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En politique, la fin justifie-t-elle les moyens ?

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« Cette interrogation renvoie directement à ce qui semble n'être qu'un adage populaire : "la fin justifie les moyens", ce qui semble désigner l'attitude de celui qui au nom de sa fin (ou de ses buts) s'autorise tous les moyens, toutes les voies.

Montrez d'abord combien une telle attitude semble moralement condamnable : si tous les moyens sont bons, on fait fi des interdits moraux ou même simplement des exigences minimales de respect d'autrui (on peut voler ou tuer...

si cela doit servir la progression vers ma fin).

Cependant cette expression est en fait tirée d'un texte de Machiavel dans Le Prince, dans lequel celui-ci défend la valeur de ce principe.

Montrez en vous appuyant sur cette analyse que dans un univers comme la politique, l'essentiel est de satisfaire les citoyens , or ceux-ci ne jugeant que des fins, les moyens doivent simplement être jugés à l'aune de leur efficacité.

Demandez-vous alors quelles sont les limites d'un tel point de vue en montrant qu'il existe certains principes pratiques que même les moyens les plus efficaces ne peuvent se permettre. [Le but de toute action politique est d'assurer la paix et la sécurité de la cité.

Il s'agit de parvenir à ce but le plus rapidement possible.

Celui qui veut le pouvoir doit faire fi de tout scrupule.] Seule compte la moralité des fins Quel que soit le régime, aristocratique, monarchique, démocratique, l'unique but de la politique est, pour Machiavel, la paix et la sécurité.

Qui est au pouvoir se doit de protéger la cité contre tout désordre venant de l'extérieur ou de l'intérieur.

Tel est l'unique impératif moral du machiavélisme.

Les stratégies permettant d'accéder au pouvoir sont, quant à elles, exemptes de toute moralité.

Machiavel dira: « Aussi est-il nécessaire au prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon.

» En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron.

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, c'estàdire conforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie les moyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de TiteLive », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : «Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon la nécessité.

». Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.

Quels principes doit mettre en oeuvre ce prince. »

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