Dois-je tenir compte de ce que font les autres, pour orienter ma conduite ?
Extrait du document
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VOCABULAIRE:
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
Dans quelle mesure l'action d'autrui doit-elle être une référence, un modèle ? Est-on obligé de toujours fonder son
action sur celle d'autrui ? En quoi cette nécessité remet-elle ou non ma liberté en question ? L'histoire ne nous
démontre-t-elle pas à quel point l'expérience des autres peut nous être nécessaire pour notre conduite ? Quelle
importance peut-on accorder à l'influence d'autrui pour orienter notre conduite ? Cette influence est-elle consciente
ou inconsciente : comment peut-on décider ou non de tenir compte de cette influence ? Il paraît nécessaire d'avoir
des modèles et d'avoir besoin du regard des autres pour orienter notre conduite, mais ceux-ci ne doivent pas
tourner à l'obsession : ne risquent-ils pas de détruire tout individualisme, toute spontanéité, de l'individu ? Une telle
attitude n'est-elle pas source d'immobilisme, d'illusion, d'erreur, de conformisme ? Comment interpréter justement les
actes d'autrui ? Dans quelle mesure suis-je capable de comprendre ce que font les autres ? "Tenir compte" et
"orienter" : ne devrait-ce pas être ni suivre ni rejeter (Descartes, Discours de la méthode, 1e et 2e parties :
nécessité de remettre en question tout ce qui nous vient des autres pour savoir soi-même ce que l'on doit faire ou
croire, nécessité de la raison avant de choisir objectivement), mais être un mode de pensée avant l'acte ? Avant de
faire comme les autres, il faudrait s'interroger sur leurs actes, ne pas les nier ou les condamner arbitrairement.
[Le regard que les autres portent sur moi est de la plus haute importance.
Dans la mesure où je vis au
sein d'une société, je suis tenu d'orienter ma conduite en tenant compte de celle des autres.]
L'isolement est le pire des maux
«Le reproche de la conscience, même chez le plus consciencieux, remarque Nietzsche, reste faible comparé
au sentiment: "Ceci ou cela est contraire aux bonnes moeurs de ta société"» (Le Gai-Savoir).
Même l'esprit le
plus fort, s'il refuse de se conformer aux us et coutumes de son époque, aura peine à supporter l'isolement
dont il fera immanquablement l'objet.
Ce sont les autres qui nous jugent
Seul, dit Sartre, je suis comme collé à moi-même.
C'est le regard d'autrui qui me fait prendre conscience que
le geste que je viens d'accomplir a quelque chose d'indélicat ou de vulgaire.
C'est donc en comptant sur le
regard d'autrui que je peux corriger ma conduite.
Ce sont les autres qui me font savoir que telle attitude, pour
moi naturelle, heurte leur sensibilité.
Autrui est le médiateur entre moi et moi-même
C'est la formule textuelle par laquelle Sartre, dans L'Être et le Néant (3e
partie, ch.
I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise
de conscience de soi.
Il en fait la démonstration par l'analyse de la
honte.
J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je
suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire.
La honte dans sa
structure première est honte devant quelqu'un.
Elle est immédiate, non
réflexive.
La honte est un frisson immédiat qui me parcourt de la tête
aux pieds sans préparation discursive.
L'apparition d'autrui déclenche
aussitôt en moi un jugement sur moi-même comme objet, car c'est
comme objet que j'apparais à autrui.
La honte est, par nature,
reconnaissance.
Je reconnais que je suis comme autrui me voit.
La
honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont
inséparables.
Ainsi j'ai besoin d'autrui pour saisir à plein toutes les
structures de mon être.
Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui
n'est pas moi et que je ne suis pas.
La présence d'autrui explicite le «Je
suis je» et le médiateur, c'est-à-dire l'intermédiaire actif, l'autre
conscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.
Le fait premier
est la pluralité des consciences, qui se réalise sous la forme d'une
double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui
n'est pas moi.
C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre
comme l'autre est ce qui m'exclut en étant soi.
Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font.
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