DM n°2, Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
Publié le 14/12/2023
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DM n°2, Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
Suis-je ce que j’ai conscience d’être ? Se poser cette question c’est se demander si je
correspond à l’idée que je me fais de moi, la représentation que je me fais de moi-même
en tant qu’être humain et objet pensant.
Ainsi la conscience peut être définie comme la
connaissance immédiate de sa propre activité psychique, la faculté de se représenter
quelque chose et surtout de se représenter soi-même.
L’être signifie ici l’existence en
général.
Alors on peut définir la conscience de soi comme la perception que l’on a de soi,
la dimension propre à toute conscience d’être la conscience d’un moi qui se saisit aussi
comme sujet de ses propres représentations.
Ne nous est-il jamais arrivé lors d’une
conversation que notre interlocuteur mette en relief un trait de personnalité que nous ne
pensions pas être nôtre, dont nous n’avions pas conscience ? Nous pouvons alors
aisément nous poser des questions sous-jacentes : suis-je tout ce que j’ai conscience
d’être, ou suis-je totalement autre ? Les enjeux de cette question sont très divers et
touchent tous les domaines aussi bien sociaux (comment puis-je envisager les relations
sociales si je ne sais pas moi-même qui je suis) ou encore théorique (la conscience serait
alors un savoir et si ce n’est pas le cas, existe-t-il-autre chose que le savoir qui est
inconscient ?).
Ainsi, le problème est de savoir si l’on a toujours conscience d’être ce que
l’on est ou bien si au contraire on n’en est que partiellement conscient.
Dans un premier
temps, nous allons examiner une première solution à cette problématique : nous avons
pleinement et constamment conscience de ce que nous sommes, mais en vue de ces
limites nous sommes dans l’obligation de trouver d’autres solutions.
Ainsi, nous
soutiendrons par la suite que nous ne sommes que peu conscients de ce que nous
sommes.
Nous allons d’abord démontrer que l’homme a parfaitement conscience de ce qu’il est,
et même qu’il a conscience de tout ce qu’il est, et qu’il n’en est jamais autrement.
Alors, la
conscience de soi s’apparente à une connaissance de soi.
Cette position est présente
dans la philosophie des rationalistes tels que Descartes.
En effet, dans le Discours de la
méthode, ce dernier cherche une certitude qui l’aiderait à avancer sur le chemin de la
connaissance.
Ainsi, il utilise le doute méthodique qui consiste à remettre
systématiquement en question toutes les croyances qu’il avait jusqu’alors prises pour
vraies.
En effet pour lui, la majorité des informations que nous avons nous parviennent par
nos sens.
Or, il est facile pour nos sens de nous tromper, en particulier la vue qui occupe
80 % de l’activité cérébrale chez les primates, dont l’homme fait partie.
On peut se laisser
berner par des mirages ou des fata morgana (que l’on peut justement expliquer par les lois
de l’optique de Snell-Descartes), ou encore voir des colonnes au loin et penser qu’elles
sont rondes, et dès que l’on se rapproche, se rendre compte qu’elles sont carrées.
Par
ailleurs, les rêves peuvent nous faire croire que l’on vit une situation réelle, mais dès que
l’on se réveille on se rend compte que ce n’est que notre imagination : “j’ai découvert que
nos sens nous trompent de temps en temps et qu’il est sage de ne jamais faire confiance
à ceux qui nous ont trompé une seule fois”.
Descartes pousse même le doute à l’extrême
en se demandant si, à chaque fois que nous additionnons deux plus deux et que nous
trouvons quatre, ce n’est pas une sorte de dieu qui nous pousse sans cesse à l’erreur.
Alors, Descartes doute de tout mais ses processus mentaux sont encore à l’œuvre ; il en
vient donc à la conclusion qu’il peut douter de tout, de ce qu’il voit, de ce qu’il pense, mais
il ne peut pas douter qu’il pense.
Il pense parce qu’il est, parce qu’il existe, il en tire donc
sa fameuse citation : “Cogito, ergo sum” (je pense donc je suis).
Alors, notre seule
certitude est la conscience de soi.
Nous sommes conscients de nous parce que notre
intellect peut percevoir ce fait de manière claire et distincte.
Ainsi, sans conscience, il n’y a
pas de connaissance de soi.
La possibilité de constituer une identité personnelle est donc
indissociable de celle de faire de l’être conscient un sujet moral, responsable de ses actes.
Descartes fait de la conscience une substance.
Néanmoins, le Cogito de Descartes atteint
assez rapidement ses limites : pour Descartes, ce dernier apparaît comme une condition
indispensable pour accéder à la conscience de soi.
Si cette condition s’avère nécessaire,
elle n’est pas pour autant suffisante.
Il est vrai qu’on ne peut pas douter quand on pense
exister, mais est-ce suffisant pour affirmer qu’il y a une substance pensante ? Et par
ailleurs si la conscience était un fait relevant de l'expérience immédiate que le sujet à de
lui-même comme un soi pensant, comment la connaître si ce n’est par l’observation
directe ? ne peut-on pas penser qu’elle se modifie à mesure qu’elle se décrit ?
Etudions alors une deuxième position : nous ne sommes pas conscients de ce que
nous sommes et nous sommes même tout autres.
Cette position est soutenue par Freud
dans sa Théorie sur l’inconscient.
En effet, ce dernier, en inventant la psychanalyse renie
l’idée selon laquelle la conscience ne constitue pas la forme fondamentale du psychisme
humain.
Il pense au contraire que notre psychisme est divisé en trois parties : le Moi, le
Ça, et le Surmoi.
Le Moi étant notre conscience et le ça notre inconscience, ces derniers
sont perpétuellement en conflit et cela correspond à une lutte entre le principe de réalité et
le principe de plaisir.
Ainsi, selon Freud notre psychisme est essentiellement contrôlé par
notre inconscient.
Cet inconscient contient de mauvaises représentations et des pulsions
amorales que la censure maintient hors du système conscient.
Le refoulement est donc
l’opération par laquelle le sujet repousse dans l’inconscient des représentations ou des
pulsions qu’il juge indésirable.
Alors, ces pulsions refoulées vont se déguiser et franchir la
barrière de la censure sous forme d’actes tels que les actes manqués, le lapsus ou encore
les rêves.
Ainsi, alors que l’inconscient est inconnu, on peut tout de même en saisir les
symptômes ou les manifestations déguisées.
Nous n’avons donc que des traces, des
indices de l’inconscient, qu’il nous faut interpréter.
Mais ne peut-on pas penser que seule
notre réalité psychique constitue notre conscience ? Ne pourrait-on pas expliquer nos
actes manqués par une simple fatigue quotidienne ou une banale distraction ? Cependant,
nous sentons bien que nos rêves ont des rapports avec notre vie, ou nos problèmes.
Par
ailleurs, l’expression “c’est plus fort que moi” employée par une personne qui se trouvait
presque obligée d’assouvir ses pulsions montrerait l'existence d’une force en nous qui
nous semble étrangère et pourtant nous contrôle.
On peut alors comprendre la citation de
Freud “Le Moi n’est pas maître dans sa propre maison”.
Alors, si l'inconscient prédomine
le conscient et que nous ne connaissons pas notre inconscient nous ne pouvons pas en
toute logique être conscients de ce que nous sommes.
De même, Spinoza soutient une
thèse identique mais l’explique de toute autre façon : précurseur de Freud, l’inconscient
n'existe pas pour lui.
Ainsi, selon Spinoza, une chose est libre lorsqu’elle est régie par la
seule nécessité de suivre sa nature.
Alors, Dieu est libre puisqu’il existe par la seule
nécessité de sa nature, il suit donc sa nature et se connaît librement.
Pour illustrer ses
propos, Spinoza choisit de comparer la liberté humaine à une pierre qui, quand elle est
poussée par une force extérieure, va rouler.
En lui-même,....
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