Entre croire et savoir y a -t-il une différence de nature ?
Extrait du document
«
La croyance peut être en accord avec le savoir.
De prime abord, la croyance, qui est subjective, s'oppose au savoir, qui est objectif et rationnel.
D'un côté, la foi;
de l'autre, la raison.
Cependant, les rapports entre croyance et savoir sont plus complexes qu'il n'y paraît d'emblée.
En effet, si la croyance peut, parfois, être totalement irrationnelle et s'imposer de manière démagogique, sans
jamais faire appel à la capacité de réflexion, tel n'est pas toujours le cas.
La croyance peut aussi, bien qu'elle se
rapporte à ce qui est encore inconnu ou à ce qui est inconnaissable, être en accord avec le savoir existant.
On
peut, par exemple, croire en Dieu, tout en acceptant les théories scientifiques existantes.
AVERROÈS: «Que la Loi divine invite à une étude rationnelle et approfondie de l'univers, c'est ce qui
apparaît clairement dans plus d'un verset du Livre de Dieu.»
La raison rejoint la croyance religieuse.
«Que la Loi divine invite à une étude rationnelle et approfondie de l'univers, c'est ce qui apparaît clairement
dans plus d'un verset du Livre de Dieu.» Averroès, L'Accord de la religion et de la philosophie (1179).
• Les tentatives pour allier rationalité et religion n'ont cependant pas manqué.
Le philosophe musulman
Averroès en est un représentant.
Et il relève, à l'appui de ses dires, les nombreux passages du Coran qui
incitent à la connaissance.
Ainsi, pour lui, la connaissance scientifique du monde ne peut pas être contraire à
ce que dit le Livre de Dieu, car «la vérité ne peut contredire la vérité».
S'il y a des différences apparentes,
elles tiennent au fait que le texte religieux est fait pour être accessible à tous; tandis que la science, qui
montre les vérités sans voile ni métaphore, nécessite une éducation approfondie.
• Parmi les philosophes médiévaux qui se sont attachés à mettre la raison au service de la foi, il faut citer aussi
saint Anselme, qui a proposé la «preuve ontologique» de l'existence de Dieu (qui sera reprise par Descartes):
celle-ci consiste à dire que, Dieu étant défini comme l'«être maximum», celui qui a toutes les qualités poussées
à leur plus haut degré de perfection, son existence fait nécessairement partie de sa définition.
Car l'existence
est une plus grande perfection que la non-existence.
La raison démontre donc que Dieu existe.
Il n'y a pas de savoir sans croyance.
Si la croyance ne contredit pas toujours le savoir, il convient aussi de souligner qu'il n'y a pas de savoir sans
croyance.
Nous pouvons constater, avec Pascal, que les mathématiques reposent sur des propositions
indémontrables et qu'elles sont, par conséquent, impuissantes à se fonder : la raison est ici suspendue au sentiment
que nous pouvons avoir de la vérité des axiomes, des postulats.
Certes, il est vrai que l'on peut toujours, comme le
mathématicien moderne, ne plus se préoccuper de la vérité des axiomes et se contenter de les poser; reste que le
raisonnement mathématique obéit à des principes (par exemple, celui de non-contradiction) qui ne peuvent être
démontrés puisqu'ils sont engagés dans toute démonstration.
Mais si toute démonstration renvoie à des règles
logiques présentes en chaque homme, comment démontrer ce qui est présupposé par toute démonstration ? Il arrive
un moment, en mathématiques, où les termes les plus simples (espace, point, existence, etc.) ne peuvent être
définis que par des termes plus complexes ! La vérité de la chaîne démonstrative s'enracine dans l'indémontrable :
l'intuition pure de l'espace et du temps, un sentiment d'évidence inexplicable.
De plus, l'homme ne se réduit pas à
une rationalité démonstrative : si l'on devait n'accepter que des vérités démontrées, nous ne pourrions plus vivre.
L'homme a plus besoin d'une valeur de vérité que d'une vérité abstraitement démontrée dans un monde de symboles
formels.
Le principe de non-contradiction.
Sa formule est : « Une chose ne peut pas, en même temps, être et n'être pas » ou encore « A n'est pas non A »..
»
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