Est-ce parce qu'ils sont ignorants que les hommes ont des croyances ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
La forme du sujet (question fermée) invite à y répondre par « oui » ou par « non » avec toutes les précisions
qui s'imposent
Il fait intervenir les notions d'ignorance et de croyance et nous interroge sur le lien qui les unit : la croyance
est-elle le corollaire de l'ignorance ?
La croyance peut être définie comme l'adhésion à une idée, par exemple : la croyance en l'existence de Dieu,
en l'efficacité du modèle social européen, en la possibilité d'une mathématique universelle etc.
Dans toutes ces
illustrations, nous relevons deux traits caractéristiques de la croyance : premièrement, la vérité de son objet
demeure incertaine.
La croyance est donc une adhésion non entièrement objective.
Mais pourquoi croire en
quelque chose, autrement dit y adhérer alors que des raisons manquent, plutôt que de laisser en suspend son
jugement ? C'est ce qui nous conduit au second point : la croyance suppose l'investissement du croyant.
Tant
que la croyance dure, il agît et pense comme si la vérité de son objet était certaine, voire s'efforce à la
réaliser.
L'ignorance est un défaut de connaissance, conscient ou non.
Elle disparaît donc ou bien par l'apprentissage de
ce dont on a conscience qu'il fait défaut, ou bien par la découverte de ce que l'on ne soupçonnait même pas.
Problématisation :
Le sujet s'appuie sur un fait : les hommes ont des croyances.
Nous devons statuer sur la légitimité de l'affirmation
selon laquelle la cause de ce fait serait l'ignorance.
Prenons le problème à l'envers et demandons-nous :
1.
Le savant pourra-t-il se passer de croire ?
Par ailleurs, l'ignorance conçue comme défaut de savoir suppose que la croyance, qui viendrait combler l'ignorance,
serait elle-même affectée par un défaut d'objectivité, privilège exclusif du savoir.
Mais :
2.
Toute croyance est-elle dénuée d'objectivité ?
Proposition de plan :
I – Le savant pourra-t-il se passer de croire ?
Référence : Pascal, Les pensées
« — Examinons donc ce point, et disons : «Dieu est, ou il n'est pas.» Mais de quel côté pencherons-nous ? La
raison n'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare.
Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette
distance infinie, où il arrivera croix ou pile.
Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l'un ni l'autre; par
raison, vous ne pouvez défaire nul des deux.
Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous
n'en savez rien.
— Non ; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui
prend croix et l'autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier.
— Oui,
mais il faut parier; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.
Lequel prendrez-vous donc ? Voyons.
Puisqu'il
faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.
(...) .Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que
l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir.
Voilà un point vidé.
Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte,
en prenant croix que Dieu est.
Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne
perdez rien.
Gagez donc qu'il est, sans hésiter.
»
Il y a des questions auxquelles la raison ne peut apporter aucune réponse, en particulier, la question de l'existence
de Dieu.
Même le savant le plus éminent, qui aurait parcouru toute l'étendu du savoir, ne peut y répondre.
Il
demeure cependant une solution raisonnable : celle du pari.
Nous avons en effet toutes les raisons de préférer
croire en Dieu plutôt que de nier son existence selon Pascal.
C'est bien ici notre ignorance qui nous conduit à croire : l'objet de la croyance (ici, l'existence de Dieu) n'est certes
pas objectif puisqu'il échappe à la raison, mais le choix de croire n'est pas non plus déraisonnable, puisqu'il n'engage
pas la raison.
Le savant ne peut alors pas se passer de croire, non pas parce qu'il sait tout, mais parce qu'il ne peut
lui-même échapper à l'ignorance, et parce que son savoir et sa raison ne lui interdisent pas de croire..
»
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