Doc Classe puzzle le travail Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
Publié le 29/08/2024
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Classe puzzle :
Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
Texte n°1 : Karl Marx, Le capital (1867)
Difficulté : *
Karl Marx (1818-1883) est un économiste et
philosophe né en Allemagne.
Exilé en France puis
en Angleterre en 1883, il est un des théoriciens de
la lutte des classes, principe historique qui sera une
des inspirations majeures des mouvements
communistes du XXème siècle.
L’usage ou l’emploi de la force de travail, c’est le travail.
L’acheteur de cette force la
consomme en faisant travailler le vendeur.
Pour que celui‑ci produise des marchandises, son
travail doit être utile, c’est‑à‑dire se réaliser en valeurs d’usage.
Le travail est de prime abord ce qui se passe entre l’homme et la nature.
L’homme y
joue lui-même, vis-à-vis de la nature, le rôle d’une puissance naturelle.
Les forces dont son
corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement afin de s’assimiler des
matières en leur donnant une forme utile à sa vie.
En même temps qu’il agit, par ce
mouvement, sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature et y développe
les facultés qui y sommeillent.
Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail où
il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.
Notre point de départ, c’est le
travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme.
Une araignée fait des
activités qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses
cellules de cire l’habileté de plus d’un architecte.
Mais ce qui distingue dès l’abord le plus
mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête
avant de la construire dans la ruche.
Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement
dans l’imagination du travailleur.
Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme
dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but, dont il a conscience,
qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté.
Et cette
subordination n’est pas momentanée.
L’œuvre exige, durant toute sa durée, outre l’effort des
organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d’une
tension constante de la volonté.
Classe puzzle :
Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
Texte n°2 : Bronislaw Malinowsky, Les
argonautes du pacifique occidental (1922)
Difficulté : ***
Bronislaw Malinowsky (1884-1942) est un
anthropologue et ethnologue polonais.
Il est
l’inventeur de la méthode participante en
ethnologie (le chercheur va s’immerger dans la
population observée), qui permet de déconstruire
l’opposition
alors
en
vogue
sociétés
primitives/développées.
Avant tout, il faut bien se dire qu’un Kiriwinien est capable de travailler
convenablement, efficacement et assidûment.
Mais pour s’atteler à la tâche, il a besoin d’un
motif réel : il doit être poussé par quelque obligation tribale ou encore par des ambitions et
des considérations, elles aussi guidées par la coutume et la tradition.
Le gain, stimulant du
travail dans des communautés plus évoluées, ne joue jamais ce rôle dans le milieu indigène
originel.
Il se révèle donc peu efficace quand un Blanc tente de s’en servir comme
encouragement pour faire travailler un autochtone.
(...) Chez nous, le travail est ou était il y a peu de temps encore une marchandise
vendue au même titre qu’une autre, dans un marché de libre concurrence.
Un homme habitué
à penser en termes de théorie économique courante appliquera naturellement les conceptions
de l’offre et de la demande au travail, et au travail de l’indigène tout autant.
Les profanes font
de même, bien qu’en termes moins compliqués : comme ils constatent que, même avec la
perspective d’être bien rétribué et bien traité, l’indigène demeure indifférent à la tâche que lui
propose le Blanc, ils en concluent qu’il a peu d’aptitude au travail.
Cette erreur de jugement,
comme toutes nos idées fausses sur les peuples de cultures différentes, procède de la même
cause : si l’on retire un individu de son milieu social, on lui coupe eo ipso presque tous ses
ressorts moraux, ses motifs de travailler et même sa raison d’être.
Si donc on le juge d’après
des critères moraux, légaux, économiques, qui lui sont foncièrement étrangers, l’image qu’on
se crée de lui ne peut être que caricaturale.
En pratique, dans la fabrication des canoës, nous avons vu plusieurs hommes se
consacrer chacun à une besogne ardue et bien précise, en vue cependant d'une tâche unique à
réaliser.
(...) Parmi les exécutants, quelques-uns allaient devenir les propriétaires effectifs de
l'embarcation ; d'autres appartenaient à une communauté différente et n'apportaient leur
concours que pour rendre service au chef.
Il est clair que cette différenciation des tâches,
coordonnées pour une œuvre d'intérêt général, exige le soutien d'un système social bien
développé, et que, d'autre part, ce mécanisme social doit être associé à des facteurs
économiques et influencé par eux.
Chaque homme sait ce qu'on attend de lui selon la position
qui est la sienne et il y conforme sa conduite, qu'il s'agisse d'user d'un privilège, d'accomplir
une tâche, ou d'admettre une situation de fait.
Il sait....
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