Est-ce que les hommes se haïssent de nature ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
NATURE :
1° L'inné par opposition à l'acquis (nature opposée à culture, ou chez les anthropologues anglo-saxons nature
opposée à nurture); 2° Essence, ensemble des propriétés qui caractérisent un objet ou un être (la nature de
l'homme par exemple); 3° L'ensemble des phénomènes matériels, liés entre eux par des lois scientifiques.
En ce sens,
le naturel peut s'opposer au surnaturel qui désigne une intervention transcendante de la divinité; 4° Spinoza
distingue la nature naturante, c'est-à-dire la substance infinie et la nature naturée, les divers modes par lesquels
s'exprime cette substance.
Le mot nature est ambigu.
Le naturalisme du xviiie siècle par exemple est contradictoire.
D'une part son épistémologie réduit la nature à un mécanisme (des faits soumis à des lois nécessaires) indifférent
aux valeurs humaines.
D'autre part, sa morale prétend se fonder sur la nature, c'est-à-dire sur des tendances
spontanées, supposées bonnes; la nature devient alors la Mère-Nature, une sorte de providence bienveillante.
Le sujet oppose implicitement deux conceptions, de "l'état de nature" et de la société.
La première suppose que
l'état de nature est paisible et que c'est la société qui produit la haine, par conflit d'intérêts par exemple
économiques (voir Rousseau, les deux discours, notamment le Discours sur les origines de l'inégalité).
La deuxième
montre que si l'homme passe de l'état de nature à la société, c'est bien parce qu'il y trouve un avantage : celui
notamment de gagner en sécurité, ce qui suppose que l'état de nature est l'illustration d'une haine "naturelle"
(l'homme est un loup pour l'homme, selon Hobbes, dans le Léviathan).
Pourquoi l'homme haïrait-il l'autre
spontanément ? Peut-être parce qu'il le craint ? Par haine de la différence ? Peut-on distinguer deux types de haine,
une "haine" naturelle, guidée peut- être par un instinct de conservation, et qui prendrait pour objet ce qui menace
sa survie ; et une haine induite par la société, qui renverrait à des représentations imaginaires, ou à une histoire
(racisme, haines nationales) ? Dans le deuxième cas, peut-on parler de haine innée ? N'est-ce pas la société qui
veut faire passer pour naturelle la haine de l'étranger, pour la légitimer ? Mais cette haine sociale ne développe-telle pas un sentiment propre à tout homme ? Ne repose-t-elle sur rien qui soit déjà en l'homme ?
Problématique:
A en juger par les cruautés, les atrocités, les guerres dont se montrent capables les hommes les uns envers les
autres, individuellement ou collectivement, il semble légitime de s'interroger au moins sur le fond de la nature
humaine.
A-t-on plus de raisons d'être optimiste ou pessimiste? Le lien social ne fait-il que recouvrir un mauvais
instinct, ou peut-il véritablement parvenir à transformer l'homme, en lui faisant prendre conscience qu'il n'y a pas de
salut pour lui en dehors de la coopération avec ses semblables? Finalement, il s'agit de se demander quel est le
destin de la sauvagerie dans la civilisation.
Les hommes vivent continuellement ensemble.
Nous rencontrons autrui partout et le mythe de l'existence solitaire
devient de plus en plus impossible à réaliser.
De par cette communauté, certaines amitiés, il semble absurde de
prétendre que les hommes se haïssent.
Mais les hommes semblent gouvernés par leur égoïsme et leur amour de soi.
Autrui devient alors haïssable parce que sa présence dans le monde m'empêche de jouir pleinement de la vie.
Pourtant les hommes sont-ils enclins par nature à la haine ? L'amour n'est-il pas un sentiment premier ? N'aimonsnous pas nos proches et en premier lieu nos parents ? De plus, si la haine est première , l'homme doué de raison ne
peut-il pas essayer de la comprendre et de la chasser ?
La haine des autres est présente dès la naissance.
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