
cette liberté infinie.
Il faut donc qu'il l'ait reçue d'un principe extérieur, lui-même infini.
Descartes nomme ce principe
« Dieu ».
Bref, si je crois être libre, je pose à la fois l'âme et Dieu : c'est une position métaphysique.
Mais la volonté ne suffit pas pour permettre un choix pleinement et authentiquement libre.
Devant plusieurs objets,
ma seule volonté ne décide de rien : totalement indifférente à ce qui se présente à elle, elle peut certes choisir,
mais n'a aucune raison de le faire.
Cette pure possibilité de choix, que Descartes nomme « liberté d'indifférence »,
conduit selon lui à l'impossibilité de choix.
Telle est l'absurdité racontée par Buridan : un âne absolument libre meurt
assoiffé et affamé devant un seau d'eau et une mesure d'avoine.
Ses deux volontés sont aussi fortes l'une que
l'autre, et donc impossibles à départager.
Vouloir choisir absolument, c'est vouloir choisir sans raison, maintenir une
absolue possibilité de choix ; cela revient à ne pas choisir, ou à laisser le hasard décider pour soi.
À cette liberté d'indifférence, Descartes oppose une liberté éclairée, en rapportant la volonté à l'entendement : «
Car afin que je sois libre, il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des contraires ; mais
plutôt, d'autant plus que je penche vers l'un, soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s'y
rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l'intérieur de ma pensée, d'autant plus librement j'en fais choix et je
l'embrasse.
» La liberté n'est pas l'absence de raison, ni la pure possibilité de choix, mais le choix en connaissance
de cause.
Plus je connais, plus j'ai de raisons de me déterminer pour tel objet, plus ma volonté sera portée à le
vouloir, et plus je serai libre.
L'entendement, faculté de connaître, est ainsi capable d'incliner la volonté et
d'augmenter la liberté.
L'homme est d'autant plus libre qu'il s'accorde rationnellement avec les objets de ses choix..
»
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