Est-ce l'illusion ou le savoir qui rend heureux ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
On définit le bonheur comme un état de satisfaction durable, et on le pose souvent comme la recherche finale de
toute vie humaine.
Le contenu du bonheur pose cependant problème : de quoi le bonheur est-il fait ? Quelles sont
les conditions de son obtention ? Peut-on travailler à son bonheur, ou le bonheur est-il un état qui nous échoit ou
non sans que nous puissions vraiment être sa cause ?
Une illusion est une erreur que l'on tient pour une vérité.
Nous entretenons avec elle le même rapport qu'avec une
vérité, alors même qu'elle est le contraire d'une vérité.
Concevoir une chose, c'est la construire par l'esprit : le sujet demande donc si l'on peut penser un bonheur qui
serait exempt de tout écart par rapport à la réalité, un bonheur basé sur une connaissance exacte de la réalité
même dans ses éléments les plus sombres.
La perspective présupposée par le sujet est donc assez pessimiste,
puisqu'elle met en doute la possibilité de la conception d'un réel bonheur sans l'aide de l'illusion et donc de l'erreur.
Il
faudra interroger ce présupposé pour proposer une conception du bonheur qui s'y accorde ou bien s'en détache – la
philosophie a abondamment travaillé sur la seconde de ces alternatives.
Problématique
Illusion et savoir sont antithétiques.
Le problème posé ici est de savoir si c'est l'illusion ou le savoir qui est à même
de nous permettre d'atteindre le bonheur.
Le bonheur est-il toujours imbécile ? Ou, au contraire, est-ce la sagesse
qui nous permet de l'atteindre ? Un bonheur tissé d'illusion est-il concevable et acceptable ? La lucidité n'est-elle
par amertume.
Milena disait à propos de son compagnon Kafka: "Il est triste comme si il savait tout"...
Proposition de plan
I.
L'illusion comme correction du réel
Pourquoi l'illusion entre-t-elle dans la conception du bonheur ? Expliquer cela
permettra d'évaluer la valeur de l'illusion pour éventuellement la minimiser par
la suite.
L'illusion permet de construire un monde intérieur moins sombre que
le monde réel, elle consiste à choisir certains aspects du monde et à se
convaincre qu'il s'agit là de la réalité.
Le bonheur se conçoit alors sur une
sélection et une transformation inconsciente des éléments du réel.
Il est
permis par un détachement à l'égard du réel, et par une certaine forme
d'ignorance entretenue.
Bachelard, La poétique de la rêverie
« Toute enfance est fabuleuse, naturellement fabuleuse.
Non pas qu'elle se
laisse imprégner, comme on le croit trop facilement, par les fables toujours si
factices qu'on lui raconte et qui ne servent guère qu'à amuser l'ancêtre qui
raconte.
Que de grand'mères qui prennent leur petit-fils pour un petit sot !
Mais l'enfant né malin attise la manie de raconter, les sempiternelles
répétitions de la vieillesse conteuse.
Ce n'est pas avec ces fables fossiles,
ces fossiles de fables que vit l'imagination de l'enfant.
C'est dans ses propres
fables, c'est dans sa propre rêverie que l'enfant trouve ses fables, des fables
qu'il ne raconte à personne.
Alors, la fable, c'est la vie même.
»
II.
Les conditions de la conception du bonheur
Ce recours à l'illusion est révélateur de la manière dont l'homme se rapporte au bonheur dans la recherche qu'il mène
de ce dernier.
Il faut interroger l'idée d'une indétermination inévitable du concept de bonheur, qui laisse place à un
recours à l'illusion.
L'illusion serait alors des éléments les plus faciles d'accès de la conception du bonheur.
Cela
minimise sa valeur : elle est un pis-aller..
»
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