Est-ce la Culture qui distingue vraiment l'homme de l'animal ?
Extrait du document
«
On pense généralement que l'homme est sorti de l'animalité par la culture, mais c'est présupposé que la différence entre l'homme et l'animal est une
différence de culture et non de nature, qu'il y aurait une continuité des êtres et non une différence profonde.
L'existence de la culture inclut le fait que
l'homme doit posséder des capacités intellectuelles, une raison, un langage choses qui séparent l'homme de l'animal d'une manière plus certaine et plus
principielle que la culture qui ne serait que la conséquence de ces capacités.
A ussi, le rôle de la culture ne serait que second pour séparer l'homme de
l'animal.
1) Les différences homme/animal : une différence de perception du monde.
Les différences entre les Umwelt (monde perçu) de l'humain et ceux de l'animal sont essentielles.
Contrairement à Von Uexküll, L'éthologue Buytendijk ne
pense pas que l'on puisse dire que l'homme a un environnement comme l'animal.
Au contraire de ce dernier, l'homme a un monde, car il adopte toujours un
point de vue.
L'expérience et les habitudes de l'homme conditionnent son organisation et ses opinions.
Son environnement se développe dans ce contexte.
A u contraire de l'animal qui est une espèce naturelle, l'homme est une idée historique.
A u-delà de ses sensations et ses actions.
Il agit en fonction de la
connaissance de s e s actes.
Il n'est pas seulement immergé dans son monde, comme l'animal qui existe avec lui, mais il lui fait face ; il n'est pas
simplement acteur mais aussi spectateur.
Buytendijk développe la notion de maintient intérieur qui permet à l'homme d'assimiler des valeurs et d'en faire
des valeurs pratiques.
Si l'homme comme l'animal s'oriente en fonction des significations qu'il attribue aux situations, l'humain a également connaissance
de la signification des significations.
Il connaît le passé et le futur.
Ses actes s'appuient sur la mémoire du passé et l'anticipation de l'avenir.
L'homme
montre donc une « animalité supérieure », il ne reçoit pas immédiatement la sensation, mais la défléchit.
En ayant la possibilité de dire non, l'homme
rencontre l'objet, et au contraire de l'animal, il instaure une séparation très nette avec ce premier et le sujet.
Si l'animal évolue dans une présence, il existe
une réalité pour l'homme.
Le sérieux est toujours l'état de l'animal, là où l'humain peut mentir ou même sourire.
La différence entre l'homme et l'animal se
manifeste aussi dans le rapport au corps des uns et des autres.
Leur corporéité animée diffère.
L'homme éprouve la sienne comme une possession et il se
rend compte très vite que sa propre subjectivité ne coïncide pas avec elle.
C itant Merleau-Ponty, Buytendijk définit la corporéité animée comme l'opération
originaire qui installe un sens dans un fragment de matière, l'y fait habiter, apparaître, être.
Les différences entre les capacités imitatives de l'homme et
celles de l'animal permettent de mieux comprendre la spécificité de la corporéité animée de l'homme.
On trouve chez l'enfant une véritable intelligibilité de
l'acte perçu, et Buytendijk estime que l'enfant n'imite pas un acte mais un autre homme.
De même, la perception chez l'homme et l'animal n'est pas
superposable.
C hez l'humain, le regard suscite des images alors que pour l'animal la sensation est première et que c'est elle qui conditionne le regard.
Les
formes ne sont perçues que dans la mesure où elles renvoient à des objets qui ont un rôle fonctionnel dans leur vie ou dans leur survie.
2)Une différence de nature.
Descartes dans la cinquième partie du Discours de la Méthode évoque l'idée que les animaux ne sont que des machines forte complexes.
L'homme est une
machine faite des mains de Dieu beaucoup plus perfectionnée que celle fabriquée par les hommes.
Allant même plus, il fait remarquer qu'on pourrait
distinguer une machine construite parfaitement d'un animal.
Il se débarrasse par là de l'âme sensitive de l'école.
Il récuse même que les animaux agisse
grâce à une quelconque âme.
Les animaux sont des automates qui agissent par ressort.
C e passage du discours de la Méthode vaut mieux que de longues
explications sur la différence de l'homme et de l'animal : « Or, par ces deux mêmes moyens, on peut aussi connaître la différence qui est entre les hommes et les
bêtes.
Car c'est une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qu'ils ne soient capables
d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées ; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant
parfait et tant heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable.
Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes : car on voit que les pies et les
perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est-à-dire en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils lisent ; au
lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui servent aux autres pour parler,- autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer
d'eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui étant ordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue Et ceci ne témoigne pas
seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout : car on voit qu'il n'en faut que fort peu pour savoir parler ; et
d'autant qu'on remarque de l'inégalité entre les animaux d'une même espèce, aussi bien qu'entre les hommes, et que les uns sont plus aisés à dresser que les autres,
il n'est pas croyable qu'un singe ou un perroquet qui serait des plus parfait.
De son espèce n'égalât en cela un enfant des plus stupides, ou du moins un enfant qui
aurait le cerveau troublé, si leur âme n'était d'une nature toute différente de la nôtre.
Et on ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui
témoignent les passions, et peuvent être imités par des machines aussi bien que par les animaux ; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien
que nous n'entendions pas leur langage.
Car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire
entendre à nous qu'à leurs semblables.
C'est aussi une chose fort remarquable que, bien qu'il y ait plusieurs animaux qui témoignent plus d'industrie que nous en
quelques unes de leurs actions, on voit toutefois que les mêmes n'en témoignent point du tout en beaucoup d'autres : de façon que ce qu'ils font mieux que nous ne
prouve pas qu'ils ont de l'esprit, car à ce compte ils en auraient plus qu'aucun de [189] nous et feraient mieux en toute autre chose ; mais plutôt qu'ils n'en ont point,
et que c'est la nature qui agit en eux selon la disposition de leurs organes : ainsi qu'on voit qu'un horloge, qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut
compter les heures et mesurer le temps plus justement que nous avec toute notre prudence.
» A ussi, c'est la raison présente en l'homme qui lui permet de
proférer un langage articulé, et le différencie des animaux, l'homme est quelque chose de plus qu'une mécanique, il possède une âme.
A ussi, ce n'est pas
seulement une différence de culture, mais de nature entre l'homme et l'animal dont parle Descartes.
3) L'apparition du langage comme avènement de la culture, la différence homme/animal comme une différence de culture.
Une comparaison, toujours plus complexe, du langage animal et du langage humain ; une meilleure connaissance du fonctionnement des messages animaux
ainsi que le progrès de la linguistique générale permettent de localiser avec plus de précision l'originalité du langage humain, en mettant l'accent sur le
phénomène de double articulation qui fonde la dualité des unités distinctives et des unités significatives et sur la dualité du lexique et de la syntaxe.
Du
même coup, le second problème, celui de l'origine des signes, problème imposé par le fait général de l'évolution, paraît plus obscur que jamais : comment
passer du langage animal au langage humain ? La tendance antihistoriciste de la linguistique structurale incline plutôt à mettre entre parenthèses le
problème de l'origine des signes, si important aussi bien dans la tradition du romantisme philosophique que dans celle de l'empirisme.
Toutefois, le problème
a avancé dans une autre direction.
On aperçoit toujours mieux la corrélation entre l'institution des signes, celle de l'outil et celle de la loi sociale
(principalement l'interdiction de l'inceste qui distingue le partenaire sexuel permis du parent).
L'œuvre d'A ndré Leroi-Gourhan est à cet égard fondamentale
pour approcher la constitution simultanée de la technologie, du langage et de la socialité.
C omme il n'y a pas de paléontologie du langage, au sens où il y a
une paléontologie de l'outil, c'est en liaison avec cette dernière et sur la base d'une meilleure compréhension de la syntaxe du geste que le problème de
l'origine du langage est susceptible de progrès.
A ussi, le langage est un élément à part entière de la culture, faisant partie d'un tout, on ne peut dissocier le
langage d'un passage de l'animal à l'homme, le langage n'est pas apparu seul dans l'histoire de l'homme en dehors d'autres progrès comme la technique,
l'art, en somme ce qui constitue l'ensemble de la réalité humaine.
Conclusion.
On ne peut prendre la culture comme fait premier séparant l'homme de l'animal, l'homme a des capacités intellectuelle supérieure à l'animal et ce d'une
manière physiologique, qui lui permette de développer le langage, une perception du monde particulière, la raison, ces éléments portent en eux les germes
de la culture qui différencient fondamentalement l'homme de l'animal.
A ussi, les questions de pensée et de langage animal ne suffisent pas à invalider cette
différence profonde..
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