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Donner pour recevoir, est-ce le principe de tout échange ?

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« Donner et recevoir sont des termes du langage courant.

Ils font cependant référence au travail de Marcel Mauss sur le don.

Ils indiquent que tout échange implique réciprocité : on donne pour recevoir.

Le don s'effectue alors en vue d'un don réciproque : le contre-don.

L'expression "tout échange" montre que le sujet ne se limite pas à l'échange marchand - c'est-à-dire à l'échange de marchandises par l'intermédiaire de la monnaie.

Il faut donc s'interroger sur l'échange en général : non seulement échange de biens matériels, mais aussi échange de paroles ou de pensées. Le terme de principe a plusieurs sens : - un sens moral : il s'agit d'une maxime que l'on a choisi de suivre. - un sens logique : il s'agit du point de départ d'un raisonnement. - Dans le sujet, il est synonyme de cause : donner et recevoir seraient la cause de tout échange. Remarque importante : Le sujet contient un présupposé, d'après lequel, donner pour recevoir serait au principe de quelques échanges. Celui-ci doit être justifié et remis en question au cours du devoir. L'ANALYSE DU PROBLÈME La notion d'échange renvoie d'abord à l'ensemble des activités sociales au cours desquelles des biens sont donnés contre d'autres biens.

Dès lors, l'échange semble toujours impliquer une réciprocité : on donne pour recevoir, comme dans l'échange de marchandises. Cette réciprocité paraît alors constituer le principe de l'échange, c'est-à-dire sa cause unique, nécessaire et suffisante.

Pourtant, l'échange n'est pas limité à l'échange marchand : on peut échanger des paroles, des pensées. Dans ce cas, la réciprocité est-elle réellement au principe de l'échange ? Donne-t-on pour recevoir en retour ? Mais s'agit-il encore d'un échange à proprement parler ? Le sujet invite ainsi à s'interroger sur le paradoxe d'un échange sans réciprocité, autrement dit d'un échange qui cesse d'en être un. I) La réciprocité au principe de tout échange. 1 - L'échange de biens Comme le montre Smith dans La Richesse des Nations, l'échange de biens est lié à la division du travail.

Les produits du travail sont échangés pour que l'ensemble de la société subsiste et satisfasse ses besoins.

À bien lire Adam Smith et ses contemporains ou disciples, le travail est une unité de mesure, un cadre d'homogénéisation des efforts, un instrument permettant de rendre différentes marchandises et différentes actions comparables.

Le temps est son essence.

La notion de travail trouve son unité, mais au prix de son contenu concret : le travail est construit, instrumental, abstrait.

Instrument de la comparabilité de toutes choses, le travail devient en même temps, dans la philosophie smithienne, le fondement et le ciment de l'ordre et du lien social : dans une société qui doit être tout entière tendue vers la recherche de l'abondance, le rapport qui lie les individus est fondamentalement celui de la contribution des individus à la production, et de la rétribution, dont le travail est la mesure.

L'échange est alors nécessairement réciproque : on donne ce que l'on possède pour recevoir ce que l'on ne possède pas. 2 - L'échange en général. Plus généralement, Marcel Mauss montre dans son Essai sur le don que tout échange obéit à une triple obligation : donner, recevoir et rendre.

Cette structure fondamentale rend possible la totalité des échanges s'effectuant dans une société et constitue leur moteur.

Dans ce texte, devenu un classique, Mauss montre, à partir d'une colossale documentation empruntée aux époques et aux cultures les plus diverses, que cette institution présentait un caractère doublement ambivalent.

D'abord, que le don libéral et gracieux est régulièrement suivi d'un contre-don tout aussi unilatéral et arbitraire mais tacitement perçu comme la réponse adéquate à la première prestation.

Sur ce point, la pratique et même la contrainte sociale implicite apparaissent formelles.

Il faut rendre, et bien rendre, selon un code précisément établi : ni trop ni trop peu, ni trop vite ni trop tard.

Aussi le don est-il indiscutablement l'amorce d'une relation réciproque, un échange différé.

Mais le concept de don contient un autre paradoxe, plus difficile à admettre : l'action de donner, qui semble matérialiser une relation de sympathie, revêt en fait une dimension agressive.

Car le cadeau crée une dette.

En obligeant son partenaire, le donateur acquiert sur lui de l'ascendant, sinon du pouvoir.

Il le contraint à l'obligation, éventuellement coûteuse, de rendre et d'être pris, peutêtre malgré lui, dans une escalade embarrassante, dans une partie risquée où sont en jeu nom, réputation, rang, fonction ou simplement fortune.

Le caractère « agonistique » des échanges de cadeaux reste perceptible dans nos sociétés modernes et développées, qui ont le sentiment de sauvegarder par là des formes archaïques de sociabilité pour contrebalancer une morale de l'intérêt individuel et de l'efficacité comptable.

Mais les rapports festifs fussent-ils l'objet d'immenses mobilisations collectives orientées vers une consommation massive de produits, comme à l'occasion de Noël ou dans certains carnavals contemporains - paraissent peu de chose face aux dissipations d'un luxe inouï que s'offrent les sociétés primitives. »

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