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En quel sens la science instruit-elle la raison ?

Extrait du document

« Il s'agit ici de se demander en quoi la science instruit la raison.

En fait c'est plutôt le rapport inverse que l'on aurait tendance à mettre en question.

La raison en effet instruit la science plus que le contraire puisque la science est d'une certaine manière une émanation de la raison, un effet de cette faculté, lorsque celle-ci est bien conduite. Pourquoi peut-on l'affirmer ? Parce que la raison éclaire la démarche de celui qui veut connaître un objet.

Sans la raison, c'est à la croyance ou à l'immédiateté de l'opinion que l'on s'en remet.

On a alors sans doute des réponses aux questions que l'on se pose, mais ces réponses ne constituent pas un savoir.

Inversement, la science instruit cependant effectivement la raison sur l'extension de son pouvoir de connaître.

Ce que la science ne peut atteindre (l'âme, Dieu...), ce sont précisément là les limites de la raison... 1.

La science et l'archéologie de la raison. A.

D'où nous vient la raison? La réflexion peut débuter en posant la question de l'origine de nos principes logiques les plus élémentaires.

La plupart des philosophes y voient des vérités analytiques, c'est-à-dire des énoncés qui ne peuvent être niés sans tomber dans l'absurdité.

Mais ce point de vue est au fond circulaire car il s'appuie sur ces mêmes lois (identité, contradiction, tiers exclu) qu'il entend établir.

Ne serait-il pas possible que la vraie origine de ces lois soit empirique, et que ce soit une sorte de technique préscientifique élémentaire qui, en évoluant depuis les origines de l'homme, ait induit, par exemple, qu'une chose ne pouvait point être et ne pas être simultanément? B.

D'où nous viennent les propositions universelles? Aristote, dans les Seconds analytiques, tout en privilégiant la déduction dans sa définition de la science, pose le problème du point de départ de la déduction : d'où notre raison peut-elle tirer les propositions universelles indispensables au syllogisme? Sa réponse est claire: elles ne peuvent venir que de l'induction, procédé empirique et moins rigoureux, mais qui procure à la raison, par généralisation, les fruits de l'expérience. C.

D'où nous vient le concept de causalité? C'est le même type de démarche qui permet à Hume, dans l'Enquête sur l'entendement humain, de montrer que la raison ne forme l'idée, apparemment claire et distincte, de la cause et de l'effet que par le jeu de la mémoire et de l'habitude.

Ainsi, on pourrait envisager une archéologie de la raison exhumant les fondations gnoséologiques (relatives à la constitution des connaissances) de ce que la raison, en elle-même, a tendance à considérer comme a priori et éternel. "Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose.

Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet.

Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle.

Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre.

En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens." HUME Le texte comporte deux registres de termes.

D'un côté, "réflexion" et "raisonnement" indiquent des activités spontanées, qui procèdent de soi. De l'autre "observation", "sens", "expérience" indiquent ce que nous devons aux données sensibles, à l'extérieur, dans nos connaissances. Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître un fait ? Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en remettre à la raison seule pour connaître ? De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme. Dans un premier temps, on pouvait expliquer la pensée de Hume.. »

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