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Doit-on aimer autrui ?

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Un homme meurt sous les coups de son meilleur ami. S'il était encore vivant serait-il en mesure de lui pardonner ? Le meurtrier a peur du fantôme. L'amant de Thérèse Raquin tremble : le mort dort entre lui et elle. Est-il possible  d'aimer ? A ce point que la question "doit-on aimer autrui ?" se pose et s'impose.  Les raisons abondent pour nous imposer d'aimer soit disant autrui et en même temps quoi de plus merveilleux que de rêver aimer autrui. La haine est un cauchemar. Alors pourquoi ce "doit-on" ? Le devoir n'est-il pas étranger à l'amour ? En amour l'envie est déjà acquise et le devoir s'oppose à l'envie. Non, répondra le juste, le devoir s'impose à l'envie, il ne vient pas la détruire. Qu'est cette violence du devoir pour imposer l'amour ? Comment concilier le devoir et l'amour ?

 Le devoir peut-il conditionner l'amour ? l'amour exige-t-il le devoir ? N'est-ce pas ainsi que vont les choses par condition et exigence et par amour ?

« Un homme meurt sous les coups de son meilleur ami.

S'il était encore vivant serait-il en mesure de lui pardonner ? Le meurtrier a peur du fantôme.

L'amant de Thérèse Raquin tremble : le mort dort entre lui et elle.

Est-il possible d'aimer ? A ce point que la question "doit-on aimer autrui ?" se pose et s'impose. Les raisons abondent pour nous imposer d'aimer soit disant autrui et en même temps quoi de plus merveilleux que de rêver aimer autrui.

La haine est un cauchemar.

Alors pourquoi ce "doit-on" ? Le devoir n'est-il pas étranger à l'amour ? En amour l'envie est déjà acquise et le devoir s'oppose à l'envie.

Non, répondra le juste, le devoir s'impose à l'envie, il ne vient pas la détruire.

Qu'est cette violence du devoir pour imposer l'amour ? Comment concilier le devoir et l'amour ? Le devoir peut-il conditionner l'amour ? l'amour exige-t-il le devoir ? N'est-ce pas ainsi que vont les choses par condition et exigence et par amour ? Pour Kant, il va de soi que le devoir s'oppose à nos penchants.

Aimer autrui peut être un penchant mais dans ce cas, cet amour n'a pas le pureté de la morale.

L'amour dont parle la morale est un amour libre.

il ne s'agit pas de s'abandonner à un penchant.

Est-ce de l'amour qu'une inclination Intéressée ? L'amour dont parle la morale est celui de l'obligation morale. En quoi cela peut-il être de l'amour ? Kant n'hésite pas à signaler que le religion chrétienne lie le devoir et l'amour.

Les Evangiles ne nous présentent-elles pas un commandement d'amour? L'amour n'est pas du côté du désir, du sentiment. L'amour véritable est le don de soi dans le respect de la loi morale.

Kant sans le savoir rejoint saint Augustin pour qui nous devons peu à peu cesser de vouloir être aimé seulement pour aimer aimer (prendre plaisir à aimer) et enfin seulement aimer.

L'amour vrai est celui qui est produit non celui qui est senti.

Kant précise: ce n'est pas le sentiment qui produit l'amour en nous, c'est la raison.

Car le sentiment est un produit de déterminations physiques, physiologiques mais la raison est la manifestation même de notre liberté.

Certes, la connaissance de cette dernière est au-delà de nos possibilités mais l'usage moral de la raison ne cesse de la présupposer.

L'amour véritable est le fruit du devoir car le devoir s'élabore avec la raison, manifestation en nous de la liberté.

Pour aller un peu plus loin que Kant lui-même c'est quand le sentiment s'ordonne au devoir, à la libre raison que l'amour s'accomplit.

C'est pourquoi si on veut aimer en vérité autrui, on doit l'aimer, notre amour est alors celui initié par le devoir. Sade est l'antithèse de la tradition qui va jusqu'a Kant.

On ne doit pas aimer autrui.

Autrui comme visage du devoir, comme celui sur lequel je lis le commandement "Tu ne dois pas ne pas aimer" est une limite, un obstacle à ma jouissance.

Le devoir d'amour est l'antithèse de la jouissance.

La jouissance vient quand je me suis laissé aller au bout de mes plaisirs. Toute règle ne peut être qu'un menu et qu'une manière arbitraire de consommer décidée a l'avance.

Sade pousse loin l'éviction du devoir d'aimer.

Il lance un appel à jouir quoiqu'il en coûte.

L'aristocrate de la jouissance ne doit rien s'interdire, tout ce qui peut s'imaginer doit pouvoir se réaliser.

Autrui n'est que le corps de ma jouissance.

Il n'a aucun droit de m'interdire aucun accès.

Bien plus ma jouissance est plus forte quand je vais au-delà de ce qu'il voudrait m'interdire avec sa morale.

La jouissance la plus forte selon Sade est donc dans le crime.

Il faudra détruire tout remords cela fait si longtemps que l'on a voulu nous inculquer la morale, il nous faudra des complices et des victimes.

Il nous faut surtout pour jouir totalement surmonter le dégoût qu'on s'est ingénié à mettre en nous pour ce qui nous rendrait étranger à nousmêmes.

Loin d'aimer quoi que soit, il faut jouir froidement, c'est-à-dire sans se soucier de ce qui a donné la jouissance, La mécanique de Sade, plus que le refus du devoir d'aimer, refuse l'amour.

Sade nous interroge : quel est l'intérêt de l'amour où il n'y a pas satisfaction du désir voire jouissance ? Pour Platon ou pour Spinoza, il y a un amour adéquat au désir et qui procure la jouissance.

Le devoir n'est que le prix temporaire de souffrance et de douleur pour accoucher d'un désir d'amour pur.

Kant a oublié que la raison et le devoir luimême nécessitent le désir.

Le désir en tant que vie est source de la raison et même du devoir.

Kant oppose devoir et désir alors qu'il s'agit d'un conflit interne au désir.

St Paul l'a bien exprimé: en esprit, je désire le bien seulement, mais, concrètement, au niveau charnel, je fais la plupart du temps le mal.

Sade estime qu'il faut dans cet apparent conflit céder la place aux plaisirs et à la jouissance immédiate.

Il ne voit pas que son appel peut et va se retourner contre lui.

La souffrance et la douleur marquent comme un irréversible, on ne peut plus jouir de ce qui a été détruit.

La jouissance a besoin d'être créatrice sinon elle va tout épuiser.

On ne peut pas être de simple consommateur, on doit devenir des producteurs afin de jouir intégralement.

Devenir Créateur, tel est le véritable devoir d'amour.

Il faut voir au moment où je m'impose contre mon désir immédiat d'aimer l'autre que je le recrée.

Aimer l'autre, c'est créer pour lui un espace et un temps.

Rien de plus créateur et de plus aimant que de laisser l'autre à sa liberté.

Même parfois quand sa liberté amoindrit la mienne, car, en fait, c'est moi qui la lui accorde.

Je dois effectivement aimer autrui dans la mesure où je dois détruire en moi le désir égoïste immédiat pour le remplacer par le désir du bonheur de l'autre.

Mais cet effort, cette douleur, ce sacrifice constant m'apporte la jouissance d'être celui qui permet l'autre.

En lisant Platon ou Spinoza, on peut même espérer parvenir a un type de conscience où notre ego, source du désir égoïste, s'harmonise avec le tout.

L'ego égoïste mourait en quelque sorte pour laisser le place à un type de conscience englobant moi et l'autre.

Ceci nous arrive bien souvent : le devoir d'aimer est moins lourd pour les amoureux et les amis.

Mais ils nous proposent d'étendre cette conscience à tout. Le devoir n'implique pas l'amour en sa plénitude mais il le prépare, il crée les conditions de sa venue.

Un nouveau type de conscience peut émerger dans celui qui aura sacrifié en lui tout ego égoïste.

Ce nouveau type de conscience est un amour à l'échelle de l'univers, qui ne connaît aucun conflit avec son désir.

La vie et le désir de celui qui aurait cette conscience serait pur amour.

Platon et Spinoza pensent que l'homme peut y parvenir.

St Paul en doute, il pense que l'homme pour s'approcher de cet amour divin a besoin d'un Dieu.

Cet amour qui est l'accomplissement de la sagesse peut-il se produire en nous ?. »

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