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En apprenant sa langue maternelle n'apprend on qu'a parler ?

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« Le langage au cœur des rapports humains nécessite un long apprentissage : cet apprentissage passe tout d'abord entre les parents et les bébés.

Certaines mères parlent à leur enfant alors qu'il n'est encore que dans leur ventre. Puis à l'école, entre l'instituteur et l'enfant.

Qu'y apprenons-nous ? Tout d'abord, à lire et à écrire : lire des petits contes et écrire des petits mots.

Puis l'apprentissage comprend tout ce qui est de l'ordre de la grammaire, de l'orthographe…etc. Mais l'apprentissage de la langue maternelle se résume-t-il exclusivement à agencer des phrases, à parler, à écrire ? Ou par cet apprentissage, apprenons-nous, en dehors du fait d'acquérir une langue, sa langue maternelle, qu'à parler ? I. Le langage : véhicule de toute culture. L'apprentissage de la langue maternelle, c'est un fait, nous apprend à parler : des premiers balbutiements aux longues phrases (diatribe) exprimées oralement par l'enfant.

L'enfant imite tout d'abord les paroles des parents, puis commence à les comprendre pour mieux se les approprier et les réutiliser dans le contexte employé. Mais le langage n'est pas exempte de toute divulgation de valeur : le langage est un phénomène universel et se situe au-delà de la diversité des langues.

C'est aussi un fait culturel : c'est le véhicule par excellence de la culture. La culture c'est tout ce que l'homme ajoute à sa nature, et donc tout ce qu'il ne reçoit pas par une hérédité naturelle mais qu'il se doit d'acquérir.

Par le langage, je fais mien tous ce qui est de l'ordre de la culture : normes, valeurs, croyances, rites…etc. Selon Descartes qui soutient que le langage est le propre de l'homme, et non celui des animaux : le langage possède donc un caractère historique et social qui ne peut se concevoir sans un apprentissage progressif, ni hors de tout contexte culturel. Tous les hommes sans exception, même fous ou stupides, sont capables de parler ou d'employer des signes pour faire connaître leur pensée.

Au contraire, il n'existe aucun animal qui soit capable d'employer le langage, sinon pour le répéter sans le comprendre (les pies ou les perroquets par exemple).

Si les animaux ne parlent pas, ce n'est donc pas par défaut d'organes convenables - les imitations peuvent être très bonnes pour certains oiseaux -, mais ils ne pensent pas ce qu'ils disent, et ne sont pas capables d'inventer un système de signes pour se faire comprendre.

Seul l'homme dispose d'une raison, les animaux n'en ont aucune.

Même l'animal le plus doué n'est pas capable d'égaler l'enfant le plus stupide.

Enfin, si les animaux avaient la moindre trace de raison, ils seraient en mesure de nous le faire savoir, ce qui n'a jamais eu lieu.

La faculté de langage est donc étroitement liée à la raison : elle y trouve son origine et sa capacité de développement.

Parler ne consiste donc pas à associer des mots, mais à penser ce que l'on dit, et à dire ce que l'on pense. Le langage transmet à la fois les bases pour parler (acquérir la parole qui est aussi écrite que parlée) mais aussi les bases pour appréhender la culture maternelle.

En Tunisie, l'apprentissage du langage se fait sur l'apprentissage des versets du Coran : le langage est donc intimement lié à la culture. « Nous disséquons la nature tracées à l'avance par nos langues maternelles ». Chaque langue est un système complexe de structures grâce auquel une culture organise les catégories dans lesquelles le locuteur analysera l'expérience, relèvera ou négligera certains types de rapports et de phénomènes, et maîtrisera ses raisonnements.

Etudiant le système verbal du hopi (parlé dans l'Arizona), Whorf montre qu'il ne comporte pas de forme se rapportant directement à l'expression du temps, mais qu'il est en revanche structuré selon des modalités qui relèvent de ce que les grammairiens appellent l'aspect, et contraint par exemple les Hopis à prêter attention aux processus vibratoires ou ondulatoires.

Seraient-ils alors plus proches que ceux qui parlent une langue indo-européenne de la vision du monde que fournit la physique contemporaine ? En le soutenant parfois, Whorf ne semble pas penser que ce genre d'affirmation se retourne contre sa thèse, du moins dans ses versions les plus fortes : car ce sont précisément des savants dont les langues maternelles étaient indo-européennes qui ont élaboré la physique, montrant par là qu'une langue n'impose pas une vision du monde dont il soit impossible de s'affranchir par un travail qui se concrétise dans l'élaboration d'une langue spécialisée permettant d'exprimer les phénomènes considérés. A côté de cet argument spéculatif, nous avons depuis les années soixante-dix des raisons positives pour infirmer la thèse culturaliste.

E.

Rosch, ayant constaté que les Danis (en Nouvelle-Guinée) ne disposent que de deux termes pour les couleurs, dont l'un s'applique aux teintes claires et chaudes, et l'autre aux teintes sombres et froides, se demanda quels effets pouvait avoir un vocabulaire aussi limité sur les comportements relatifs aux couleurs.

Pensant obtenir une confirmation de la position de Whorf, elle soumit les Danis à deux tests distincts, l'un de nomination, l'autre de reconnaissance.

Disposant devant les sujets de son expérience quarante échantillons de teinte ou de clarté différente, elle leur demanda d'abord de les nommer ; ensuite, après avoir montré un échantillon à un Dani, elle le faisait attendre dans l'ombre, puis lui demandait de retrouver l'échantillon parmi les quarante.

La même procédure était reprise avec des Américains.

Au premier test, les résultats furent ceux qu'on attendait : avec leurs deux termes de couleur, les Danis eurent beaucoup de difficultés.

Mais la surprise vint du second test : les Danis reconnaissaient à peu près les couleurs de la même manière que les Américains.

Les différences dans le vocabulaire disponible n'avaient guère d'influence sur les mécanismes de stockage en mémoire ou de rappel : la mémoire et la. »

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