d'où la morale tire-t-elle les substances de ses prescriptions et de ses interdictions ?
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«
INTRODUCTION
A) - La morale est une législation universelle qui se présente a).
dans le cadre personnel comme une maïeutique de
la volonté ou recherche d'une discipline autonome parmi les sollicitations contradictoire des passions, b) dans le
cadre social comme une organisation de la confiance, c'est à dire d'un régime où nul n'exploite la crédulité de son
semblable.
B) — Le formalisme Kantien est, à cet égard, une conquête définitive de la raison humaine a) mais une équivoque
grave subsiste : tout acte, même criminel, a sa place dans le déterminisme des causes et des effets et la maxime
dont il procède est universelle, car au point de vue de la logique formelle, tout ce qui est « déterminé » est
universel, notamment les jugements singuliers (Socrate est mortel) dont le sujet a une extension infinitésimale, il est
vrai, mais épuisée par l'affirmation ou la négation b) il faut donc que la législation morale soit à la fois générale et
sans exception de droit, c'est à dire susceptible de rallier toutes les volontés.
Pour cela, il faut que la « nature
humaine » entre en ligne de compte.
I — DANS LE CADRE SOCIAL.
A) — Il n'est pas illogique de commencer par la collectivité parce que a) la société, disait déjà Platon, est une image
agrandie de l'âme, b) elle réclame sur le plan doctrinal des prérogatives morales, prétention qui aboutit à la « morale
sociologique » et qu'il faut
tirer au clair, c) souvent aussi par des passe-droits moraux, tels que la « raison d'État » dernier argument des Etats
mûrs pour l'annexion.
B) — La morale sociale n'est pas l'image abstraite d'une société plus ou moins corrompue,- mais son image virtuelle,
c'est à dire la représentation d'une société régie par la confiance unanime et dont tous les membres coopéreraient
sans aucune contrainte.
C) — Il n'existe présentement a) qu'une première approximation de ce régime, c'est la « démocratie », ordre dans
lequel l'unanimité décide d'accepter la règle majoritaire, b) l'objection de ceux qui prétendent la refuser ne -compte
pas moralement et il est dans la logique de leur système, dont on ne retiendra sur le plan moral que la franchise, de
« séparer radicalement la politique et la morale », autrement dit de recourir à la violence contre laquelle la violence
est la seule défense et l'authentique devoir, c) par contre en seconde approximation, la démocratie appelle des
réformes d'ordre pédagogique et économique sans lesquelles le suffrage universel, brimé et non éclairé, ne serait
qu'une basse comédie.
II — DANS LE CADRE PERSONNEL
A) - La conscience morale a) n'est pas une faculté im 'née dans un but de prédication plus ou moins suspect, h) on
a seulement exagéré l'infaillibilité : parfois elle décide impérativement, plus souvent elle cherche loyalement et non
sans labeur.
B) — Ses intuitions peuvent se transposer analytiquement.
Trois sortes de conditions d'existence apparaissent alors
: a) biologiques ce qu'on traduit sommairement par le « droit à la vie », b) psychologique : divers ordres
d'inclinations qu'il s'agit d'harmoniser ; c) sociologiques : divers groupements collectifs qu'il s'agit également
d'accorder.
Ces conditions, du reste, sont coordonnées et c'est ce qui explique l'illusion des doctrines qui les
réduisent à l'un ou l'autre groupe.
CONCLUSION
L'image virtuelle de la perfection individuelle et humaine est donc celle d'une liberté maximisée : Kant a dégagé le
vrai principe de la morale, Bentham en a entrevu la règle, mais, en appliquant celle-ci à la notion « d'intérêt », il a
pris très exactement le contre-pied de l'ordre rationnel ; aucun régime de confiance ne sortira.
jamais d'un conflit
d'intérêts à moins d'entendre par « confiance » la protection d'une classe sociale au détriment des autres, la liberté
des exploiteurs..
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