Epicure: la divinité comme un être immortel et bienheureux
Extrait du document
«
"En premier lieu, regarde la divinité comme un être immortel et
bienheureux, ce qu'indique déjà la façon ordinaire de la concevoir.
Ne lui
attribue rien qui soit en opposition avec son immortalité ou incompatible
avec sa béatitude.
Il faut que l'idée que tu te fais d'elle contienne tout ce
qui est capable de lui conserver l'immortalité et la félicité.
Car les dieux
existent et la connaissance qu'on en a est évidente, mais ils n'existent
pas de la façon dont la foule se les représente.
Celle-ci ne garde jamais à
leur sujet la même conception.
Ce n'est pas celui qui rejette les dieux de
la multitude qui doit être considéré comme un impie, mais celui qui leur
attribue les fictions de la foule.
En effet, les affirmations de cette dernière
ne reposent pas sur des notions évidentes, mais sur des conjectures
trompeuses.
De là vient l'opinion que les dieux causent aux méchants les
plus grands maux et qu'ils octroient aux bons les plus grands biens.
Toujours prévenus en faveur de leurs propres vertus, les hommes
approuvent ceux qui leur ressemblent et considèrent comme étrange ce
qui diffère de leur manière d'agir." ÉPICURE
VOCABULAIRE:
CONJECTURE: Toute proposition que l'on considère comme vraie, sans
toutefois pouvoir en apporter la preuve dans l'état actuel de la connaissance.
Une conjecture prouvée devient un théorème.
Citer Épicure dans un sujet sur la religion (« Si nous n'avons pas peur de Dieu, tout est–il permis â»)
Le texte d'Épicure vise à critiquer les superstitions qui viennent d'une fausse conception des dieux.
Pour Épicure en
effet, la plupart des hommes ont une représentation erronée et anthropomorphique des dieux: ils leur prêtent des
sentiments et des attitudes humaines, sans comprendre que leur perfection nécessite qu'on les pense autrement.
En
particulier, le sage doit avoir conscience qu'il n'y a rien à craindre ni à attendre des dieux car, dans leur perfection et
leur autosuffisance, ils sont indifférents aux hommes.
Une telle conception renverse les rapports entre la religion et la
morale.
Car, pour la foule, c'est la crainte d'un châtiment divin qui justifie les bonnes actions.
Alors que pour Épicure,
c'est là une fausse piété et une mauvaise morale.
La vraie piété consiste en une connaissance rationnelle de la
perfection divine.
Elle débouche sur une morale qui ne fait pas abstraction des dieux, mais qui fait reposer ses
commandements sur la raison même (en particulier, la discipline des désirs) et non sur la peur des dieux qui, loin de
discipliner les hommes, les mène à des comportements déréglés.
Pour Épicure, c'est donc dans la connaissance du fait
qu'il n'y a rien à craindre des dieux que se fonde la vraie morale.
L'indifférence des dieux ne mène pas au dérèglement
des hommes, mais au contraire, à leur autodiscipline par la raison.
Citer Épicure dans un sujet sur la matière et l'esprit (« Y a–t-il des choses qui échappent à toute connaissance?")
La conception par Épicure de l'indifférence des dieux repose sur sa philosophie matérialiste.
Pour Épicure en effet, tout
est matière, tout est fait d'atomes, y compris les âmes, y compris les dieux.
Cette thèse est pour lui le produit d'un
raisonnement qui repose sur «des notions évidentes», découlant des idées communes d'immortalité et de béatitude.
Tandis qu'imaginer des âmes coupées de toute matière est une pure «fiction» (comment en effet comprendre que les
âmes agissent sur les corps si elles ne sont pas elles-mêmes matérielles?) En ce sens, pour lui, la connaissance des
dieux n'est pas une forme plus haute ou plus mystérieuse de connaissance.
Il n'y a pas, contrairement à ce que pense
Aristote, de distinction entre la physique et la métaphysique, ni entre un monde «sublunaire» (ce qui se passe sur
terre, sous l'orbite de la lune) et un monde «supralunaire» qui seraient régis par des lois différentes.
Parce que tout est
matière, les caractéristiques des dieux eux-mêmes peuvent non seulement être connues des hommes, mais elles ne
font même pas l'objet d'une connaissance d'un type spécifique.
Citer Épicure dans un sujet sur le bonheur (« Y a–t-il des formules toutes faites pour parvenir au bonheur ?»)
La lutte contre la crainte des dieux fait partie d'un ensemble que l'on appelle, chez Épicure, le «quadruple remède» (en
grec: tetrapharmakos), dont les quatre éléments sont les suivants: 1.
ne pas craindre la mort (parce qu'elle n'est
rien); 2.
ne pas craindre les dieux; 3.
ne pas craindre la douleur (elle est soit intense et brève, soit modérée et
supportable) 4.
rejeter les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires.
Celui qui parvient à cette discipline atteint à la
sagesse et est capable, selon Épicure, de la forme la plus haute du plaisir: l'absence de trouble ou «ataraxie»..
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