En quel sens la justice requiert-elle l'égalité ?
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«
Introduction :
● Bien définir les termes du sujet :
- « Justice » : c'est un terme qui peut recouvrir plusieurs acceptions, mais étant donné qu'il est mis en relation avec
le terme d' « égalité », il semble plutôt se rapporter à la justice institutionnelle.
Dans ce cas, la justice est une
institution qui régit une société donnée.
Mais ce peut aussi être la justice en tant que vertu, c'est-à-dire en tant
que conforme à l'équité dans son exercice, et visant à transformer le droit selon l'exigence morale.
- « Egalité » : le fait que le terme soit associé à celui de « justice » nous oblige à l'aborder sous un certain angle.
Il
s'agit de l'égalité civile, juridique et politique, selon laquelle tous les individus sont égaux devant la loi, c'est-à-dire
tenus pas les mêmes obligations légales, également admissibles à toutes dignités, places ou emplois selon leur
capacité, et jouissent des mêmes droits civils et civiques.
- « Requérir » : c'est demander, réclamer quelque chose de nécessaire à l'accomplissement d'autre chose, c'est
exiger quelque chose comme une nécessité pratique ou logique.
● Construction de la problématique :
Le sujet ne pose pas la question de savoir si la justice a ou non besoin de l'égalité pour exister, il part de
ce postulat sans le remettre en cause, pour tenter de l'analyser.
En effet, lorsque l'on parle de justice, le terme
semble nécessairement lié à celui d'égalité, sans que l'on sache pour autant expliquer pour quelles raisons.
C'est à ce problème que tente de nous confronter le sujet, à savoir pourquoi, comment, et de quelle
manière la justice est nécessairement liée à l'égalité, et a besoin d'elle pour s'exercer en toute sa légitimité.
Plan :
I/ La justice ne peut être constituée que sur fond d'égalité :
● Le travail de la justice est de déterminer si le comportement de tel individu est ou non répréhensible, et s'il
doit être puni.
Pour ce faire, la justice se base sur des textes de lois, écrit d'après le présupposé selon lequel tous
les hommes sont égaux.
La justice requiert l'égalité sous deux formes différentes.
● Pour être parfaitement juste, la justice doit être équitable.
Comme le montre le symbole – la balance - qui
la représente, il n'y a pas deux poids deux mesures, mais une stricte égalité dans l'application des peines.
Autrement
dit, elle est authentique quand elle considère les individus comme égaux, qu'elle suit le principe de la déclaration des
droits de l'homme : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Les distinctions sociales ne
peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
» art.1.
● Si la justice doit traiter les citoyens de façon égale, il n'en reste pas moins que c'est cette égalité qui rend
possible la justice.
Comme l'explique Rousseau dans Le Contrat Social, n'est juste et équitable que ce qui statue sur
le bien commun sans prendre en compte le particulier.
Autrement dit, la justice ne peut être juste et droite que si
elle considère le général, sans jamais avoir pour objet les intérêts particuliers.
● Pour être juste, la justice doit donc reposer sur l'égalité, c'est-à-dire considérer les intérêts des citoyens
comme égaux, sans jamais en préférer un au détriment des autres.
II/ La justice comme équité ne respecte pas nécessairement l'égalité :
● Appliquer strictement la justice et considérer les citoyens comme étant tous complètement égaux n'est
pas juste dans tous les cas.
La justice peut alors décider de respecter la lettre de la loi, et faire abstraction des
particularités des individus qu'elle juge, ou au contraire prendre en compte ces singularités, et chercher à s'adapter
à celles-ci.
● C'est ce dont parle Aristote dans L'Ethique à Nicomaque, et dans
Les Politiques.
En effet, selon lui, si la justice implique nécessairement une
égalité des citoyens, pour empêcher tout traitement de faveur, il n'en reste
pas moins qu'appliquer la loi à la lettre n'est pas forcément juste dans tous
les cas.
La véritable justice doit être équitable, et l'égalité doit non seulement
être comprise comme égalité entre les citoyens, mais aussi comme égalité
dans la distribution des peines, qui doivent être proportionnelles aux fautes
commises.
Autrement dit la généralité des lois produit une insuffisance face à
la diversité des situations.
La véritable égalité ne réside donc pas dans
l'application égale des peines, mais plutôt dans la manière de les répartir selon
les individus.
De ce fait, la justice en appelle au sens de l'équité du juge.
● Ceci sans compter, que comme l'explique Aristote, il peut exister
deux types d'égalité : l'égalité numérique et l'égalité selon le mérite.
Dans Les
Politiques, Aristote pose la question de savoir à qui il faut confier l'exercice du
pouvoir politique pour qu'il soit juste, et la justice ne sera pas exercée par les
même personnes, ni de la même manière selon que la conception de la justice
repose sur une égalité stricte (à chacun la même chose), ou sur une égalité
proportionnelle (à chacun selon son mérite).
La solution consiste, pour ne pas
tomber dans le régime oligarchique et éviter un régime populaire, à mélanger
les deux types pour avoir un régime mixte.
è Ainsi, la justice peut être différente selon le type d'égalité sur.
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