Dois-je préférer la vérité à mes amis ?
Extrait du document
«
Introduction:
Les disputes arrivent souvent lorsque l'on doit prendre position sur un sujet et qu'on déclare ce qu'on pense être
vrai.
C'est par exemple ce qui arrive dans toutes les discussions politiques, on se fâche avec ceux qui ne partagent
pas nos opinions.
Cela touche au lien profond entre croyance et affectivité: nous partageons des croyances avec
nos proches, elles cimentent nos relations sociales.
Une communauté se fonde sur des croyances qui ont une
fonction de lien, ce sont des formes de religions, elles relient.
Lorsque ces croyances vont contre la vérité, la vérité
remet en cause les relations sociales fondées sur la croyance.
C'est pourquoi la vérité nous met en conflit.
Mais
l'amitié est elle soumise aux mêmes lois que les relations sociales normales? N'y partage-t-on pas un lien plus
profond que celui des croyances naturelles? N'y partage-t-on que des croyances ou un lien plus profond à la vérité?
Problématique:
La liberté nous condamne-t-elle à mettre la vérité au dessus des sentiments?
I: La solitude de la vérité
1.
Nous sommes seuls face à la vérité.
Il faut distinguer la vérité de l'opinion: l'opinion est une croyance qui nous
vient d'autrui et qui n'est fondée que subjectivement.
La vérité est fondée objectivement.
Cet accord du sujet
et de l'objet repose sur un assentiment subjectif, autrement dit, dans une expérience solitaire d'acceptation ou
de refus d'une proposition.
Cet assentiment, personne ne peut le faire à ma place, c'est pourquoi, je suis seul
face à la vérité et dois parfois la préférer à mes amis.
2.
Dans la République(livre VII), Platon raconte le fameux mythe de la caverne: des prisonniers sont enchaînés au
fond d'une caverne, le dos tourné à l'ouverture, ne percevant du monde extérieur que des ombres projetées
face à eux.
Le philosophe se défait de ses chaînes, se retourne et voit les choses en face, lorsqu'il en parle
aux autres prisonniers, ceux ci le prennent pour un fou par ce qu'ils sont habitués à tenir les ombres pour la
vérité.
La vérité est l'objet d'une expérience qui consiste à se détourner des croyances communes, il faut aller
contre ses amis.
"Ils nous ressemblent (Allégorie de la Caverne)" PLATON
- Au livre VII de La République, Platon (428-348 avant J.-C.) fait décrire par le
personnage de Socrate un curieux monde.
Dans ce passage, connu sous le nom
d'allégorie de la Caverne (ou encore de «mythe de la Caverne »), apparaissent
d'étranges personnages, enfermés depuis leur naissance dans une grotte,
enchaînés, et ne contemplant que les ombres portées des objets.
L'interlocuteur
de Socrate dans ce dialogue, Glaucon, s'étonne de ce bizarre tableau.
En déclarant
des prisonniers : « Ils nous ressemblent », Socrate signifie que nous leur sommes
semblables, plongés dans l'illusion et enchaînés à elle.
- L'allégorie de la Caverne prétend décrire, sous forme facilement accessible, notre
condition d'humain, et ce qu'est la libération philosophique.
Elle permet d'éclairer
l'opposition du monde sensible au monde intelligible, c'est-à-dire du monde qui nous
entoure et que Platon considère illusoire au seul monde pleinement réel : le monde
des Idées.
Ce mythe «bien connu» apparaît au livre VII de la République, dialogue consacré à la justice et où Platon
définit ce que serait pour lui la cité idéale.
Notre passage se présente comme une fable.
Des hommes sont depuis leur enfance enchaînés dans une
caverne, obligés d'en regarder le fond.
A l'extérieur de la grotte circulent, derrière un muret, des hommes qui
transportent des objets.
Nos prisonniers contemplent les ombres de ces objets.
Il s'agit en fait d'une sorte
de théâtre d'ombres dont la source lumineuse est le soleil.
Or, les prisonniers, qui ignorent tout du monde extérieur, prennent nécessairement les ombres pour la réa-lité.
Ils se livrent entre eux à des sortes de luttes ou de concours pour repérer ces formes, la fréquence de leur
passage, les liens qui unissent tel objet à tel autre.
Les plus habiles reçoivent des récompenses, des honneurs.
Ces hommes sont donc plongés dans l'illusion (ils prennent les ombres pour la réalité) et développent une
science illusoire (qui consiste à repérer des ordres de passage).
A propos de ces étranges prisonniers, Socrate déclare : « Ils nous ressemblent».
Ces prisonniers, c'est nous ;
leurs illusions sont les nôtres.
Le monde de la caverne, le monde non réel de l'illusion, de la compétition, des
récompenses dérisoires, est le nôtre.
Cette illusion est d'autant plus dangereuse qu'elle s'ignore elle-même.
L'épisode dramatique que narre par la suite Socrate le révèle.
Il présente tout d'abord l'hypothèse où l'on
libérerait tout à trac un prisonnier et le traînerait dehors.
Il souffrirait, ses yeux seraient brûlés par le soleil, il
ne discernerait rien, ébloui, des objets réels du monde extérieur.
Bref, il subirait la pire des violences en pure
perte.
Mais si on libérait ce prisonnier de façon progressive, en l'accoutumant peu à peu à la lumière (en le faisant
d'abord sortir la nuit, contempler les étoiles, puis les reflets dans l'eau, jusqu'à ce qu'il supporte le plein jour et.
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