Dissertation de philosophie: Khôlle 1 La communauté scientifique
Publié le 22/01/2024
Extrait du document
«
Khôlle 1
La communauté scientifique
Dans son sens philosophique, la science est un jugement qui porte
sur le monde (la physique) ou sur un ensemble de propositions logiques (les
mathématiques) et qui établit les lois de ce domaine par une méthode basée
sur la vérification ou/et la cohérence des énoncés.
Parce qu’elle établit une
connaissance, la science ne se confond pas avec le savoir, ni avec le savoirfaire.
Un savoir est particulier, une connaissance est générale et à portée
universelle ; une connaissance est établie par un travail profond
de recherche des causes.
Le critère le plus permanent de la science est
de s’abstraire des conditions particulières pour établir une loi valable de tout
temps, en tous lieux, et pour tout homme, c'est-à-dire une loi universelle.
Il
est important de distinguer la « science » et la « communauté scientifique ».
La science est une discipline d'observation, d'expérimentation et d'explication
de phénomènes.
La communauté scientifique est composée des personnes
qui pratiquent cette discipline.
Dès lors, la communauté scientifique désigne
l’ensemble des chercheurs dont les travaux ont pour objet la recherche
scientifique et bien selon les méthodes reconnues par leurs pairs.
Ainsi, on
parle de communauté scientifique à partir de l’instant où les scientifiques,
chacun dans son champ de compétence, procèdent d’une démarche et d’une
méthode communes (observation, expérience, raisonnement).
Dans l’esprit
populaire, la science reste généralement l’affaire d’une minorité, d’un
microcosme et d’une élite intellectuelle : rares sont donc les affiliés d’un tel
groupuscule, nommé « communauté scientifique » - du latin communis, les
charges partagées, les obligations mutuelles.
Dès lors, si la communauté
scientifique est l’affaire d’une élite, la démocratisation et la vulgarisation ne
contribuent-elles donc pas infiniment à élargir les frontières d’un tel
microcosme ? La science serait alors en lutte perpétuelle avec ce
communautarisme, source de préjugés chimériques qui tendent à la rendre
arrogante, élitiste et marginaliste.
La science n’est-elle pas au contraire
l’affaire de tous ? Par ailleurs, si le recoupement spirituel et intellectuel
cimente, dans l’hypothèse, une réelle corporation scientifique, est-ce
néanmoins suffisant pour légitimer ce terme de « communauté
scientifique » ? En effet, les frontières d’une telle organisation semblent
floues.
Une mise à l'épreuve d'une telle expression semble
s'imposer : nous nous demanderons si la science est une base assez
solide pour l'édification d'une communauté.
1
Après avoir analysé la nécessité d’une communauté scientifique et son
fonctionnement, il s’agira de se demander si le fait scientifique et le fait
social sont réellement compatibles.
Enfin, nous évaluerons les capacités
d'une démocratisation de la science dans le démantèlement de ce
communautarisme supposé : une distinction entre scientifiques et savants
sera alors nécessaire.
I-
La nécessité d’une communauté scientifique et son
fonctionnement
Loin de l'érudit terré dans son laboratoire, le chercheur construit la
connaissance scientifique au sein d'une communauté, plus que jamais
stratégique.
La communauté est le socle de la connaissance scientifique car
la communauté scientifique est garante de la validité du savoir.
La
construction de la connaissance scientifique exige de se référer à des pairs
qui légitiment les travaux de recherche par leur évaluation au sein de
comités de lecture lors de leur communication.
Les chercheurs ont donc
besoin d'une communauté scientifique, ensemble des savants experts dans
leur domaine, pour enrichir leur champ de recherche, notamment par la
confrontation des regards et la controverse.
Avec la nationalisation des sciences et la circulation des savoirs, on peut
considérer que la notion de « communauté scientifique » remplace celle de «
communauté savante », avec l'unification des différents champs disciplinaires
autour d'une démarche commune, fondée sur la méthode analytique et la
rationalité mathématique, qui imprègne aussi les sciences sociales
naissantes.
Cette unification se produit aussi autour de valeurs communes,
comme l'universalisme ou le positivisme d’Auguste Comte.
L'image du
chercheur désintéressé du 19e tend à s'effacer au 20e s.
avec l'intégration
des sciences aux intérêts politiques et économiques.
L'État assure un rôle primordial pour la communauté scientifique, par son
financement, sa protection ou son contrôle.
Selon les époques et les régimes,
il favorise plus ou moins la science ou la censure.
Le rôle des communautés
de savants est également d'aider les scientifiques à échapper aux pressions,
à l'image d'une République des Lettres qui n’ait dans l'Italie du XV° siècle,
c’est un idéal de collaboration libre et désintéressée entre érudits engagés
dans l'échange de savoirs, qui permettait aux savants d'échapper, au moins
en théorie, au contrôle de l'Église.
Les savoirs scientifiques sont au cœur de
la hiérarchie économique et politique des États, notamment par leur poids
dans la richesse des pays.
La société de la connaissance place la science au
cœur des intérêts : émancipée du pouvoir religieux et politique, celle-ci
risque de retomber sous l'influence du pouvoir économique.
Le défi est donc
de réfléchir au rôle et aux responsabilités de la communauté scientifique et à
son indépendance.
La communauté scientifique prend alors son origine dans
la société car la science est une discipline sociale.
2
II-
Mise à l'épreuve du terme « communauté scientifique
» la communauté scientifique au cœur du fait social
La communauté semble se singulariser par sa volonté de se dissocier du
reste de la masse, et de marquer les frontières d'une confrérie visiblement
marginale.
En ce sens, elle reste le symbole d'une lutte identitaire et
culturelle.
Mais peut-on réellement être citoyen (c'est à dire l'une des
composantes du système social) et savant à la fois ? N'est-ce pas tout
simplement contradictoire ? Ces deux fonctions sont-elles réellement
compatibles ? La science ne doit être soumise à aucune règle ni aucune
juridiction proclamée par une instance qui elle-même n'est pas scientifique.
L'expérience nous a d'ailleurs fournit des exemples concernant cette
opposition frontale de la science et de la société comme le procès de Galilée
où la culture scientifique est entrée en opposition avec la culture juridique,
ou encore aujourd'hui avec le problème de la bioéthique qui entraîne un choc
de deux cultures.
La science induit un certain progrès, mais le fait social n'est pas
progressiste, il reste moral.
On peut penser au débat lancé par les modernes,
qui se dirige surtout à l'encontre de la technique, la science efface la morale
au sein de la société.
Mais alors, au lieu de ce terme de communauté, qui
suppose trop cette appartenance au fait social, ne doit-on pas préférer le
terme d'état ou de République ? la science n'est pas aliénable comme l'est
manifestement l'être humain, si ce n'est par les lois scientifiques qui la
régissent.
Mais un tel argument reste utopique ; la science est....
»
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