En quel sens la science instruit-elle la raison ?

« Termes du sujet: Instruire: faire acquérir des connaissances, transformer.

Amener quelqu'un à se modifier en lui faisant trouver des raisons de le faire. SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.

Corps de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). BIEN LIRE LE SUJET Lorsque deux termes sont opposés, il faut les comprendre dans l'acception qui rend possible cette opposition.

Donc, pour bien lire le sujet, il convient de ne pas s'attacher aux usages vagues et communs de ces notions qui les rendent peu distinctes.

L'usage permettant la distinction est celui entendant par " science ” la constitution à travers l'expérience de connaissances sur le monde, par opposition à la raison, cadre de la rationalité fournissant des vérités a priori.

Dans cet esprit, la science et la raison peuvent s'opposer comme le concret et l'abstrait, l'intuitif et le formel, le synthétique et l'analytique, l'inductif et le déductif.

Quant à l'idée d'" instruction ”, on peut remarquer qu'elle désigne, par opposition à " éducation ”, l'idée d'un apport enrichissant celui qui le reçoit sans pour autant orienter son développement.

Instruire quelqu'un n'exige pas de lui commander. CHOISIR UN ANGLE D'ATTAQUE L'opinion commune confond en général les deux concepts de raison et de science en les tenant, presque religieusement, pour des absolus immuables.

L'idée commence à être popularisée que la science a une histoire, et que les vérités scientifiques d'hier se révèlent souvent aujourd'hui des erreurs au moins partielles.

On semble toujours en revanche défier le bon sens lorsque l'on envisage la possibilité d'une histoire de la raison.

Pourtant, si la raison préside à la construction formelle de l'édifice scientifique, ne va-t-il pas de soi que la science, en présentant à la raison ses découvertes sur le monde, ne peut pas ne pas instruire la raison ? RECHERCHER UNE PROBLÉMATIQUE On peut donc se demander si d'une façon ou d'une autre, la raison se modifie à travers son contact avec la science ? Si c'est le cas, que signifie ce changement ? Peut-il servir à comprendre la genèse de la raison ? Est-il possible qu'il prenne la forme d'une évolution orientée dans le temps, allant vers l'épure des formes de la rationalité ? Faut-il plutôt voir planer sur la raison la menace de véritables révolutions à l'occasion des révolutions scientifiques ? PLAN Introduction I.

La science et l'archéologie de la raison. 1.

D'où nous vient la raison ? 2.

D'où nous viennent les propositions universelles ? 3.

D'où nous vient le concept de causalité ? II.

La science et l'histoire de la raison. 1.

La notion d'obstacle épistémologique. 2.

Les défaites de l'irrationnel et le rôle du négatif. 3.

Vers où va la raison ? III.

La raison face aux révolutions scientifiques. 1.

La notion de paradigme. 2.

Science normale et science extraordinaire. 3.

L'incommensurabilité des contextes rationnels. Conclusion. »