Dire que la connaissance a une histoire, est-ce renoncer à l'idée de vérité objective ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui se
contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle.
IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le
platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait
avant son incarnation.
Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées.
OBJECTIF / OBJECTIVITÉ: Caractère de ce qui existe indépendamment de la conscience.
Caractère de ce qui
est établi sans aucun jugement de valeur.
Dans le domaine de la connaissance, l'objectivité est réalisée quand
l'esprit constitue un objet de pensée pouvant en droit faire l'accord des esprits (universalité).
En ce sens, la notion
est synonyme de rationalité.
Opposée à la subjectivité, elle requiert l'impartialité du sujet connaissant et exige la
mise en oeuvre de procédures d'observation et d'expérimentation garantissant la validité des opérations relevant de
l'investigation scientifique dont l'objectivité ne sera précisément méritée qu'à ce prix.
HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit
l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
VÉRITÉ
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement
comme l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord
de l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements,
l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui
concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté
qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du
jugement vrai.
RENONCER: abandonner un droit, une idée, se défaire, se dessaisir, se démettre.
Une vérité objective est une pensée au caractère universel et définitif.
Elle se définit par sa permanence, et elle
ne peut donc se confondre avec les différentes connaissances.
La vérité se distingue de la connaissance par ce
caractère définitif.
Comment l'historicité de la connaissance remettrait-elle en question l'idée de vérité objective,
puisqu'elles sont indépendantes ? Comment la connaissance pourrait-elle influer sur la vérité ? En quoi le caractère
historique de la connaissance remet-il en question l'idée de vérité, et l'idée d'une vérité objective ? L'historicité
exclut-elle toute objectivité ? Induit-elle un renoncement à l'objectivité ? Comment distinguer la vérité de la vérité
objective ? Cela a-t-il un sens ? Renoncer à la vérité objective, n'est-ce pas renoncer à la vérité ? Ou au contraire
la vérité n'est-elle pas par nature subjective, puisqu'elle est de l'ordre du discours ou de la représentation ? Dans ce
cas, comment parler d'un renoncement ? Références utiles : Spinoza, Éthique, II ; Heidegger, De l'essence de la
vérité.
[Introduction]
Nous avons l'habitude d'évoquer l'existence de vérités scientifiques.
Au point que le caractère prétendu «
scientifique » d'une information ou d'une thèse est progressivement devenu l'équivalent de l'ancien argument
d'autorité.
Mais les vérités scientifiques résultent d'une histoire, au cours de laquelle elles n'en finissent pas de se
modifier.
Il n'en reste pas moins que la science, dans son ensemble, maintient sa prétention à énoncer la vérité.
Y
a-t-il entre cette prétention et l'existence de l'histoire des sciences une contradiction ? Ou doit-on penser, au
contraire, que l'histoire même des sciences prouve qu'elles cherchent bien la vérité ?
[1.
Les deux aspects de la vérité scientifique]
Les épistémologues et logiciens distinguent volontiers dans les produits des sciences deux vérités.
D'une part, la
vérité dite formelle se soucie uniquement de la rigueur des enchaînements logiques et des raisonnements,
indépendamment de leur « contenu » empirique (de ce dont les propositions semblent parler).
Déjà Aristote avait
montré, dans sa théorie du syllogisme, que ce dernier, qui constitue le modèle du raisonnement déductif, ne vaut
que par sa forme, ce qui autorise à considérer comme « vrais » des syllogismes au contenu empirique totalement
absurde.
Il est vrai qu'Aristote privilégiait les syllogismes dont le contenu pouvait s'accorder avec les données de
l'expérience, mais les logiciens ultérieurs ont radicalisé leur position en séparant la forme logique de tout contenu
éventuel – ce qui s'obtient aisément en écrivant les propositions de manière purement symbolique et vide.
La vérité.
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