Dissertation « Que sait la science? »
Publié le 31/03/2025
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«
Dissertation « Que sait la science? »
Introduction:
En 2020, face à une pandémie mondiale sans précédent, l’humanité a assisté à l’essor spectaculaire des vaccins à ARN
messager, technologie novatrice reposant sur des décennies de recherche en biologie moléculaire.
Cette avancée
spectaculaire repose sur une combinaison de savoirs théoriques, de techniques expérimentales et d’outils numériques
sophistiqués.
Pourtant, cette prouesse pose une question fondamentale : qu’est-ce que la science sait réellement ? Ses
découvertes sont-elles des vérités objectives et universelles, ou des constructions contextuelles, dépendantes des moyens
qui les produisent ?
La science est souvent perçue comme le socle d’un savoir able et cumulatif.
Elle revendique une méthode rigoureuse, qui lui
permet d’expliquer les phénomènes naturels et de prédire leur évolution.
Depuis Galilée et Newton, son ambition est claire :
comprendre le monde par des lois universelles et abstraites, capables de s’appliquer dans des contextes variés.
Cependant, cette image de la science comme quête d’un savoir universel est aujourd’hui remise en question.
L’essor des
technologies numériques et des données massives a transformé ses méthodes et ses objectifs.
Chris Anderson, dans La n
de la théorie, af rme que les corrélations suf sent désormais, remettant en cause la nécessité de comprendre les relations
causales.
Cette évolution interroge : peut-on encore parler de vérité scienti que lorsque les modèles théoriques cèdent le pas
à l’ef cacité prédictive ?
Pour clari er cette ré exion, il est essentiel de dé nir les termes clés de notre sujet.
La science est une démarche rationnelle
et systématique visant à expliquer les phénomènes naturels, à travers l’observation, l’expérimentation et la théorisation.
Elle
se distingue par sa prétention à l’objectivité et à la reproductibilité de ses résultats.
Le savoir, savoir scienti que, désigne les
connaissances validées par une méthodologie rigoureuse, qui prétendent re éter des vérités sur la nature et ses lois.
Ainsi cette formulation interroge non seulement l’étendue du savoir produit par la science, mais aussi sa nature et sa
légitimité.
À partir de ces dé nitions, plusieurs paradoxes émergent.
D’une part, la science repose sur une méthode éprouvée, qui articule observation, expérimentation et théorisation.
Cette
démarche lui a permis de produire des savoirs universels, comme les lois de Newton ou la théorie de l’évolution.
Pourtant,
ces savoirs ne sont jamais dé nitifs.
Comme le souligne Bachelard, "la vérité scienti que est, par essence, complexe et
recti able".
La science progresse par approximations successives, en remettant en cause ses propres certitudes.
D’autre
part, la montée en puissance des outils numériques et des données massives modi e profondément la nature de la recherche
scienti que, créant une science de plus en plus fragmentée.
PBQ:
●
Le savoir scienti que est il encore universel?
●
La science peut elle encore prétendre à un savoir objectif et universel ou ses résultats ne sont ils que des constructions
relatives et contingentes?
●
La science produit elle un savoir objectif et intemporel, ou ses connaissances sont elles intrinsèquement limites et
conditionnées par ses moyens?
Pour répondre, il est crucial d’examiner les fondements et les transformations de la méthode scienti que.
Nous montrerons
d’abord comment la science, en s’appuyant sur une méthodologie rigoureuse, a prétendu produire des vérités universelles.
Nous explorerons ensuite les critiques philosophiques et méthodologiques qui en révèlent les limites.
En n, nous analyserons
la science comme une construction évolutive, profondément marquée par son contexte technologique et sociopolitique.
Partie 1: Une méthode rigoureuse au service d’un savoir universel:
A.
La révolution expérimentale et l’émergence de la méthode scienti que
La naissance de la science expérimentale, souvent associée à des gures comme Galilée et Newton, marque un tournant
fondamental dans l’histoire du savoir.
Contrairement aux approches spéculatives et métaphysiques, la science moderne
repose sur une démarche empirique qui interroge activement la nature par des expériences contrôlées.
Galilée illustre cette
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rupture en utilisant des dispositifs arti ciels, comme le plan incliné, pour isoler et étudier les lois du mouvement.
Gaston Bachelard insiste sur cette dimension constructiviste : « La science n’est pas une lecture du monde, elle est une
reconstruction conceptuelle et active.
» (Le Nouvel Esprit scienti que).
Ce passage d’une observation passive à une
expérimentation méthodique transforme la relation entre l’humain et la nature.
Désormais, la nature n’est plus un objet de
contemplation mais un système à interroger et à manipuler.
Dans un contexte contemporain, cette logique expérimentale est prolongée par des outils numériques sophistiqués comme la
dynamique des uides numériques (CFD).
Cet outil permet de modéliser des phénomènes complexes tels que les
turbulences ou les réactions thermiques dans les moteurs d’avion, en s’appuyant sur des équations différentielles comme
celles de Navier-Stokes.
Par exemple, lors de la conception de moteurs à réaction, la CFD permet de simuler des
températures extrêmes et des pressions élevées, impossibles à reproduire dans des conditions physiques réelles par la
simple observation.
Cependant, comme le souligne le rapport NASA Langley la CFD ne peut se substituer entièrement aux expérimentations
physiques ; elle doit être validée par des tests empiriques.
»Cela montre que, malgré ses avancées, l’expérimentation reste le
fondement de la connaissance scienti que, même dans l’ère numérique.
B.
L’inductivisme et la généralisation des lois scienti ques
L’inductivisme, théorisé par Francis Bacon et dominant jusqu’au XIXe siècle, repose sur l’idée que la science progresse en
accumulant des observations particulières pour formuler des lois générales.
Cette méthode, décrite par Bacon comme une
"ascension méthodique du particulier vers l’universel", a été fondamentale dans la construction des premières théories
scienti ques.
Chalmers dans son ouvrage Qu’est ce que la science? décrit l’inductivisme par la règle générale suivante « Si
un grand nombre de A ont été observés dans des circonstances très variées, et si l'on observe que tous les A sans exception
possèdent la propriété B, alors tous les A ont la propriété B.
» ainsi « La science est une construction bâtie sur des faits »,
écrit J.J.Davies dans son livre On the Scienti c Method, qu’ils soient obtenue par observation ou par expérimentation.
Cependant l’inductivisme naïf des premières sciences expérimentales, tel qu’observé dans les travaux d’Aristote, était limité
par une dépendance excessive à l’observation brute.
Chalmers explique que cette approche a été dépassée par des
méthodes plus sophistiquées, intégrant des hypothèses théoriques pour guider les observations.
Ainsi, comme le note
Chalmers, « même les observations les plus élémentaires sont imprégnées de théorie.
».
Chalmers insiste sur le fait que la science ne progresse pas par une simple accumulation d’observations isolées.
Au contraire,
les observations sont toujours orientées par des hypothèses ou des modèles théoriques préexistants.
Il écrit : « Toute
observation scienti que dépend d’une grille de lecture théorique qui détermine ce que le scienti que choisit de voir et
comment il l’interprète.
»
Par exemple les travaux de Galilée sur les phases de Vénus, qui ont con rmé le modèle héliocentrique de Copernic.
Ces
observations n’ont été possibles que grâce à une hypothèse théorique préalable, selon laquelle Vénus orbitait autour du
Soleil.
Ce cas montre que l’observation ne peut être totalement neutre : elle est toujours éclairée par une théorie sousjacente.
Malgré les critiques et les limites de l’inductivisme que nous explorons plus en détails dans la seconde partie de se devoir, il
reste néanmoins un outil crucial de production du savoir scienti que.
C.
La modélisation théorique et les applications concrètes
Si l’inductivisme a marqué une étape importante, la science moderne repose également sur la construction de modèles
théoriques capables d’uni er des phénomènes disparates et de prédire des comportements futurs.
Isaac Newton, avec ses
lois de la gravitation, illustre cette ambition.
Ces lois permettent de comprendre aussi bien la chute des corps que les
mouvements planétaires, montrant que des principes universels peuvent relier des phénomènes très différents.
Aujourd’hui, cette démarche trouve un écho dans des applications concrètes comme les vaccins à ARN messager que j’ai
déjà évoqué en introduction.
Ces vaccins, développés dans un temps record, reposent sur une compréhension ne des
mécanismes moléculaires de la cellule, combinée à des essais expérimentaux rigoureux.
La modélisation théorique des
interactions biologiques a permis de cibler précisément le fonctionnement des ARN messagers, rendant ces vaccins à la fois
ef caces et adaptables.
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Un autre exemple, issu de l’article La revanche des neurones de Dominique Cardon, concerne l’évolution des sciences
cognitives grâce au connexionnisme.
Contrairement au cognitivisme, qui modélise l’esprit comme une suite de processus
logiques, le connexionnisme repose sur des réseaux neuronaux capables d’apprendre à partir de corrélations.
Geoffrey
Hinton, gure clé de cette révolution, af rme : « Ces modèles ne nécessitent pas de théories explicites mais permettent de
simuler des comportements complexes en se basant uniquement sur des données.
»Cette évolution, bien que prometteuse,
soulève des questions sur le rôle de la théorie dans la science moderne.
Comme le souligne Hinton, « dans l’ère des
algorithmes, la corrélation pourrait suf re là où la causalité était autrefois nécessaire.
» Cela montre que, même dans ses
applications les plus modernes,....
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