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Epicure

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La mort n'est rien pour nous... Epicure

« PRESENTATION DE LA "LETTRE A MENECEE" D'EPICURE La Lettre à Ménécée est l'un des rares écrits qui nous restent de l'oeuvre immense d'Épicure (vers 341-270 av. J.-C.), que nous connaissons surtout à travers son disciple Lucrèce.

Le projet du fondateur de l'École du Jardin, à une époque où la Grèce traverse une grave crise politique, économique et sociale, est de fonder une sagesse sur une physique matérialiste.

Souvent mal compris et caricaturé, Épicure ne cessera d'inspirer les philosophes athées cherchant à penser le bonheur de l'homme ici et maintenant. Il s'agit de méditer sur les causes du malheur humain et de montrer quels en sont les remèdes afin d'atteindre l'ataraxie* : la philosophie d'Épicure est une médecine de l'âme, qui nous enseigne la conduite à adopter à l'égard de nos craintes et de nos désirs. "La mort n'est rien pour nous...

" EPICURE. - On trouve la formule «Habitue-toi à penser que la mort n'est rien par rapport à nous» dans la Lettre à Ménécée qu'Épicure (341-270 avant J.-C.) envoie à l'un de ses disciples pour lui enseigner la philosophie, c'est-à-dire le moyen de se procurer le bonheur. En effet, Épicure écrit dans une période extrêmement sombre, où les cités grecques connaissent le déclin, où la misère politique et économique s'instaure.

Le but que poursuit notre auteur est de permettre à l'individu d'accéder au bonheur. - Dans les « sombres temps » où écrit Épicure, si les hommes se proposent toujours comme but le bonheur, ils ne peuvent plus le penser, comme le faisait la tradition grecque, au sein d'une cité harmonieuse.

L'époque est une période de violence et d'incertitude, où l'individu se retrouve seul face à lui-même, privé des solidarités traditionnelles.

Deux écoles philosophiques importantes et rivales vont tenter d'offrir à chacun un «salut» individuel, toutes deux en lui proposant de vivre «conformément à la nature» : le stoïcisme et l'épicurisme. La Lettre à Ménécée s'ouvre sur ce constat que tous les hommes recherchent le bonheur, mais en aveugles ; c'est-à-dire sans savoir ni le définir, ni par quelle voie l'atteindre.

La philosophie, elle et elle seule, permet d'accéder au bonheur parce qu'elle connaît la méthode pour y parvenir.

Dans celle-ci les deux premiers remèdes sont de ne pas craindre les dieux et de ne pas redouter la mort. Crainte de la mort et souci religieux sont liés.

Les hommes désirent l'immortalité, mais redoutent le jugement divin. De plus «La foule tantôt fuit la mort comme le plus grand des maux, tantôt la désire comme le terme des misères de la vie»: c'est dire que l'incertitude de notre sort futur pourrit notre existence.

D'autres hommes enfin tiennent le raisonnement suivant, décrit par Lucrèce (disciple romain d'Épicure, 98-55 av.

J.-C.) : « Désormais il n'y aura plus de maison joyeuse pour t'accueillir, plus d'épouse excellente, plus d'enfants chéris pour courir à ta rencontre [...] tu ne pourras plus assurer la prospérité de tes affaires et la sécurité des tiens.

» Bref, regret de la vie et de ses joies, souci du souvenir que les autres garderont de nous, peur de la douleur, tout conspire à nous rendre la mort odieuse et redoutable.

Mais c'est essentiellement la religion qui joue ce rôle. Croyant que les dieux s'occupent des affaires humaines, nous avons peur de les offenser par notre conduite, surtout nous avons peur de leur jugement, de survivre en enfer. Or tout ceci compromet notre vie actuelle.

Cela nous empêche de goûter le présent, ou nous précipite dans le souci de la renommée, de la gloire, de la richesse, comme si ces moyens pouvaient conjurer notre mortalité ! A tout ceci Épicure oppose la connaissance vraie de la nature et des dieux.

La vraie divinité n'a rien à voir avec ce qu'en raconte la mythologie populaire : les dieux sont des vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes.

Nous n'avons à en attendre ni joie ni peine, ni récompense, ni châtiment. Mais surtout, tout le bien et le mal de notre vie réside dans la sensation, dans la joie ou la douleur.

Or Épicure affirme que l'âme est matérielle, corporelle, elle disparaît donc à notre mort ; rien ne nous survit, il n'y a pas d'immortalité. «Habitue-toi à penser que la mort n'est rien par rapport à nous, car tout bien et tout mal réside dans la sensation : or la mort est privation de sensation [...] Ainsi le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien par rapport à nous, puisque quand nous sommes, la mort n'est pas là, et quand la mort est là, nous ne sommes plus.

Elle n'est donc en rapport ni avec les vivants, ni avec les morts.» Cesser de vivre, c'est cesser d'être et de sentir.

Ce n'est donc, littéralement, rien.

Rien pour nous, rien qui nous concerne.

Quand la mort est là nous ne sommes plus.

Il est donc absurde de vouloir l'immortalité, comme de redouter les enfers ; rien ne nous survit.

Il est donc absurde de se lamenter sur le sort de sa famille, etc.

: c'est se faire contemporain de son propre cadavre, et oublier que cela ne nous concernera plus en rien. Ne plus craindre les dieux et leur jugement, comprendre que la mort n'est rien pour nous, cela permet non seulement de se débarrasser des deux principales sources d'angoisse qui pourrissent notre vie, mais aussi de prendre enfin cette vie en compte et de se demander comment bien vivre.

Cela fait partie des deux autres remèdes épicuriens, qui concernent la gestion des plaisirs et des souffrances. L'attitude d'Épicure peut se résumer par deux de ses Maximes capitales:. »

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