En apprenant sa langue maternelle n'apprend-on qu'à parler ?
Extrait du document
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Termes du sujet:
Parler: utilisation personnelle d'une langue.
Langue
Une langue est un ensemble institué et stable de signes et de règles grammaticales que partage une communauté
humaine donnée.
Introduction.
Lorsque l'on dit qu'un enfant apprend à parler, on passe sous silence un complément évident : il apprend à parler sa
langue maternelle.
On ne peut apprendre à parler « à vide », indépendamment d'une langue déterminée.
Mais la
langue maternelle n'apporte-t-elle pas plus qu'une simple illustration de ce que parler veut dire? En apprenant sa
langue maternelle, n'apprend-on qu'à parler?
Nous verrons tout d'abord qu'apprendre à parler implique déjà plus que la simple capacité d'énonciation, puis nous
examinerons l'apport spécifique de la langue maternelle; nous verrons enfin comment la fonction du langage nous
rend libres à l'égard de la langue maternelle.
I.
Apprendre à parler, c'est déjà beaucoup.
Pour déterminer si en apprenant sa langue maternelle on n'apprend qu'à parler, il faut se demander ce que l'on
apprend à ce moment-là.
• Du besoin à l'idée.
En apprenant à parler, l'enfant n'apprend pas seulement à formuler plus clairement ses besoins, que ses cris
traduisaient déjà assez bien : il apprend aussi à exprimer des idées indépendantes de ses besoins naturels, à
raconter des histoires, bref il accède au monde de la culture.
• Du babil au dialogue.
Apprendre à parler, c'est également devenir un véritable partenaire de dialogue : un échange réciproque intervient
très tôt entre l'enfant et les personnes qui l'entourent, mais ces dernières doivent se livrer à un déchiffrage
incertain de ce que l'enfant communique jusqu'à ce qu'il soit capable d'articuler véritablement des mots.
• La conscience de soi.
Enfin, c'est à travers l'apprentissage du langage que se forme la conscience de soi : la maîtrise progressive de la
première personne (« moi », « je » ) est contemporaine de la prise de conscience de soi comme sujet distinct des
autres.
Posséder le JE dans sa représentation: ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là , il est une
personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire
un être entièrement différent par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise; et ceci,
même lorsqu'il ne peut pas dire JE, car il l'a dans la pensée; ainsi toutes les langues, lorsqu'elles parlent à la première personne, doivent penser ce
JE, même si elles ne l'expriment pas par un mot particulier.
Car cette faculté (de penser) est l'entendement.
Il faut remarquer que l'enfant qui sait déjà parler assez correctement ne commence qu'assez tard (peut-être un an) à dire JE; avant il parle de soi à la
troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.); et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire JE; à
partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler.
Auparavant, il ne faisait que sentir; maintenant il pense..
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