En quel sens les cadres de la raison théorique dépendent-ils de l'expérience ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
La forme du sujet : « En quel sens [...] ? » invite à justifier la proposition : « les cadres de la raison théorique
dépendent de l'expérience ».
Noter que la justification peut se révéler impossible au terme de notre enquête.
Dans ce cas, la réponse à la question posée par le sujet sera : « en aucun sens »
L'affirmation que nous tentons de justifier met en relation deux termes : « les cadres de la raison théorique »,
qui fait intervenir la notion de raison théorique, et « l'expérience » qui constitue à lui seul une notion.
Notre
réflexion devra se porter sur la relation en question (la dépendance), et les deux notions.
La dépendance d'un terme vis-à-vis d'un autre privilégie celui dont dépend l'autre sur le dépendant : par
exemple le maître par rapport à l'esclave.
L'histoire de la métaphysique accorde traditionnellement un privilège
à la raison.
Or notre sujet nous invite à défendre celui de l'expérience, ce qui dévoile tout l'intérêt de la
question qu'il soulève.
Il est par ailleurs possible de penser la dépendance sans l'idée de privilège : dans un
fonction mathématique y=f(x), la valeur de y dépend de celle de x, autrement dit, x détermine complètement
y.
La dépendance se pense alors en termes de détermination.
Le cadre est ce qui circonscrit, trace les limites : par exemple, le cadre d'un tableau limite son contenu quant
à l'extension du champ de représentation.
Il est également le milieu, le contexte : on parle par exemple du
cadre scolaire, du cadre professionnel, etc.
Enfin, il est ce qui soutient, c'est-à-dire l'armature.
C'est à la raison théorique comme faculté qu'incombent la recherche des connaissances, le calcul, la
production des concepts, etc.
Elle s'oppose aux sens en ce qu'elle n'est pas affectée subjectivement mais se
meut en principe dans l'objectivité.
Son cadre conçu comme ce qui la circonscrit peut donc désigner les limites
de son possible exercice.
Comme contexte ou milieu, il peut désigner ce qu'elle manipule et ce sur quoi elle
porte.
Comme armature enfin, se qui la soutient, la fonde ou la structure.
L'expérience peut désigner une forme de connaissance acquise par la pratique ou l'observation, ou dans un
sens plus scientifique, ce par quoi nous mettons une théorie à l'épreuve, ou encore (« faire l'expérience
de...
»).
Dans tous les cas, l'expérience semble tournée vers une réalité qui n'est accessible qu'aux sens et
non à la raison.
Problématisation :
Le premier problème auquel nous sommes confronté est celui du cadre de la raison : est-ce bien légitime de parler
d'un cadre, conçu comme limite, milieu ou fondement, alors que la raison semble jouir d'une autonomie sans laquelle
l'expansion de nos connaissances serait limitée.
Les progrès scientifiques nous invite au contraire à penser que la
raison théorique ne connaît pas de limites.
De surcroît, si elle en avait un, et si celui-ci était lié à l'expérience donc
aux sens, ne serait-ce pas l'objectivité de nos connaissances que nous remettrions en question ? Notre enquête
s'ouvre donc sur la question suivante :
La raison théorique a-t-elle un cadre ?
Proposition de plan :
I – Le cadre de la raison théorique
Dans la lettre à la princesse Elisabeth, Leibniz tente d'esquisser une définition de la métaphysique : elle est selon
lui « la vraie logique » ou « l'art d'inventer en général ».
La connaissance dans son ensemble s'atteint par cet art
d'inventer qui égale la logique : toute connaissance s'atteint donc en droit par la logique.
Toute connaissance est
analytique, c'est-à-dire que nous passons d'un concept à un autre en l'analysant logiquement.
Or la raison que nous appelons théorique est bien celle qui vise l'élargissement de nos connaissances : la raison
théorique qui vise les connaissances n'a besoin d'entrer en jeu que lorsqu'elle pratique la logique.
La raison théorique
n'a de limite que celle de la logique.
La logique suffit-elle à atteindre toutes connaissance ?.
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