Doit-on opposer «faire ce que l'on veut » et « faire ce qui plaît » ?
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Analyse du sujet
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Qu'est-ce qui plaît ? Rapport au plaisir (et à sa recherche éventuelle)
Acquiescer au plaisir, est-ce faire acte de volonté ?
Quand montre-t-on le plus de volonté : en obéissant à un penchant immédiat, ou en décidant d'y résister pour faire autre chose ?
Penser à l'acception morale de la volonté.
[Introduction]
• "Volonté" est un terme ambigu, qui se réfère au désir d'appropriation sans délai (l'enfant qui veut une pâtisserie) ou à l'action
(vouloir faire quelque chose).
Le sujet invite à négliger la première acception, puisqu'il envisage le problème du faire.
Mais faire ce qui
plaît, ou ce dont on attend un plaisir immédiat, est-ce faire authentiquement ce qu'on veut, est-ce exercer sa volonté à l'égard des
choses ?
[I - Ce qui plaît est tentant]
Ce qui plaît promet, par définition, un plaisir.
Cela correspond ainsi à un penchant, une tendance immédiate, dont le sujet connaît
d'avance l'aboutissement, parce qu'il en a déjà eu l'expérience.
Ainsi peut on désirer ce qui s'annonce comme plaisant ou satisfaisant.
Dans le désir, ma subjectivité est déterminée par l'objet.
Hegel voit même dans une telle situation une atteinte à la liberté de l'individu,
une soumission temporaire à une chose extérieure.
De ce point de vue.
ce qui me plaît ne peut amener ma volonté à s'exercer.
L'exercice de la
volonté suppose au contraire la présence d'un obstacle à vaincre.
Or.
ce qui plaît s'annonce au
contraire sous l'aspect d'une séduction ou d'une tentation sans obstacle : c'est spontanément
que ma subjectivité s'oriente vers ce qui plaît, sans que cette orientation suppose de ma part un
effort.
[II - Vouloir, c'est contrarier la tentation, ou la tendance spontanée]
L'enfant ne mange volontiers que ce qu'il aime, ce dont le goût lui plaît.
Ses parents lui
demandent alors de faire un effort pour avaler aussi ce qu'il n'aime pas.
S'il n'y parvient pas,
on lui demande de faire preuve de volonté.
La volonté se prouve alors en orientant le sujet vers
ce qui ne lui plait pas.
De manière générale, on doit admettre que faire ce qu'on veut, au sens eu l'on applique sa
volonté, c'est au minimum, faire autre chose que ce qui plaît.
Le sentiment qui accompagne
l'acte volontaire est lié a un effort, à la nécessité de s'obliger à agir dans une direction qui ne
correspond pas aux habitudes, eu à la spontanéité.
La volonté agit, elle a des conséquences sur
la conduite, et elle s'oppose par définition à la passivité sous-entendue par le comportement
simplement sollicité par l'objet déjà connu comme plaisant.
Il apparaît donc qu'il n'y a d'action volontaire qu'allant contre ce qui séduit.
Si un être me plaît
(si je suis séduit par sa présence), il va de soi que je ne fais pas ce que je veux en cédant à
son charme, je suis simplement sous l'empire du sentiment que j'éprouve, ou même d'une
passion naissante, qui oriente spontanément mon attention et mes actes vers son objet.
A l'inverse.
ma volonté n'internent que si je
décide de ne plus rencontrer l'en e en question, quitte a me priver du plaisir que j'en éprouvais ; c'est alors que j'arrive à faire autre
chose que ce à quoi m'invitait mon premier intérêt.
[III - Il faut, non vouloir ce qui plaît, mais faire que ce qu'on veut plaise]
Si l'on s'intéresse A l'aspect moral de la volume, son incompatibilité avec ce qui plaît spontanément eu encore plus prononcée.
La
volonté momie est en relation avec le devoir.
Or celui-ci implique précisément que je n'obéisse pas à mes impulsions ou à mes intérêts
égoïstes (qui me promènent des objets immédiatement plaisants), pour régir ma conduite sur tout autre chose, qui est la ferme de la
loi en général.
Par définition, la loi ne peut me plaire puisqu'elle m'oblige à choisir d'autres buts que ma satisfaction directe.
Elle n'est pas.
en ellemême, séduisante, puisque son universalité concerne, en moi.
ce qui est indifférent à la sensibilité et à la subjectivité pure, à savoir
mon versant purement rationnel.
Mais c'est précisément lorsque je décide d'obéir à cette loi non plaisante (ou même déplaisante lorsqu'elle m'oblige à une conduite
difficile} que s'exerce le mieux ma volonté, alors que s'affirme son autonomie — c'est-à-dire le fait que rien d'extérieur ne l'influence
ou la détermine.
L'être moralement volontaire est alors celui qui pense que c'est ce qu'il »eut qui doit lui plaire Mais comment, puisque cela n'a rien
d'immédiatement plaisant ? En s adressant à son intellect seul, et non à sa sensibilité, et en suscitant ce que Kant nomme «
contentement de soi ».
[Conclusion]
Pour qu'il y ait acte volontaire, il faut que l'acte aille a rencontre de ce qui plaît Plus l'écart est prononcé, plus la volonté intervient, et
ce qui s'affirme particulièrement avec la volonté morale vaut aussi pour la psychologie quotidienne.
Si la volonté a une valeur.
c'est
précisément parce qu'elle nous permet de lutter contre noire tendance à obéir passivement à ce qui nous plaît : elle réintroduit, par
son intervention, une capacité permanente de négation et de refus par rapport aux séductions immédiates du monde, et nous donne
ainsi l'occasion de donner à noire existence la dimension du choix et de l'activité réelle..
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