Doit-on toujours garder ses distances avec autrui ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet semble d'amblée dire que nous avons une certaine distance à garder avec autrui.
Nous devons nous
interroger sur les rapports interpersonnels et intersubjectifs.
De quel type sont-ils ?
Nous devons bien considérer que l'autrui évoqué ici n'est pas seulement un autre, c'est un autre qui pourrait être
moi, une sorte d'alter ego, avec lequel je vis en communauté, d'où l'importance de l'enjeu à déterminer l'approche
que l'on peut avoir avec autrui.
Doit-on toujours garder ses distances avec autrui ? En d'autres termes : autrui n'est-il qu'une menace pour moi ? Ou
encore ai-je besoin de m'éloigner d'autrui pour être moi même, mais aussi en quoi cependant peut-on dire que la
présence d'autrui m'est indispensable pour que je sois.
Proposition de plan :
I ] Distance prudence et distance méfiance :
a)
Nous devons garder nos distances par prudence car autrui est une menace potentielle :
Autrui est pour moi un inconnu, je n'ai donc aucune garantie quant à ce que je vais trouver.
Il est donc normal et
logique de garder ses distances par rapport à un autrui quand je le découvre, car je peux supposer qu'il représente
pour moi une menace (« l'homme est un loup pour l'homme », Hobbes, Léviathan)
« Le fait d'autrui est incontestable et m'atteint en plein coeur, je le réalise par le malaise; par lui je suis
perpétuellement en danger.
» (SARTRE, L'Être et le Néant.)
Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant
qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.
Son mérite est d'avoir montré
que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.
Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon
être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition
nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre
de l'autre en mon être.
Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.
»
Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des
consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.
» Il reste donc
à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.
Aussi Sartre récupère-t-il le sens
hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concrets
d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.
L'autre différence, c'est que si, pour Hegel, le
conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui.
On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».
Ce thème est développé sur un plan
plus philosophique dans « L'être & le néant ».
Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée
hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».
Sartre y affirme :
« S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse
autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chute
originelle, c'est l'existence de l'autre… »
J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes choix et par mes actes.
Je deviens « ceci ou
cela ».
Mais cette définition reste toujours ouverte.
Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de mon avenir.
Et je suis
celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause
d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame une
négation explicite : l'objet, c'est ce que je me fais ne pas être… »
Or je suis, moi, celui que je me fais être.
Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simple surgissement
d'autrui est une violence fondamentale.
Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.
Il est là, je le vois et je découvre que je
ne suis plus centre du monde, sujet absolu.
Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'il
me voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté.
Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté de
l'autre en chose passive.
Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.
Qu'est-ce qui, en effet,
me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.
C'est la raison
pour laquelle Sartre envisage les deux moments.
Dans un premier moment, je vois autrui.
Imaginons : « Je suis dans un jardin public.
Non loin de moi, voici une pelouse et, le long de cette
pelouse, des chaises.
»
Situation paisible.
Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.
Je vois cet homme… »
Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, mais aussi et en même temps comme un
homme.
Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, un automate, par exemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à.
»
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