Doit-on rejeter les apparences au nom de la vérité?
Extrait du document
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Vocabulaire:
Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous.
Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement.
VÉRITÉ
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement
comme l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord
de l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements,
l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui
concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté
qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du
jugement vrai.
Problématique.
L'apparence est la forme sous laquelle nous sont présentés les objets de l'expérience.
La notion d'apparence permet
donc d'introduire la distinction entre la chose en soi et son apparence même, laquelle serait dépourvue de vérité.
Cette distinction peut être mise en question, puisque nous n'avons de rapport avec les choses que parce qu'elles
nous apparaissent.
L'apparence qui cache la chose est aussi ce qui la dévoile, la vérité ne pourra dès lors se saisir
que dans l'apparence.
Plan détaillé:
1) Critique du monde sensible.
a) L'apparence est sensible.
L'apparence relève, par excellence, du domaine du sensible.
L'apparence est perçue par les sens et non par
l'entendement.
Or le sensible, à la différence de l'intelligible, est soumis au changement au devenir.
Il n'y a pas de
permanence de l'apparence.
Ce qui m'apparaît avec telle ou telle qualité, comme le morceau de cire donné en
exemple par Descartes dans les "Méditations métaphysiques", peut la perdre et m'apparaître autrement.
La vérité au
contraire doit me monter ce qu'est la chose même: l'apparence ne fait que m'éloigner de cette chose.
b) L'illusion.
A la limite les apparences sont le domaine de l'illusion.
On pourra songer à n'importe quel exemple d'illusion d'optique
ou aux mirages pour éclaircir ce point: le mirage est en effet l'apparence pure, à quoi ne correspond aucune réalité.
L'apparence n'est plus alors apparence de rien et ne peut nous mener qu'à l'erreur.
L'art de l'illusionniste est ainsi
celui du sophiste, qui joue avec les apparences de la vérité par des raisonnements captieux, désireux de tromper le
naïf ou l'ignorant.
c) Apparence et science.
L'apparence, objet de la sensation, ne peut être l'objet d'aucune science.
La science, c'est précisément la
connaissance en tant qu'elle s'oppose à l'opinion.
L'opinion se contente de l'apparence sans chercher la vérité.
La
sensation, même si elle s'accorde par hasard à la vérité, ne se confond jamais avec elle parce qu'elle demeure dans
le singulier, la science étant toujours science de l'universel.
Le morceau de cire (Descartes).
"Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus
distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons.
Je n'entends pas parler des corps en
général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier.
Prenons pour
exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il
contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli; sa couleur, sa figure, sa
grandeur, sont apparentes; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son.
Enfin
toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit,
sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on
toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son.
La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il
faut avouer qu'elle demeure; et personne ne le peut nier.
Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire
avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens,
puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se
trouvent changées, et cependant la même cire demeure.
Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir.
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