En quel sens ai-je besoin d'autrui pour être conscient de moi-même ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui » ou « non » en
conclusion, au terme d'une argumentation documentée.
Le sujet nous place d'emblée dans une situation précise caractérisée par les deux points suivants :
C'est la situation du rapport de moi à moi-même : je suis, sous ce rapport, à la fois sujet et objet.
Il s'agit
donc d'un rapport réflexif (penser à la métaphore du miroir)
Mon attention, sous ce rapport, se porte sur moi-même selon la modalité de la connaissance.
Autrement dit, la situation envisagée est celle du sujet tentant de répondre à l'injonction socratique :
« connais-toi toi-même ! ».
La question est de savoir si, pour cela, j'ai besoin ou non d'autrui.
Autrui, c'est l'autre, celui qui justement n'est
pas moi : ce qui le caractérise, c'est la distance irréductible qu'il y a entre lui et moi.
Mais autrui est en même
temps mon semblable.
Autrui est donc pour moi à la fois l'autre et le même.
Problématisation
Pour savoir si j'ai besoin ou non d'autrui pour me connaître, il faut déterminer le rôle qu'il peut tenir dans le
processus de connaissance de soi, puis se demander si je ne peux pas moi-même tenir ce rôle pour moi.
S'il est mon
semblable, en quoi justement aurait-il quelque chose de plus que moi, qui me permettrait par son biais de me
connaître ? Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord déterminer s'il est possible de se connaître soimême.
Hiérarchisons les problèmes que nous venons de soulever en une problématique :
I – Autrui est-il nécessaire au processus de la connaissance ?
II – Ai-je cependant la possibilité de me prendre pour objet de connaissance ?
Proposition de plan :
I – Autrui est-il nécessaire au processus de la connaissance ?
Référence : Descartes, Méditations métaphysiques (1ère méditation)
« Toutefois il y a longtemps que j'ai dans mon esprit une certaine opinion, qu'il
y a un Dieu qui peut tout, et par qui j'ai été créé et produit tel que je suis.
Or
qui me peut avoir assuré que ce Dieu n'ait point fait qu'il n'y ait aucune terre,
aucun ciel, aucun corps étendu, aucune figure, aucune grandeur, aucun lieu,
et que néanmoins j'aie les sentiments de toutes ces choses, et que tout cela
ne me semble point exister autrement que je le vois ? Et même, comme je
juge quelquefois que les autres se méprennent, même dans les choses qu'ils
pensent savoir avec le plus de certitude, il se peut faire qu'il ait voulu que je
me trompe toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois, ou que je
nombre les côtés d'un carré, ou que je juge de quelque chose encore plus
facile, si l'on se peut imaginer rien de plus facile que cela.
Mais peut-être que
Dieu n'a pas voulu que je fusse déçu de la sorte, car il est dit souverainement
bon.
Toutefois, si cela répugnait à sa bonté, de m'avoir fait tel que je me
trompasse toujours, cela semblerait aussi lui être aucunement contraire, de
permettre que je me trompe quelquefois, et néanmoins je ne puis douter qu'il
ne le permette.
»
Descartes, dans ses Méditations métaphysiques, part à la recherche d'une
certitude première, dont il sera impossible de douter, ce sans quoi aucune connaissance ne peut-être fondée, ni
même celle du fait que j'existe et ne suis pas une pure illusion.
Le passage que nous avons choisi décrit une étape
de la méthode que Descartes applique pour retrouver cette certitude première : il s'agit de mettre en doute de
manière radicale tout ce qui existe, y compris nos certitude mathématiques, en supposant qu'un Dieu omnipotent
nous ait trompé sur tout.
Descartes arrivera à la conclusion que, si un Dieu me trompe, c'est bien que moi-même je
suis trompé et que donc j'existe.
Descartes retrouve bien une connaissance inébranlable : celle du fait que je suis.
C'est la certitude première sur
laquelle toutes les autres connaissances seront fondées.
Pour y parvenir, il a du supposer que rien n'existait ni
même les vérités mathématiques.
Dans la perspective de notre sujet, cela signifie qu'autrui doit d'emblée être exclus pour que je puisse connaître, et
a fortiori, me connaître, puisque toute connaissance s'appuie sur cette certitude première qui exclut autrui.
Donc,
non seulement je n'ai pas besoin d'autrui.
Transition :
Lorsque je tenterai de me connaître, je ne m'appuierai par conséquent que sur cette certitude première sans avoir.
»
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