En quoi la démocratie est-elle toujours à conquérir?
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PLAN
A.
La démocratie est une notion politique.
- C'est un régime né chez les Grecs.
- Elle ne s'applique pas nécessairement à tous.
- Elle se révèle alors comme une forme à conquérir.
B.
La démocratie moderne : les menaces qui pèsent sur elle.
- La démocratie repose sur des fondements fragiles.
- Plusieurs menaces pèsent sur elle (totalitarisme, despotisme, etc.).
- Elle reste une perpétuelle conquête morale, afin de la protéger.
C.
La démocratie économique : la conquête d'une plus grande égalité sociale.
- La démocratie doit respecter les droits fondamentaux des individus.
- Les exclus doivent pouvoir participer à la vie de la nation : la démocratie reste une conquête pour la garantie des
droits sociaux.
PISTES POUR LA DISSERTATION
Cet intitulé nous oblige à nous interroger sur une notion centrale, la démocratie.
Étymologiquement, ce terme, venu
du grec comme la plupart des notions qui gouvernent notre paysage culturel et idéologique,' signifie gouvernement
ou commandement du peuple.
La démocratie désigne, de nos jours, un régime politique dans lequel le peuple —
l'ensemble des citoyens — détient la souveraineté au moyen du suffrage universel.
La question posée possède, dès lors, cette signification : par quels caractères et dimensions le régime politique dans
lequel le peuple détient la souveraineté est-il, constamment et quelles que soient les circonstances, le fruit d'une
acquisition par la lutte ?
La démocratie désigne-t-elle un simple ensemble d'institutions politiques, un fait juridique ou bien une lutte des
sujets humains, en vue d'édifier collectivement une cité plus juste ? Représente-t-elle une formule politique ou bien
la subordination des institutions à une liberté collective ? Le problème est donc de savoir si la démocratie est une
institution ou bien davantage, un ensemble institutionnel porteur d'exigences éthico-politiques.
Problématique : La démocratie est-elle une institution purement politique ou bien une exigence plus haute, relevant
de la morale ?
• Les origines de la démocratie : La démocratie naît en Grèce, foyer d'une liberté politique inédite.
Le pouvoir, à
Athènes, émane du peuple, car l'Assemblée ou Ecclésia s'affirme souveraine.
Il se forrne et se consolide, tout
particulièrement avec Périclès ; c'est un État de démocratie directe.
C'est à la fin du Ve siècle et durant la seconde
moitié du siècle suivant que le pouvoir démocratique étend le statut de citoyen à tous les habitants nés athéniens
et leur assure l'égalité devant la loi et l'accès aux magistratures.
La souveraineté est bel et bien exercée par le
peuple et l'étymologie du terme démocratie (démos : peuple ; kratos : puissance) est conforme à un usage où le
pouvoir central est assuré par l'Ecclésia, réunissant tous les citoyens une dizaine de fois par an et prenant
souverainement les décisions.
En ce lieu où l'Assemblée décide, tout citoyen possède le droit de parole.
Le peuple
est bel et bien souverain.
Cette démocratie n'est-elle pas le plus parfait des régimes ? En quoi cet exemple peut-il nous montrer que la
démocratie est toujours à conquérir, en tous temps et en tous lieux ? Les citoyens ne décident-ils pas du destin de
leur communauté ? En quoi la démocratie est-elle une conquête ?
• Les limites de la démocratie antique : Modèle tout au long de l'histoire occidentale, la démocratie grecque est
toutefois fort imparfaite : elle fonctionne de manière élitiste, puisque femmes, métèques et esclaves n'accèdent pas
au statut de citoyens.
Dès lors, il s'agit d'une démocratie limitée.
Non seulement cette démocratie s'avère limitée, mais elle dégénère assez rapidement : le régime démocratique
athénien est, à partir de 430 environ, incapable de gérer ses affaires intérieures.
D'où une crise, puisque le désordre
d'Athènes finit par engendrer la tyrannie.
La démocratie repose donc sur des bases réduites, sur des manques qui
peuvent la faire dégénérer et disparaître.
Cet exemple permet d'affirmer que la démocratie n'est pas une donnée parfaite et déterminée d'avance mais qu'elle
est un régime à conquérir.
• La démocratie moderne : La démocratie moderne, distincte de cette démocratie antique, se fonde en partie sur les
acquis de la Révolution française.
Rousseau nous en fournit les principes, avec Du contrat social (1762), qui met en
relief la nature du pacte démocratique.
Qu'est-ce qu'un État légitime ? Aux yeux de Rousseau, celui qui exprime la
volonté générale et trouve en elle sa légitimité.
L'État démocratique moderne naît de ces thèses de Rousseau et de l'action des révolutionnaires de 1789.
Il prendra
très progressivement son visage actuel, quand régresse la notion de citoyens actifs et de citoyens passifs et quand
les femmes, en 1944, acquièrent le droit de vote en France.
On définira cette démocratie moderne comme un
gouvernement du peuple et par le peuple, au moyen du suffrage universel ; elle n'implique nullement un système
fonctionnant sans représentants et, en ce sens, s'éloigne de Rousseau.
Le peuple délègue, en effet, ses pouvoirs à
un corps élu.
La démocratie représentative donne le pouvoir aux représentants du peuple.
Ainsi, alors que la
démocratie antique est directe et limitée, la démocratie moderne est à la fois illimitée et indirecte.
La démocratie n'est jamais une donnée, mais une conquête, ce n'est jamais un fait, mais une volonté, ce n'est
jamais une réalité, mais une création contre tous les dangers et tous les périls.
Elle surgit, au tournant du XVIIIe
siècle, quand s'impose l'idée d'un pouvoir politique dépourvu du modèle d'un garant transcendant, tel ce prince ou ce
roi, médiateur entre Dieu et les hommes.
Le système monarchique de l'Ancien Régime donnait à voir un Principe.
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