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Est-ce condamner une théorie politique que de la qualifier d'utopie ?

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« Termes du sujet: UTOPIE (n.

f., étym.

: néologisme formé par Th.

MORE à l'aide du grec ou [non] et topos [lieu] pour désigner la cité imaginaire qu'il décrit ; d'où, par ext.) Description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme irréalisable, chimérique ; par ext., l'adj.

utopique a souvent le sens d'irréalisable. POLITIQUE: 1) comme adjectif, qui a rapport aux affaires publiques, à l'État.

2) Comme nom au féminin: science ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État.

3) Comme nom masculin, personne qui gouverne. THÉORIE (n.

f., étym.

: grec theoria : vue d'un spectacle, contemplation, spéculation) 1.

— (Lato) Connaissance spéculative, abstraite, désintéressée, enchaînant des principes à des conséquences ; opposée à pratique.

2.

— Ensemble d'hypothèses gén.

visant à expliquer soit la totalité, soit une classe déterminée de phénomènes.

3.

— Ensemble d'hypothèses, d'opinions gén.

propres à un auteur.

4.

— Construction achevée d'une doctrine scientifique : « La théorie est l'hypothèse vérifiée après qu'elle a été soumise au contrôle du raisonnement et de la critique expérimentale » (Claude BERNARD). Les utopies ont souvent été rejetées ou méprisées parce qu'elles ne sont pas ancrées dans la réalité concrète, quotidienne.

La conception d'un État parfait éloigne de la réalité empirique.

Mais suffit-il de qualifier d'utopie une théorie politique pour la condamner? Construire le projet d'une société idéale ne permet-il pas d'améliorer la société existante, même si elle reste en grande partie à l'état de projet? L'utopie, une chimère. • Elle est onirique : elle tourne délibérément le dos à la réalité concrète pour mieux tendre vers un ailleurs conçu par l'imagination. • Elle est chimérique : c'est un pays imaginaire où règne un gouvernement idéal. • Elle est ainsi dépourvue de tout sens pratique, puisqu'elle s'installe dans un pays qui n'existe pas, et fait ainsi abstraction des difficultés rencontrées dans notre réalité, tout étant réglé pour toujours à la perfection. • L'utopie comme illusion aliénante. a) Marx et Engels prononcent la fin de l'utopie.

Pour eux les utopies sont illusoires car conçues à partir d'un idéal sentimental, non de l'étude scientifique des rapports socio-économiques.

Les utopies (celles de SaintSimon, de Fourier, etc.) correspondraient à une époque où la production capitaliste était encore peu développée (elles sont ainsi historiquement datées) et donc à une époque où l'on ne pouvait pas voir à quelle société _conduisaient les contradictions du capitalisme.

La doctrine communiste ne serait pas utopique dans la mesure où elle se fonderait sur une analyse scientifique de l'histoire. Mais on peut se demander si Marx et Engels n'ont pas été eux-mêmes victimes de l'illusion utopique. b) En tant que projection d'un idéal (dans l'avenir), l'utopie peut apparaître comme une illusion servant de prétexte à esquiver le défi de l'histoire et à s'évader de cette dernière. Ainsi R.

Ruyer (dans l'Utopie et /es utopies) la rapproche de la schizophrénie en ce sens qu'avec elle l'homme perd le contact avec la réalité et se dissocie de lui-même pour se projeter dans une restructuration fantastique de son milieu. L'utopie, une fonction critique. • Elle permet d'espérer (vertu consolatrice). • Elle permet de dénoncer les tares de l'ordre existant et de proposer de nouveaux idéaux.

C'est le sens des utopies socialistes du XIXe siècle.

Fourier tente par exemple de créer des phalanstères, des petits groupes de travailleurs associés en coopérative. • Elle permet donc de faire progresser l'ordre politique, social, économique. L'utopie, une activité intellectuelle théorique. • Elle semble indifférente à sa propre réalisation.. »

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