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En quoi consiste l'obligation morale

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« En quoi consiste l'obligation morale ? Introduction.

— On entend parfois cette réflexion : « Si je suis obligé, je ne suis pas libre », ou, vice versa : « Si je suis libre, je ne suis pas obligé ».

Mais, par ailleurs, nous savons que seul l'être libre a des obligations morales.

Comment donc devons-nous, pour concilier ces deux conditions de la moralité, concevoir l'obligation morale ? Autre introduction.

— Dans le langage courant, on constate une confusion assez fréquente entre « nécessaire » et « obligatoire ».

Quand il gèle, dira-t-on, il est « obligatoire » que les tuyaux remplis d'eau éclatent ».

C'est « nécessaire » ou « inévitable » qu'il faudrait dire : l'obligation est le propre de l'homme.

Précisons en quoi elle consiste. A.

Tout d'abord, si je suis obligé je ne suis pas libre de porter la loi ou de ne pas la porter, de m'y soumettre ou de m'en dispenser.

Mais il ne s'agit pas dans les deux cas, de la même liberté. Lorsque je porte ou plutôt constate la loi, c'est la possibilité ou le pouvoir de juger autrement qui me manque.

Sans doute, dans une grande mesure, la détermination du devoir dépend de la volonté de chacun : on ne peut guère, si l'on ne s'est mis préalablement dans une attitude morale droite, juger avec justesse du bien et du mal.

Mais une fois placé dans les perspectives de l'idéal moral, le jugement ou le précepte s'impose à moi, et je ne puis le modifier : cette parole que tu vas prononcer, c'est de la pure médisance : tu dois la ravaler ; cet objet que tu vas t'approprier appartient à un autre : tu dois y renoncer.

Je n'ai pas liberté de juger autrement ; je suis nécessité à juger ainsi. Mais une fois porté ce jugement ou cet ordre, je conserve la possibilité ou le pouvoir psychologique et physique d'exécuter le dessein que condamne ma conscience.

Ce que je n'ai plus, c'est le droit moral de le réaliser.

En d'autres termes, l'obligation supprime la liberté morale, c'est-à-dire le « licet » que donne la conscience morale ; elle ne supprime pas la liberté psychologique.

Au contraire, elle la suppose : celui qui serait nécessité ne pourrait être obligé. B.

La proposition suivante est donc plus vraie : si je suis obligé, c'est que je suis libre.

On n'a pas en effet à donner des ordres aux êtres qui sont nécessités : le physicien et l'ingénieur se contentent de réaliser les antécédents qui, d'après leurs calculs, amèneront le résultat qu'ils veulent atteindre, et ce résultat se produit de lui-même, nécessairement. L'obligation n'a de sens que dans le cas où, certaines circonstances étant données, plusieurs résultantes peuvent être obtenues par un mystérieux pouvoir de choix de celui qui agit : l'obligation suppose donc la liberté, c'est-à-dire le pouvoir psychologique de choisir ; elle ne supprime que le droit moral de faire un choix différent de celui qui est ordonné. Conclusion.

— Nous constatons une fois de plus l'étroit rapport du langage et de la pensée.

Nombre de difficultés que soulèvent certaines notions philosophiques proviennent de l'identité du terme par lequel on les exprime.

Aussi ne devonsnous pas nous contenter de répéter des mots ; il faut savoir, sous « la paille des mots », trouver « le grain des choses ». Autre conclusion.

— La notion d'obligation reste obscure pour certains parce qu'ils n'ont pas pris conscience de la différence essentielle qu'il y a entre « obligatoire » et « nécessaire ».

Une réflexion attentive sur le sens précis des mots nous instruit plus que la lecture de gros livres : celui qui sait les interpréter y trouve toute une philosophie. a.

La connaissance du bien et du mal Platon écrit que « nul n'est méchant volontairement » (Protagoras).

Si nous faisons le mal, c'est par ignorance.

Nous pensons que cela nous est profitable, mais nous nous trompons : le mal que nous commettons induit des conséquences néfastes pour son auteur.

La conscience morale équivaut donc à une juste connaissance du bien et du mal. b.

Un sens moral inné ? Cependant, cette connaissance est malaisée dans la mesure où l'idée que nous nous faisons de ce qui est mal et de ce qui est bien dépend en grande partie d'appréciations subjectives, de jugements de valeur qui demeurent relatifs.

Il est en effet plus simple, comme l'a fait Rousseau, de supposer l'existence d'un sens moral inné que le sentiment de pitié, selon lui, incarne.

« Vertu naturelle », selon Rousseau, elle est antérieure à la raison et à toute réflexion : Il est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce.

(...) C'est, en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755). c.

L'indifférence morale Il reste que l'on peut expliquer cette répugnance devant la souffrance de l'autre moins par un sens moral aigu que par la crainte égoïste de devoir l'endurer à son tour.

Lorsque la menace ne se fait pas précise et pressante, on peut constater tous les jours que chacun s'accommode finalement sans trop de difficultés de la souffrance des autres.. »

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