Ecouter la voix de sa conscience, est-ce écouter celle de sa raison ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Cette question s'interroge sur une identité - celle de la voix de sa conscience et celle de sa raison ?
Cette identité possible nous pousse donc à nous interroger sur les concepts de conscience et de raison - ce
dans le cadre essentiellement de la morale - car parler de voix de la conscience c'est bien s'intéresser à la
sphère morale :
Conscience :
La conscience morale renvoie au sentiment intérieur d'une norme du bien et du mal qui nous parle, nous dit
comment apprécier, évaluer la valeur des conduites - les nôtres comme celles des autres.
Cf le daimon
socratique.
Cette « voix de la conscience » comme le dit le langage courant est partagée par tous les hommes
- elle est universelle : c'est la voix de la nature.
Nous rentrerons plus en avant dans l'analyse philosophique par
la suite.
Raison :
Le mot raison est polysémique : rappelons brièvement ces multiples acceptions 1° La raison est d'abord la
faculté qui permet de raisonner discursivement, de combiner des concepts et des propositions - on la dit à ce
titre être le propre de l'homme.
2° La raison est aussi un objet de connaissance en tant qu'il est rapport.
La
raison exprime ainsi l'inclusion d'un nombre par un autre.
Même si ces deux acceptions sont essentielles, le
sujet nous pousse plus à comprendre la raison comme un principe.
Néanmoins ici à nouveau il est possible de
déterminer deux sens de raison, deux sens qui seront au coeur de notre analyse.
3° La raison comme principe
certes mais principe d'explication au sens théorique.
C'est dans ce sens qu'on parle de raison d'être, de ce qui
rend compte d'un objet.
La question de la raison d'être est bien la question du « pourquoi », et la réponse est
bien celle du « parce que », de l'explication, de la démonstration.
Elle implique donc une relation de nécessité
entre ce qui est et ce dont on cherche la raison d'être.
4° Outre cela, on peut comprendre la raison dans un
ultime sens, celui du principe non plus théorique, mais normatif au sens toujours de cause et/ou de motif
légitime.
La quête ici est moins celle de la démonstration théorique que celle de la justification.
On justifie un
acte ; on démontre une théorie.
5 ° Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en
tout homme.
Problématisation :
Ecouter la voix de sa conscience, est ce écouter la voix de sa raison ? Cette question si on répond
par l'affirmative suppose que la conscience morale s'identifie avec la raison.
Autrement dit l'on s'interroge ici
précisément sur le rapport existant entre morale et sentiment.
Car soit les voix de la conscience relèvent de
l'ordre du sentiment et donc elles semblent ne pas pouvoir s'identifier avec les voix de la raison, soit au
contraire la voix de la conscience relève de la raison et dans ce cas bien entendu les deux peuvent se
confondre.
D'où notre question : dans quelle mesure voix de conscience et voix de raison se confondent-elles ?
Plan :
I.
Voix de la raison et voix de la consciene : une relation d'exclusion
II.
Identification entre voix de la raison et voix de la conscience
III.
Remise en question de la conscience
I.
Voix de la raison et voix de la conscience : une relation d'exclusion
1.
La conscience relève du sentiment
Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal"
Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question de la conscience dans sa
dimension morale.
En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la
conscience signifie au sens premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et
les expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce sentiment qui pourrait
nous permettre de distinguer le bien du mal.
Tel est le sens de la formule de Rousseau puisqu'il la
qualifie de « juge infaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.
Il suffit alors
d'écouter « la voix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en
son âme et conscience ».
Si on peut alors définir l'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant
qu'être moral ou, en tout cas, en tant qu'être pour qui la question morale se pose.
Pourtant, faire
reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poser problème.
En effet, n'est-il pas possible de faire
le mal en toute bonne conscience ?.
»
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