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Edmund Husserl (article universitaire)

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Toujours davantage à mesure que s'écoule le temps, c'est sous le signe du paradoxe que nous apparaît l'oeuvre d'Edmund Husserl. Cet homme simple, modeste, incertain de lui-même, a eu pour ambition de recommencer la philosophie et d'instaurer vraiment sinon le cartésianisme du moins le Cogito. Et cet immense projet s'est sans cesse et très profondément modifié sans porter atteinte à la confiance que nourrissait en lui son auteur, au point qu'il ne nous est même pas permis d'en mesurer exactement le sens et la portée. Husserl est devenu philosophe, et grand philosophe, comme sans le vouloir et à partir des difficultés que soulève, pour le mathématicien, le statut réel de l'objet de sa science. Quand il commence de réfléchir, le psychologisme, tendance dominante à l'époque, s'efforce de réduire les lois de la pensée aux conditions mentales du fonctionnement de celle-ci.  On ne saurait, mathématicien, s'arrêter à de telles solutions. Elles méconnaissent le vrai problème qui est de savoir ce que signifie cette exigence d'intelligibilité que le mathématicien pose en mesure effective de ses affirmations, cette science que la nature accepte pour règle. Répondre à ces demandes en montrant que notre esprit est fait de telle façon, c'est leur opposer une fin de non-recevoir. Comme l'a dit Husserl, on vérifie la marche d'une machine à calculer en se référant aux lois du nombre, non aux lois de la mécanique qui n'interviendront que pour en réparer les défauts. Aussi Husserl va-t-il chercher chez deux philosophes anti-psychologistes les éléments d'une doctrine qui lui permettra de lutter contre le psychologisme. Il devra à Brentano l'idée de l'intentionnalité, à Bolzano celle de la distinction radicale entre un acte mental et la signification visée ou établie par cet acte. A dire vrai, ces deux principes fondamentaux de sa philosophie vont recevoir un sens différent de celui que leur reconnaissaient ces deux auteurs. Chez Husserl, l'intentionnalité désigne l'essence même de la conscience ; celle-ci existe selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle-même. S'il n'y a pas de connaissance sans connu, il n'y a pas non plus de volonté sans voulu, d'amour sans aimé, de haine sans haï, etc. On en pourrait, peut-être, déduire que la conscience n'est rien en elle-même puisqu'elle peut être tout mais sur le mode du non-être. Toutefois, cette conséquence qui ramène au coeur de la conscience la négativité hégélienne n'a pas été aperçue par Husserl, dont l'anti-hégélianisme, inspiré du climat philosophique de son temps, demeura constant et souvent injuste.


« Edmund Husserl. »

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