Est ce que le monde extérieur est un produit de l'imagination ?
Extrait du document
«
Le monde extérieur, en tant que réel extérieur à nous, est souvent conçu comme l'oeuvre des sens.
Dans un premier
temps, il est adéquat à ce que nous voyons, nous sentons,...
Le terme "imagination" vient du latin imago, qui est de
la même racine que imitari, "imiter".
En son sens étymologique, l'imagination serait donc l' "imitation des images".
En
effet, l'imagination dite "reproductive" consiste dans le fait de se représenter des objets absents.
Nous avons donc
du mal à comprendre pourquoi l'imagination interviendrait dans la perception.
Pourtant, qu'est ce qui nous prouve
que le monde tel que nous le concevons est le monde réel.
Comme le dit Descartes, rien ne distingue les images du
rêve, produit de l'imagination et les images de la veille.
De plus, l'imagination comme faculté de lier les choses entre
elles ne permet-elle pas d'unifier notre vision du monde, de lui donner un sens unitaire? Le monde extérieur ne doit-il
pas être l'oeuvre de l'imagination créatrice? L'imagination ne peut-elle pas ouvrir le champ des possibles?
Le monde réel est le produit de l'entendement, l'imagination est purement fantaisiste
Le monde extérieur est traditionnellement considéré comme un produit de la perception.
Il est en effet, avant tout
affaire de sens.
Ces fonctions sensorielles nous renseignent sur ce qui est extérieur à nous et sont les seuls moyens
pour le faire, elles sont vitales et biologiques.
Les sens visent l'adaptation de notre corps au monde.
"Nos sens sont
très fidèles et très exactes pour nous instruire, des rapports, que tous les corps qui nous environnent ont avec le
nôtre."( Malebranche, De la recherche de la vérité)
Plus tard, les philosophes mettront en évidence que toute sensation est intellectuelle, qu'elle est déjà mise en forme
par les facultés de notre intelligence.
Mais, c'est sous l'action de l'entendement que les formes reçoivent sens et
organisation et absolument pas de l'imagination.
En effet, cette dernière a été pendant longtemps considéré comme ennemie de la raison et source d'illusion.
Pour
Descartes, l'imagination n'est "en aucune sorte nécessaire à ma nature, ou à
mon essence." C'est un pouvoir de l'esprit pauvre, beaucoup plus pauvre que
l'entendement.
Dans la sixième Méditation, Descartes observe qu'il est possible d'imaginer un
triangle, c'est-à-dire de se le représenter à l'esprit, bien présent et réel, mais
qu'il est impossible d'imaginer un "chiliogone", figure géométrique à mille côtés.
La conception ou l'intellection de n'importe quelle figure est possible et se fait
sans difficultés, il suffit d'en produire la définition.
L'imagination se trouve
rapidement limitée dans sa puissance de représentation.
Fort utile pour se
représenter les choses corporelles ordinaires de la vie, elle se fait vite
confuse et approximative si on veut la comparer à la précision et à la
distinction des concepts.
L'imagination peine quand la conception est encore
rapide et aisée.
Mais dans le Discours de la méthode, Descartes reconnaît à
l'imagination une puissance supérieure à la raison : "Comme dans le silex, il y a
en nous des semences de science : les philosophes les tirent au jour au
moyen de la raison, tandis que par le moyen de l'imagination, les poètes les
font jaillir et jeter une plus claire lueur."
De plus, nous l'avons vu la faculté d'imagination peut seulement rendre
présent un objet absent- c'est l'imagination reproductrice- ou alors combiner
des images qui ne correspondent à rien de réel ni de donné.
Ainsi, le monde extérieur est un produit des sens et de la perception, mais nullement de l'imagination qui est
maîtresse de l'illusion et ne concerne que des objets absents.
L'imagination est la capacité de combiner les idées
Pourtant, Hume s'oppose à une identification entre imagination et fantaisie.
Il souligne que l'imagination est la
capacité de combiner les idées ou de les anticiper, bref de les associer.
Si cette association des idées est libre, elle
peut aussi se régler et devenir ce grâce à quoi nous connaissons le monde.
Chez Hume, la distinction cartésienne
entre imagination et entendement disparaît.
C'est la même faculté que le philosophe appelle "imagination".
Elle peut
être aussi bien, selon qu'elle est réglée, source des inventions les plus délirantes mais aussi moyen de repérer des
lois dans la nature.
Kant soulignera aussi le pouvoir de synthèse et de liaison qu'opère l'imagination au service de la connaissance.
Elle
est chez lui, aussi possibilité de combiner les idées.
On peut donc alors penser que sans l'imagination, nous ne
pourrions avoir une vue unifiée du monde extérieur, que seule, l'imagination permet de faire le lien entre les
différents objets de notre champ perceptif mais aussi les idées que leur sont rattachés.
L'imagination : un art caché dans les profondeurs
Longtemps, la philosophie a été brouillée avec l'imagination.
En témoignent les deux façons qu'elle a eues de la
considérer.
D'abord comme « maîtresse d'erreur et de fausseté », ou bien encore comme « folle du logis ».
Ensuite
comme moyen pauvre de connaissance, passant par la médiation des images au lieu de la pensée.
Ces critiques* ne
sont pas injustifiées.
Car il est vrai qu'il existe une imagination destructrice quand celle-ci prend l'allure de cette
effervescence de l'esprit extrapolant sans fondements à partir d'une impression ou d'une émotion.
Comme il est vrai
qu'il est réducteur d'avoir besoin de se faire des images à propos de tout.
Cela dit, est-ce là une raison pour.
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