En politique, ne faut-il croire qu'aux rapports de force ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
FORCE / FORT: a) Principe de puissance ou d'action.
b) Par opposition au droit: recours à la contrainte pour faire
respect un pouvoir illégitime.
c) Droit du plus fort: conception qui fait reposer l'autorité du chef sur sa supériorité
physique.
d) Fort: qui possède la force au sens fort ou au figuré.
Opposé à faible.
POLITIQUE: 1) comme adjectif, qui a rapport aux affaires publiques, à l'État.
2) Comme nom au féminin: science
ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État.
3) Comme nom masculin, personne qui gouverne.
CROIRE / CROYANCE:
1) Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (Synonyme d'opinion).
2) Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi).
Est politique tout ce qui a rapport au pouvoir dans une société humaine.
On raconte que Staline avait, après la
guerre, demandé au sujet du pape : De combien de divisions dispose-t-il ?
I.
Le politique est l'expression de rapports de force
Tout pouvoir en effet est la manifestation d'une force, que cette force soit légale ou pas, juste ou injuste.
Les Allemands ont appelé Realpolitik la politique pragmatique qui tient d'abord compte des rapports de force à un
moment donné — les intentions (toujours bonnes) et les principes (toujours nobles) passant au second plan.
II.
Mais la force n'est pas la violence
L'Histoire nous a souvent montré la force réelle de ceux qui n'avaient pas la force avec eux : la voix des prophètes
désarmés, la plainte d'innocents qui finirent par se faire entendre.
III.
Mais la force non-violente est une force à part entière
Le pouvoir spirituel est une force.
Voltaire, Hugo, Zola et Sartre se sont servis de leur renommée pour agir : on
pourrait donc conclure qu'en politique, il n'y a en effet que des rapports de force — en précisant que, même en
politique, la force peut avoir des manières très différentes de se manifester.
A.
Du prétendu « droit du plus fort »
Toutefois, certains pensent que les règles juridiques expriment l'équilibre des forces en présence dans la société,
plutôt que des exigences éthiques.
Le droit ne serait alors que la traduction de la force.
Telle est la thèse que
développe le sophiste Calliclès dans le Gorgias de Platon.
À Socrate, qui affirme qu'il n'y a point de bonheur possible
pour le tyran, puisque celui-ci est injuste, Calliclès répond que la justice est toujours du côté du plus fort.
Mais
Calliclès distingue deux ordres radicalement opposés : la nature et la loi positive.
• La nature, dit Calliclès, est gouvernée par la loi du plus fort – qu'on appelle familièrement la « loi de la jungle ».
En
vertu de cette loi, il appartient au fort de dominer partout le faible : les gros poissons mangent les petits, et les
êtres affaiblis ou malades sont appelés à être dévorés par leurs prédateurs.
C'est cette même loi, pense Calliclès,
qui devrait régir les rapports entre les hommes.
Pour lui, il est juste que le plus fort s'élève au-dessus des autres,
car son droit n'a d'autre limite que son pouvoir et son bon plaisir.
Cependant les hommes faibles, pour se protéger de
la domination naturelle des forts, ont inventé la loi positive, laquelle s'oppose en tous points à la loi naturelle.
En
effet, d'après la justice conventionnelle des hommes, il est bon au contraire de réprimer ses passions et de ne pas
chercher à avoir plus que les autres.
Ainsi le juste et l'injuste s'inversent quand on passe de l'ordre naturel à l'ordre
politique.
Mais peut-on ainsi fonder le droit sur la force ?.
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